Le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) condamne, dans la déclaration qui suit, la répression de la marche organisée par l’opposition politique le 29 juin dernier et déplore la persistance de «zones rouges» décrétées par le pouvoir pour circonscrire les manifestations.
«Le 29 juin 2013, les partis politiques affiliés au chef de file de l’opposition politique ont organisé une journée nationale de protestation contre la mise en place du Sénat ainsi que la persistance de la vie chère, de la corruption, du chômage, etc.
A Ouagadougou, la journée a été marquée par une marche qui devait aboutir à la remise d’un message au Premier ministre, Chef du Gouvernement. Malheureusement, la marche sera réprimée par les forces de sécurité avant la remise dudit message ; les manifestants ayant, selon les autorités, franchi les barrières de police.
Sous ce prétexte, les manifestants furent dispersés sans ménagement par les forces de sécurité usant de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes. Cette répression a fait plusieurs blessés.
Le MBDHP note, qu’une fois de plus, l’instauration de «zones rouges» dans la capitale a conduit à des débordements et à la répression de manifestations publiques. Cet état de fait remet au goût du jour la question du libre exercice des libertés démocratiques dans notre pays. En effet, l’instauration de zones interdites aux manifestations publiques remonte au début des années 2000 dans la ferveur de la lutte du Collectif contre l’impunité. Depuis cette période, les manifestations publiques sont confinées dans des espaces bien précis; ce qui constitue une restriction inacceptable des libertés de manifestations ainsi qu’un prétexte pour la répression de celles-ci.
Déjà le 8 avril 2000, une marche pacifique du Collectif contre l’impunité avait été sauvagement réprimée sous le même prétexte, de même que la marche du 11 mars 2011 organisée par l’Association Nationale des Etudiants Burkinabè (ANEB) pour réclamer la lumière sur la mort de l’élève Justin ZONGO. Une telle tendance à la répression sous des prétextes fallacieux témoigne d’une conception autoritaire du rôle dévolu aux forces de sécurité pendant les manifestations publiques.
Pourtant, la liberté de manifestation est un droit constitutionnel qui s’impose à l’Etat qui doit en garantir le libre exercice par tous les citoyens sans distinction de leur appartenance politique. Dans ce cadre, l’érection d’espaces publics en zones dites rouges et interdites de toutes manifestations publiques, constitue une restriction illégitime et injustifiable à l’exercice des libertés démocratiques.
C’est pourquoi, le MBDHP:
- Dénonce et condamne la répression de la manifestation de l’opposition politique par les forces de sécurité;
- Souhaite un prompt rétablissement aux personnes blessées lors de la manifestation du 29 juin 2013;
- Appelle les autorités à respecter scrupuleusement la liberté de manifestation des populations en supprimant les «zones rouges» dans la ville de Ouagadougou.
Non aux restrictions injustifiées des libertés de manifestations!
Non à la répression policière des manifestations publiques!
Non au retour insidieux aux régimes d’exception!