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Récusation des avocats de Blaise Compaoré : Pierre Olivier Sur crie "au scandale"
Publié le vendredi 5 mai 2017  |  Sidwaya
L’avocat
© Autre presse par DR
L’avocat de Blaise Compaoré, Pierre Olivier Sur




L’avocat de Blaise Compaoré, Pierre Olivier Sur, à la réouverture du procès du gouvernement Tiao III, le jeudi 4 mai 2017, à Ouagadougou, a décrié la décision du juge l’empêchant de s’exprimer au nom de son client, absent à l’audience.

La récusation des avocats de Blaise Compaoré poursuivi avec les membres de son dernier gouvernement pour « complicité d’homicide volontaire » et « complicité de coups et blessure volontaires » dans la répression de l’insurrection populaire, n’est pas du goût de maître Pierre Olivier Sur. L’avocat de l’ex-président l’a exprimé, avec force caractère, devant la presse, le jeudi 4 mai 2017. En effet, selon le président de la Cour, Mathieu Bebrigda Ouédraogo, la non admission des avocats de Blaise Compaoré est consécutive à la recherche infructueuse de leur client à qui une citation à comparaître avait été adressée. Pour autant, l’ex-président n’ayant pas comparu devant la Cour, ce dernier ne peut se prévaloir d’un avocat. Pour Maître sur cette décision de la Cour est « scandaleuse ». « C’est une infraction gravissime qui a été faite ce matin aux règles les plus élémentaires des droits de l’homme dont la première est de pouvoir se défendre par un avocat », a-t-il laissé entendre. A l’en croire, dans tous les textes internationaux ratifiés par le Burkina Faso, toute personne jugée et qui est absente au procès « peut quand même être représentée par son avocat ». De ce fait, il a estimé que c’est l’image de la justice, voire du Burkina Faso qui est ici ternie par cette décision. Car, a-t-il dit, ce n’est que « dans les régimes qui ne connaissent pas le respect des droits de l’homme, c’est-à-dire du procès équitable qu’il est possible de museler un avocat ». Toujours selon maître Sur, tout porte à croire qu’il s’agit « d’une juridiction politique ». Pour preuve, il a décrié la composition de la Cour où figure un juge appartenant au Conseil d’Etat et non à la juridiction judicaire. « C’est un juge du pouvoir, un juge qui n’est pas indépendant », a-t-il dit. Et d’ajouter que « cette composition est peut-être faite à dessein ». Partant de ces constats, l’avocat au Barreau de Paris a estimé que toutes les décisions qui viendraient à être prises par la Cour sont, « nulles et non avenues en droit ». A ce titre, il a expliqué que s’il y avait un mandat d’arrêt international contre le président Blaise Compaoré, délivré par la Cour à la Côte d’Ivoire, « la Côte d’Ivoire l’annulerait ». Et pour cause, « parce que les critères de procès équitable, donc du droit humain et des libertés humaines, n’ont pas été respectés », a-t-il signifié.

« Blaise veut s’expliquer »

Selon maître Pierre Olivier Sur, le souhait de l’ex-président du Faso n’est pas de se soustraire à la juridiction de son pays. Mais avant, il dit exiger que les conditions d’une justice « équitable » soient réunies. « Le président Blaise Compaoré m’a dit que lorsque vous considérerez, vous avocat, ancien bâtonnier de Paris, que les règles de droit sont respectées et qu’on me garantit un procès équitable, je viendrai, car je veux m’expliquer. Je ne veux pas faire la politique de la chaise vide, je veux être là, je veux parler via le juge à mon peuple », a-t-il confié. S’exprimant toujours sur les confidences avec son client, il a ajouté que « Blaise Compaoré mérite qu’on lui donne la parole, qu’il s’explique, qu’il explique ce qui s’est passé, qu’il explique qu’il avait donné l’ordre de ne pas tirer et qu’il avait indiqué partout qu’il voulait qu’il n’y ait aucun mort. Et quand il a compris que les choses étaient en train de vriller, immédiatement, il est parti. Voilà ce qu’il veut exprimer à son peuple via les juges ». Pour l’heure, estimant que les conditions d’une justice « équitable » sont loin d’être réunies, il a confié que l’ex-président Blaise Compaoré ne peut se présenter devant la Cour. Du reste, il a relevé que « l’affaire n’est pas en état d’être jugé selon le respect du droit », d’où selon lui, le report du procès. Il a, en sus, mentionné qu’il sera présent à la reprise du procès le 8 mai prochain.

Mamady ZANGO

Les coulisses

Les coups d’éclat de Pierre-Olivier Sur, avocat de Blaise Compaoré

Un des conseils de l’ex-président Blaise Compaoré, l’avocat français Pierre-Olivier Sur était la star de l’audience d’hier. Dès son entrée dans la salle du tribunal de grande instance de Ouagadougou, il a défilé devant la presse pour se faire photographier et filmer à souhait. S’en est suivi d’incessants déambulements dans la salle afin de se faire voir par tous. Après avoir été éconduit par la Haute cour de justice qui a estimé qu’au regard de l’absence de Blaise Compaoré, il ne peut plaider, il s’est déclaré avocat observateur et s’est assis quelques instants sur le banc des témoins. Ensuite, il est sorti précipitamment de la salle entrainant avec lui, la quasi-totalité des journalistes présents. Chacun voulant lui arracher un mot. Mais ce n’était pas encore le bon moment pour Maitre Sur. Ce dernier a ignoré la presse et s’est juste débarrassé de sa toge avant de regagner la salle. Quelques minutes après, le revoilà encore dehors, cette fois pour donner de multitudes interviews intercalées de va-et-vient dans la salle d’audience. Et ce, jusqu’à la fin de l’audience. Là, il a clamé à cœur joie à la presse le « déni de justice » pour son client, avant d’annoncer une conférence de presse à la Maison de l’avocat.

Les défaillances de la sonorisation

A l’entame du procès de Luc Adolphe Tiao et les 31 ex-ministres d’hier, la sonorisation était défaillante. Aussi, plusieurs déclarations et plaidoiries des avocats, du ministère public et du président de la Haute cour de justice, notamment la récusation des avocats de Blaise Compaoré étaient quasi inaudibles. Ce qui a provoqué des plaintes dans la salle. Si par la suite, le problème a été partiellement résolu, le micro du ministère public ne donnait toujours pas satisfaction.

« Merci de ne plus applaudir »

Les plaidoiries des conseils des accusés pour le renvoi du dossier afin que les avocats commis d’office à la défense de l’ancien ministre en charge de la culture, Baba Hama et de celui délégué aux transports, Baba Diemé puissent mieux se préparer, ont séduit plus d’un. En réponse à ces joutes oratoires appréciées, des applaudissements nourris ont retenti dans la salle, irritant ainsi le président de la Haute cour de justice, Mathieu Bebrigda Ouédraogo. Ce dernier a relevé que toute manifestation bruyante d’approbation ou de désapprobation sont interdites pendant l’instruction. En conclusion il a dit au public : « Merci de ne plus applaudir »

A quoi sert le badge « PRESSE » ?

Arrivés au tribunal de grande instance de Ouagadougou aux environs de 8 heures alors que le procès devait commencer à 9 H, plusieurs journalistes ont été contraints de s’aligner dans un rang interminable pour accéder à la salle d’audience. Ni leur badge sur lequel, il est bien mentionné « PASS Salle d’audience », ni leur plaidoirie n’ont ébranlé la sécurité. Celle-ci disant que selon les consignes, la presse devait être présente depuis 5 heures du matin. Or, à la séance du 27 avril dernier, ni après, aucune information de ce genre n’a été donnée aux médias. Des esprits se sont surchauffés mais, par la suite, les choses sont rentrées dans l’ordre et les journalistes ont pu accéder à la salle d’audience. Un des membres de la sécurité a expliqué en off que la décision de faire prendre le rang aux journalistes est intervenue après que plusieurs personnes désireuses d’assister au procès ont fait des scènes en voyant des hommes de médias les devancer dans la salle. « Depuis l’insurrection, les gens sont devenus compliqués et se plaignent de tout et de rien sans chercher à comprendre. Nous avons beau expliquer que la presse est là pour travailler, ils ont refusé d’accepter. C’est pourquoi nous avons agi ainsi pour éviter des incidents», a-t-il expliqué tout en requérant la compréhension des Hommes de médias.

Les raisons de l’absence du général Diendéré à l’audience

Après son « présent » très remarqué à l’appel de son nom à l’ouverture du procès le 27 avril dernier, l’ancien chef d’état-major particulier de la présidence du Faso, le général Gilbert Diendéré était absent à l’audience du 4 mai 2017. Sur les raisons de l’absence de celui qui comparait comme témoin des événements des 30 et 31 octobre 2014, Me Abdoulaye Soma nous a confié « qu’étant donné qu’il est en prison, les procédures à suivre pour qu’il puisse assister à l’audience de ce jeudi n’ont pas pu être bouclées pour qu’il soit présent ce matin ». Ce qui expliquerait son absence. L’avocat assure cependant que Golf « sera là lundi », c’est-à-dire le 8 mai prochain, date à laquelle le procès a été renvoyé.

De l’ordre dans la salle d’audience

A l’ouverture du procès le 27 avril, c’était un véritable capharnaüm dans la salle d’audience : des journalistes assis à côté de témoins, des témoins mélangés aux accusés… A la reprise du 4 mai, on a constaté une légère amélioration. La salle a été compartimentée permettant aux prévenus de ne pas être assaillis par les chasseurs d’images, de contenir les journalistes, les témoins, les simples spectateurs, chacun dans son « coin ».

Les parents des victimes donnent de la voix

A l’ouverture de l’audience d’hier, les représentants des victimes de l’insurrection ont marqué leur présence à travers deux grandes banderoles déployées dans la cour du tribunal affichant les images des 24 morts avec des messages interpellateurs. « Haute cour de justice, les familles endeuillées te regardent », « les orphelins, les veuves et veufs dans leur silence rongeur te regardent », « Dieu est grand maître et juge par excellence », pouvait-on y lire.

Encore un ministre oublié

A l’ouverture du procès, c’est l’ancien ministre en charge de l’administration territoriale et de la sécurité, Jérôme Bougouma, que le président de la Haute cour a oublié dans l’appel nominatif des accusés. A cette deuxième audience, c’était au tour d’un autre accusé de subir le même sort. L’ex-ministre délégué à la coopération régionale, Thomas Palé a du interpellé le président de la cour, lui qui l’a écouté religieusement égrainer les noms de 31 de ses collaborateurs, dont certains ont appelé deux fois, sans entendre le sien. L’erreur a vite été corrigée.

Me Gilbert Ouédraogo de retour parmi les siens

L’ancien ministre des Transports de Blaise Compaoré, Me Gilbert Noel Ouédraogo était au prétoire aux côtés de ses confrères avocats à l’audience d’hier. C’est l’une des premières sorties du président de l’ADF/RDA en tant qu’avocat depuis la réinscription en 2015 au tableau de l’Ordre des Avocats après 17 ans d’absence. Me Gilget Ouédraogo a co-fondé en 1999 avec Me Kyelem Apollinaire de Tambèla et Me Hamidou Savadogo, une société d’avocats basée à Ouagadougou. Approché a la fin de l’audience, il a confié n’être constitué avocat auprès d’aucun des ministres poursuivis.

Rassemblés par
Eliane SOME
Mahamadi TIEGNA
Boukary BONKOUNGOU
Mahamadi ZANGO
Fabé Mamadou OUATTARA
Djakaridia SIRIBIE

Réactions d’après audience

Maitre Idrissa Badini, avocat commis d’office de Baba Diémé : « Nous allons nous défoncer pour assurer une défense idoine »

« Nous (maître Odilon Gouba et moi) avons été commis d’office le 3 mai par le bâtonnier respectivement comme avocats de Baba Diémé et Baba Hama. Je n’ai eu le dossier que dans la soirée du mercredi. Eu égard à son volume, je n’ai pas pu le consulter en entier afin d’assurer au mieux la défense de mon client. C’est un procès pénal puisé du criminel où la défense implique une grande responsabilité. L’avocat ne doit être là pour juste régulariser la procédure. Il doit disposer d’un délai raisonnable pour préparer cette défense. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé le renvoi du dossier. La Haute cour de justice a accédé en partie à notre demande car le dossier n’a pas été renvoyé sous huitaine. Le délai est très court car nous n’avons eu que trois jours. Nous allons nous défoncer pour qu’un minimum de préparation et de défense idoine soit assuré. »

Maitre Frédéric Passéré Titinga, un des avocats de Luc Adolphe Tiao : « J’ai foi que tout sera mis en œuvre pour sauver la justice »

« Le dossier est renvoyé au 8 mai. Nous prenons acte. Les dossiers du genre sont très délicats impliquant le politique, le social, le juridique de telle sorte qu’en tant que doyen des avocats, je joue la carte de la prudence pour ne pas ouvrir une brèche à un dérapage. Concernant la régularité de la Haute de cour de justice, je m’en remets à la décision judiciaire. Ce qui est important c’était le renvoi du procès. C’est pour ça que je suis intervenu. Je remercie la Cour et je souhaite que le procès se déroule dans la sérénité. J’ai foi en tous les acteurs et que tout sera mis en œuvre pour sauver la justice, sauver le Burkina Faso. »

Dramane Ouédraogo, président de l’Association des blessés de l’insurrection populaire : « Me Olivier Sur est venu comme un champion pour délivrer son poulain »

« Nous ne sommes pas d’accord avec la multitude de renvois auxquels on assiste actuellement. Quand les avocats des anciens dignitaires nous disent qu’ils n’ont pas eu le temps de prendre connaissance du contenu des dossiers de leurs clients, c’est de bonne guerre. Mais, il se trouve que c’est leurs clients qui avaient dit qu’ils ne veulent pas d’avocats. Si la justice leur donne la possibilité d’avoir un avocat, et qu’ils n’ont pas eu le temps de consulter les dossiers, ils peuvent demander un temps pour cela. Mais, il ne faut pas amener tout le monde à se pencher de leur côté parce qu’ils veulent gagner du temps. L’attitude orgueilleuse de l’avocat de Blaise Compaoré montre qu’il est venu comme un champion pour délivrer son poulain. Il y a des non-dits dans ce procès. Nous ne sommes pas contents du nombre de blessés qui ont été officiellement retenus pour le procès. Nous avons appris qu’il concerne 88 blessés et 7 morts. Leur nombre est au-delà de ce chiffre. Les blessés valent 200 personnes. Nous ne savons pas quelle est l’image qu’on veut donner au procès. »

Propos recueillis par
Eliane Somé
Boukary Bonkoungou
Djakaridia Siribié
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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