Guézouma Sanogo, journaliste à Radio Burkina a été brutalisé dans l’exercice de son métier par un gendarme assurant la sécurité lors du meeting des producteurs de la 20e Journée nationale du paysan à Kaya ce 12 mai 2017. Choqués par la violence de l’agression de ce journaliste – par ailleurs Président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) – les confrères présents à la cérémonie ont failli arrêter la couverture de l’évènement et la retransmission en direct sur la Radiodiffusion télévision du Burkina. L’intervention des responsables en charge de la sécurité pour présenter leurs excuses, et les regrets du Président du Faso (en fin de cérémonie) ont calmé la colère des journalistes qui ont eu toutes les difficultés pour faire leur travail d’information depuis leur arrivée sur le site du meeting tôt dans la matinée.
Guézouma Sanogo, notre confrère a passé un sale quart d’heure avec un gendarme de la sécurité présidentielle, peu avant l’arrivée du Président du Faso sur l’aire du meeting des producteurs de la 20e Journée nationale du paysan ce vendredi 12 mai 2017 à Kaya.
Guézouma revenait des toilettes, situées à quelques pas de là où étaient les journalistes. Il a été interpelé, à son retour sous la tente par le pandore en question. Après les échanges verbaux, notre confrère a été soulevé et projeté au sol par le gendarme. Ce dernier voulait le renvoyer hors de l’aire du meeting, malgré les explications du journaliste et le badge presse à son cou. Le journaliste qui a été blessé a reçu quelques soins sur place.
Des journalistes remontés par cette agression et le traitement réservé par l’organisation
L’incident a indigné et révolté toute la presse venue pour la couverture du meeting. Ces derniers ont menacé de boycotter la couverture de l’évènement.
Arrivés très tôt le matin, les journalistes ont d’abord été confrontés par le manque de places, ou du moins l’absence de places réservés à eux sur le site du meeting. La place qui leur avait été réservée ayant été confisquée pour un autre groupe, les femmes et hommes de médias erraient sous le soleil sans savoir comment ni où s’installer pour faire leur travail de collecte de l’information.
La télévision nationale a dû improviser, « forcer » pour installer l’équipe de présentation du direct dans un petit coin au pied de la tribune officielle. Les autres confrères, fatigués de errer et de s’arrêter ont dû s’asseoir sous le soleil, à même le sol.
Les excuses de la sécurité et les regrets du Chef de l’Etat
Le Colonel Bagagnan, Commandant du GSPR a présenté ses excuses à la presse. Il a regretté l’incident et « la violence gratuite » à bannir dans toutes situations. « On tenait vraiment avant quoi que ce soit à s’excuser par rapport à cet incident et vous assurer que les dispositions sont prises pour que l’intéressé soit enlevé du dispositif et les mesures vont suivre », a avoué le Colonel Bagagnan. « C’est la journée des paysans ! Il n’est pas normal que nous les agents de la sécurité nous venons gâcher la fête. Parce que si vous refusez de couvrir… c’est les paysans qui prendront un coup », a-t-il expliqué.
Le Président du Faso s’est exprimé sur l’incident à la fin de la cérémonie. « Je regrette sincèrement ce qui s’est passé, car il n’est pas normal qu’à notre époque encore de telles choses se passent. Je voudrais simplement présenter mes vœux de prompt rétablissement à monsieur Sanogo. J’ai toujours dit et répété que la sécurité doit d’abord respecter les individus. Cela est une priorité et même si nous assurons la sécurité, nous devons garder notre sang froid pour éviter de tels dérapages qui dénaturent notre démocratie », a déclaré le Chef de l’Etat.
A quand la fin des « incidents » entre journalistes et sécurité ?
« On accepte le pardon mais après il faut qu’on se voit et que des résolutions fermes soient prises et appliquées… Chers confrères, reprenons le travail », a indiqué Marie Danielle Bougaïré/Zangréyanogo, Directrice générale de la RTB.
La victime Guézouma Sanogo a également invité les confrères à reprendre le travail. « Ce matin nous sommes là pour les paysans, travaillons pour les paysans, les 86% de la population. Ils s’attendent à voir leurs frères venus ici parler en leur nom. Et ils comptent sur vous pour relayer leur discours », a demandé le journaliste. De retour de soins, le Président de l’AJB a continuer le travail à lui confié jusqu’à la fin de la cérémonie, avec tout de même un signe distinctif d’avec ses collègues : un pansement ensanglanté au-dessus de la bouche !
Cet énième incident entre journalistes et agents de sécurité intervient quelques jours après la Journée mondiale de la liberté de la presse commémoré au Burkina sous le thème du rôle et de la responsabilité des journalistes dans la lutte contre le terrorisme. A l’occasion, le Centre national de presse Norbert Zongo avait invité le monde de la presse et les forces de défense et de sécurité à la réflexion pour une meilleure collaboration entre Hommes de médias et de sécurité. Le Président de l’AJB était l’un des acteurs de cette activité.
Malgré les nombreuses rencontres d’échanges entre journalistes et FDS, le travail de la presse est toujours entravé par la sécurité. Vivement que prennent fin ces incidents qui entravent le travail des journalistes dans leur mission d’information des populations !
Aboubakar Sanfo