Le panafricaniste de renom, Kemi Seba, président de l’Urgences panafricanistes, présent à Ouagadougou dans le cadre d’une tournée de sensibilisation contre le Franc CFA, a menacé de s’en prendre aux chefs d’Etat africains qui s’opposeraient à la lutte contre cette monnaie.
«Nous estimons que le franc CFA est de nos jours, l’un des derniers vestiges du colonialisme», a déclaré M. Seba à lors d’une conférence publique, samedi soir à Ouagadougou.
Il a rappelé que le franc CFA a été créé en 1946, «date à laquelle nous n’étions pas encore libres puisque nous étions toujours dans la colonisation».
Selon M. Séba, le combat contre le franc CFA part du principe qu’aucun peuple ne peut décider de sa propre destinée, s’il ne maitrise pas son économie.
«Il se trouve que notre économie est, aujourd’hui, régulée, dirigée, contrôlée, quoi que l’on dise, par l’autorité française puisqu’il y a un représentant de la banque de France dans chacune des régions où le franc CFA est utilisé », a-t-il expliqué, avant de marteler : «Nous voulons une cessation immédiate de cela».
Pour Kemi Seba, la meilleure façon de faire bouger les lignes à propos du franc CFA, est de sortir des thématiques qui étaient hellénistes et de massifier ces thématiques afin de les mettre dans la rue, auprès du peuple.
«En effet, depuis des années, beaucoup d’économistes ont parlé dans les salles entre eux, mais le peuple n’était pas concerné par cette question», a-t-il argumenté.
Il faut absolument que chacun des citoyens africains puisse s’approprier la question de l’abandon du franc CFA, a-t-il préconisé avant d’indiquer : «lorsque nous avons lancé cet appel (contre le CFA), nous ne pouvions pas imaginer que nous serions autant soutenus, que nous aurions autant d’échos positifs en retour au sein des différentes populations et organisations ».
Et de soutenir que la lutte est d’abord un combat de sensibilisation, de mobilisation et de dialogue avec les autorités.
«Nous avons mobilisé de manière historique, au départ, près de 13 pays dont ceux de la zone franc, mais aussi de la diaspora qui ne connaissent pas le franc CFA», a-t-il indiqué.
Son séjour au Burkina Faso intervient après celui effectué au Tchad. De l’avis de Kemi Seba, ces deux pays sont prêts à se départir du franc CFA.
Dans tous les cas, a-t-il averti, si sa structure n’obtient pas satisfaction en ce qui concerne ses doléances, il va «actionner le levier» et cela pourrait se matérialiser par la «résistance civique».
«Nous sommes capables de faire campagne contre eux (les présidents qui n’adhèrent pas à l’abandon du CFA, Ndlr) pour qu’ils ne gagnent pas les élections quand ils se présenteront», a-t-il prévenu.
Figure de proue du panafricaniste révolutionnaire du 21e siècle, Kemi Seba est qualifié par certains médias d’«icône du radicalisme noir dans la sphère francophone».
Egalement reconnu comme un «polémiste panafricain, dissident antimondialiste», il est le concepteur de la supra-négritude, le fondateur d’Afro Insolent Radio et de la Tribu KA.
Philosophe de formation, Kemi Seba est un conférencier prisé dans les universités africaines.
Cet auteur de ‘’Black Nihilism (Résistance africaine au mondialisme, retour à la tradition primordiale)’’, appelle au retour des afrodescendants sur la Terre mère, afin de contribuer au développement de leur continent.
Baasé à Dakar, il sillonne le continent africain et le monde afro-diasporique.
Il a annoncé une rencontre avec le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, en début de semaine, probablement mardi.
ALK/cat/APA