Les fournisseurs de solutions bancaires ont massivement répondu présent à la 9ème édition de l’Africa Banking Forum qui se tient à Dakar les 15 et 16 mai 2017. Chez Sab, l’on affiche le sourire. Le spécialiste de l’informatique de la banque intégrée, bien implantée en France, a obtenu le gros marché des filiales de la BNP Paribas en Afrique. L’information n’est pas encore officielle mais est déjà intégrée dans les états majors de la concurrence.
De quoi exacerber la course vers un marché de l’UEMOA d’autant plus attractif qu’il est en transition vers les normes Bale 2 et Bale 3 dans un contexte de préoccupation mondiale contre les transactions frauduleuses, la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Autant de défis pour les banques et d’opportunités pour les éditeurs de logiciels. « Chez Oracle, nous offrons des solutions de risque management pour les besoins de conformité, des solutions anti-blanchement d’argent, de filtrage de paiement et d’analyse », explique Amine Bouayad, Senior Account Manager du groupe américain pour l’Afrique francophone.
Très attentif à l’échéance du 1er janvier 2018, qui devra voir le basculement de la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine dans les normes de Bâle 2 et Bâle 3, l’informaticien marocain estime que Oracle dispose des solutions de risque de liquidité, de conformité avec les règles de Bâle et de la version finance islamique de ces règles de Bâle. « Nous avons plus de 550 reporting standards des banques centrales », poursuit M. Bouayad. Et de considérer que la conformité par rapport aux règlementations anti-terroristes sera l’un des grands enjeux du système bancaire de la région. D’ores et déjà, rappelle-t-il, les banques correspondantes nord-américaines exigent de leurs partenaires la compliance par rapport aux normes anti-blanchement.
Autant de mutations que le tunisien BFI, éditeur de solutions bancaires, accompagne depuis plus de vingt ans, sur la partie marché de capitaux, titres et Bourse entre Casablanca et Tunis. La société est présente dans plusieurs pays africains grâce à sa solution globale installée par exemple à la BHS au Sénégal. «Nous avons plus de 200 banques clients dans 20 pays d’Afrique », explique Kamel Saffar, Directeur commercial. Après ses cinq bureaux dont en Tunisie (siège), à Casablanca, à Alger et à Libreville, BFI s’apprête à ouvrir un bureau régional à Dakar, « choisie en raison de sa stabilité et de l’abondance des ressources humaines qualifiées ».
Le marché africain est en expansion de l’avis de la plupart des exposants. Les clients cherchent à la fois plus d’agilité et des investissements maîtrisés dans la technologie bancaire et une relative autonomie dans l’usage des solutions. C’est l’état d’esprit affiché en tout cas chez Veripark , qui met en avant son partenariat global avec Microsoft pour valoriser sa solution de gestion de la relation client implémentée dans une soixantaine de banques.
Quant à Omega Financial Solutions, elle met en exergue Gaïa, une solution de gestion des placements financiers tournée vers les acteurs financiers particuliers, les gestionnaires d’actifs, les banques, les compagnies d’assurance et les holdings. «Nous garantissons à la fois le contrôle des risques et la conformité par rapport aux règles de gestion », explique-t-on chez cette société présente dans la zone MENA et l’Afrique. « Nous mettons à la disposition du client le schéma de la base de données et l’ensemble des process pour qu’il soit autonome et puisse utiliser la solution dans toute sa capacité ».
Bref, au vu des solutions exposées lors de ce forum de Dakar, l’on peut dire que la banque digitale zéro agences arrive à grand pas. « Le client n’aura plus besoin de se déplacer à l’agence pour les opérations simples de demande de chéquier ou de virement », explique un cadre de de Proxym, société basée en Tunisie et en France et présente au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Sénégal.
Au delà du digital, c’est aussi les enjeux de la gestion du risque client qui se posent. Pour cela, Cherif Daha Sy, représentant de l’allemand Dermalog, qui a mis en place le système d’identifiant unique dans le secteur bancaire nigérian, est d’avis qu’il faut passer à la biométrie pour donner plus de sécurité dans les transactions et éliminer le cash. «Avec notre solution, la banque connaît son client de manière quasi-irréfutable ». La biométrie serait le moyen idoine pourcanaliser les acteurs de l’informel vers le formel.
Si les solutions technologiques sont mises en avant durant le forum, le versant réglementaire n’est pas du reste. Le célébre cabinet d’avocat Bird & Bird, fort d’un réseau mondial composé de 28 bureaux et de plus de 1 300 avocats, a mis en place une équipe Fintech Paris qui dispose d’expertises dans la banque digitale, le paiement mobile, la monnaie électronique, les services de transfert de fonds, la cybersécurité et l’e-Gov dans les zones UEMOA et CEMAC. La bataille de positionnement promet d’être passionnante entre tous les fournisseurs de solutions. Pourvu que les opérateurs locaux, notamment les Fintech, ne soient pas laissés au bord de la route.
L’African Banking Forum prendra fin ce 16 mai par la «déclaration de Dakar » sous forme d’un appel du secteur privé au secteur public pour accélérer les réformes permettant de profiter pleinement des possibilités offertes par l’implémentation des nouvelles technologies dans les banques.