La 20e Journée nationale du paysan (JNP) a officiellement ouvert ses portes, le vendredi 11 mai 2017, à Kaya dans le Centre-Nord, avec la présence effective du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. A l’occasion, plus d’un millier d’acteurs du monde rural ont dressé le bilan des JNP passées et dégagé les perspectives pour insuffler une nouvelle dynamique au secteur.
La Journée nationale du paysan (JNP) souffle sa XXe bougie cette année. A cet effet, plus de mille producteurs, organisations faitières du monde rural, techniciens et autorités se sont donné rendez-vous à Kaya, dans le Centre-Nord. Le top de départ officiel des festivités a été donné, le vendredi 11 mai 2017, en présence du Chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré. Cette JNP se veut une aubaine pour les acteurs du monde rural de mener une introspection des dix neuf éditions passées, d’échanger sur les priorités du secteur agricole dans l’intention de prendre des engagements et dégager des orientations pertinentes à même de booster les performances agricoles, pastorales, halieutiques et fauniques nationales. D’où le thème : « Journée nationale du paysan, vingt ans d’existence : bilan et perspectives ». De Léo dans la Sissili en 1993 à Kaya dans le Sanmatenga en 2017, le ministre de l’Agriculture et des aménagements hydrauliques, Jacob Ouédraogo, a noté plusieurs évolutions tant dans le contenu que dans le format de la JNP, teintée de quelques taches noires. Il s’agit notamment de l’absence de structure pérenne chargée du suivi de ses actions, des engagements et des recommandations, la faiblesse du budget au regard de son envergure… Malgré ces insuffisances, la JNP est « aujourd’hui un label et une école », honorée régulièrement et soutenue par une volonté politique de l’exécutif et l’adhésion des acteurs directs selon le ministre Ouédraogo. Les nouveaux défis du secteur commandent des réflexions pour l’adapter aux besoins réels des paysans. Pour ce faire, une étude menée par les départements ministériels concernés propose de transformer la JNP en événement biennal, foi du ministre en charge de l’agriculture. « Pour ce qui est du format, l’étude fait deux propositions. La première est l’organisation conjointe de la JNP par l’Etat, les organisations professionnelles agricoles et le secteur privé rural à travers un Secrétariat permanent. La seconde est la responsabilisation entière de l’organisation de la Journée par les acteurs non étatiques avec une participation financière majoritaire de ces derniers », a dit Jacob
Ouédraogo.
« Tout ce qui se fait pour vous, sans vous est contre vous »
Pour le président de la Chambre nationale d’Agriculture, Saidou Ouédraogo, il est temps de confier l’organisation de la JNP aux acteurs eux-mêmes, avec l’assistance des services techniques et l’accompagnement financier de l’Etat. « Il n’y a pas de développement sans une confiance, une synergie d’actions mutuelles entre les producteurs et le pouvoir public. Faites-nous confiance. Le bébé d’alors est désormais adulte et assez outillé pour prendre son destin en main. Nous devons être omniprésents en amont comme en aval », a-t-il plaidé. Et d’ajouter que « tout ce qui se fait pour vous, sans vous est contre vous ». A cet effet, il a suggéré que les techniciens se mettent au service des agriculteurs, éleveurs, pisciculteurs…, à travers un travail de proximité sur le terrain. M. Ouédraogo est convaincu que c’est par ce canal, que les acteurs du monde rural parviendront à un meilleur diagnostic de leurs problèmes auxquels ils trouveront des solutions idoines.
Saidou Ouédraogo mise aussi sur l’implication effective de son institution qui attend la résolution d’un certain nombre de difficultés et des sacrifices du monde paysan afin d’exercer la plénitude de ses missions. Le président de la Chambre nationale d’agriculture a exhorté le gouvernement à inverser les schémas traditionnels qui ont montré leur limite et à utiliser l’agriculture et l’élevage, « comme starting bloc pour un décollage économique du Burkina Faso ». Car, à l’en croire, l’élevage burkinabé est « une mine d’or qui dort ». En tous les cas, pour toutes les initiatives visant le renouveau du secteur rural, le pays des Hommes intègres peut compter sur le Fonds des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui a réitéré sa disponibilité constante auprès des paysans. Le représentant de la FAO au Burkina, Aristide Ongone Obame a salué la tenue régulière des JNP, véritable cadre de dialogue « franc, direct et ouvert » sur les préoccupations du secteur. Il a souligné d’importants acquis en faveur du monde rural dont l’adoption de bonnes pratiques agricoles, le renforcement des capacités des acteurs, l’amélioration des techniques de fertilisation des terres. M. Obame est aussi pour une nouvelle formule de la Journée du paysan, mettant plus en avant les concernés. Outre la promesse de soutien de la FAO, les producteurs ont reçu de la part du gouvernement des intrants et équipements agricoles.
Djakaridia SIRIBIE