La 15e rencontre gouvernement-secteur privé, tenue le 8 mai 2017 à Bobo-Dioulasso, a servi de tremplin aux innovateurs venus exposer leurs technologies, à la Maison de la culture Anselme Titianma Sanou.
Pendant que les hommes d’affaires échangeaient avec les membres du gouvernement dans la cuvette de la Maison de la culture, les innovateurs, eux présentaient leurs trouvailles. Dans la cour, un mastodonte roulant, non loin d’une longue rangée de grosses carrosseries V8, suscitait la curiosité à première vue : il s’agissait d’une unité mobile de transformation de fruit et de légumes, selon Salif Guel, l’exposant et professeur en agro-alimentaire au Lycée professionnel Guimbi Ouattara. Il n’en est pas le concepteur, mais son lycée en est le demandeur. « Nous avons constaté que les mangues par exemple, pourrissaient dans les champs. Nous avons demandé à une entreprise française de nous concevoir une unité capable de transformer les productions sur place », a expliqué M. Guel. Suivant son explication, l’unité mobile peut produire 400 litres de jus par heure. Elle peut également produire entre 200 et 250 litres de purée par heure. Dans le cadre du partenariat public-privé, M. Guel pense que cette unité mobile de transformation peut servir aux opérateurs économiques. Non loin du stand de M. Guel, un autre exposant avec un broyeur polyvalent, un mélangeur et une presse solaire de fabrique de blocs d’aliments à bétails. « Le broyeur polyvalent sert à valoriser les tiges de mil, de maïs en aliment bétails. Le mélangeur permet de réaliser un mixage entre le résidu broyé et la mélasse pour être transformé en bloc dans la presse », a expliqué Boubacar Zongo, un autodidacte qui a mis au point la presse avec le Naba Tigré, concepteur lui aussi du broyeur polyvalent. Par jour, la presse, a-t-il dit, peut fabriquer 700 blocs d’aliments à bétails. M. Zongo pense que ces innovations contribuent à réduire la pénibilité du travail des éleveurs et des producteurs. Il a, de fait, invité le gouvernement à accompagner les innovateurs dans la vulgarisation de leurs technologies auprès des paysans à prix subventionné.
Une innovation au rythme du développement du pays
Les transformatrices de produits agro-alimentaires se sont également mobilisées à cette rencontre gouvernement-secteur privé aux côtés des innovateurs. Cécile Millogo, l’une d’entre elles, a présenté des biscuits de maïs, de Niébé, de pois de terre. Cette transformatrice de Dédougou a amené du « zamenin »précuit séché, du « dêguê »séché également. Mme Millogo espère rencontrer des partenaires intéressés par son activité. Sur le site, le visiteur a pu voir également des produits typiques à des terroirs comme le pagne San, le cuir de Kaya, le beurre de Karité « Nunuma », les souchets du Kénédougou, entre autres. Au regard des technologies exposées, la directrice générale du Centre national de propriété industrielle, Micheline Ki a fait comprendre que les lignes bougent dans la recherche. Selon elle, il y a de plus en plus de brevets enregistrés. « Nous enregistrons de plus en plus de brevets, mais il faut le dire aussi ce rythme est lié un peu avec le niveau de développement de notre pays. On n’est pas à un stade où on peut enregistrer 1000 ou 2000 brevets par an, mais nous sommes toujours dans la période de sensibilisation», a-t-elle dit. Selon Micheline Ki, la rencontre entre gouvernement et secteur privé est un signe d’espoir à travers des produits et des technologies que les innovateurs ont exposés. C’est une occasion de présenter au secteur privé, des réponses à leurs préoccupations au niveau local, et favoriser la rencontre des opérateurs, a-t-elle expliqué.
Rabalyan Paul OUEDRAOGO &
Fatoumata YLY