La situation sécuritaire au Burkina Faso et dans la sous-région était au menu du dialogue politique Burkina Faso-Union européenne du 2 mai 2017 à Ouagadougou. Le Burkina a sollicité un plaidoyer de ses partenaires auprès de l’ONU pour l’obtention d’un mandat en appui aux actions conjuguées des pays du G5 Sahel contre le terrorisme.
Le ministre en charge des Affaires étrangères, Alpha Barry et les ambassadeurs européens se sont retrouvés à la faveur de la 11e session du dialogue Burkina Faso-Union européenne. Cette rencontre, instituée par l’Accord de partenariat entre les pays d’Afriques, des Caraïbes, du Pacifique et l’Union européenne (ACP-UE), a permis aux experts des deux parties d’échanger sur l’état de la coopération et sur l’évolution de la situation sociopolitique et économique au Burkina Faso ainsi que dans l’espace européen. A l’ouverture des échanges, l’ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne, Jean Lamy, a indiqué que cet exercice n’est pas seulement un dialogue sur la coordination de l’aide de l’Union européenne, mais aussi « des questions-réponses » sur la gouvernance, les droits humains, la démocratie, les actions extérieures de l’UE, ses stratégies de coopération. Le ministre des Affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry, a salué les actions entreprises par les Etats du G5 Sahel, avec l’appui des partenaires membres de l’Union européenne, pour « consolider la coopération déjà fructueuse ». Les travaux se sont déroulés à huis clos autour d’une thématique majeure : le développement institutionnel, politique et économique au Burkina Faso ainsi qu’au sein de l’Union européenne. En ce qui concerne le Burkina Faso, les réformes en cours dans les secteurs de la défense, de la sécurité ainsi que le processus de réconciliation et la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES) ont fait l’objet de discussions. C’est au cours de la conférence de presse conjointe qui a sanctionné les échanges que le ministre Alpha Barry et l’ambassadeur Pascal Lamy ont dévoilé les grandes articulations des débats aux journalistes. « Nous avons demandé à l’UE un plaidoyer pour le mandat du conseil de sécurité au G5 Sahel pour ses interventions dans la zone. Nous avons aussi plaidé auprès des membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité des Nations unies en faveur du repositionnement des troupes burkinabè déployées au Mali pour qu’elles soient plus proches de nos frontières», a déclaré le chef de la diplomatie burkinabè. Alpha Barry fonde l’espoir que la prochaine rencontre du 6 juin 2017 à Bamako, au Mali, avec le Haut Représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Frederica Mogherini, verra la concrétisation d’autres engagements de l’UE.
931 milliards de F CFA déjà mobilisés pour le PNDES
Le ministre a aussi annoncé que 931 milliards de F CFA ont déjà été mobilisés pour le financement du PNDES. « Nous avons demandé aux partenaires européens de faciliter les décaissements et nous allons faire ce qu’il faut pour absorber les crédits. Nous nous sommes compris », a souligné le ministre des Affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur. L’Union européenne a-t-elle demandé des garanties au Burkina en contrepartie de ses engagements ? En réponse à cette question, le chef de la délégation de l’UE, Jean Lamy, a déclaré que l’Europe tient au respect des meilleures pratiques démocratiques, de l’Etat de droit. Le diplomate a précisé que la maîtrise des migrations, de la démographie, les droits des femmes, le respect des principes universels des droits humains, l’équilibre des pouvoirs, le contrôle de l’action publique font partie des questions évoquées avec les officiels burkinabè en présence du président de la Commission constitutionnelle Me Alidou Ouédraogo et le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN).
Mahamadi TIEGNA
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Projet de motion de censure de l’opposition
Le ministre Alpha Barry dénonce «une guérilla contre le gouvernement»
A l’occasion de la session Burkina Faso-Union européenne, le ministre Alpha Barry a
fermement réagi à l’annonce, par l’opposition politique, d’une motion de censure contre le gouvernement de Paul Kaba Thiéba. Devant les ambassadeurs de l’Union européenne, le chef de la diplomatie a défendu le bilan de l’équipe Thiéba. Pour lui, «la motion de censure n’est pas justifiée».
«Je voudrais dire un mot sur les récents événements politiques dans notre pays. Vous constatez avec nous le choix de l’opposition de pourrir le mandat du président Roch Kaboré, d’empêcher le gouvernement de travailler pour répondre aux préoccupations légitimes des populations. En 2015, ils ont tout fait pour empêcher le président de disposer d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale pour gouverner. C’était peine perdue. Le pouvoir a su nouer des alliances et disposer d’une majorité confortable. Au vu des attentats du 15 janvier 2016 et surtout de l’attaque de la poudrière de Yimdi, on a dit que ce gouvernement ne ferait pas trois mois. On a fait plus que cela. Mieux, les auteurs de cette tentative de déstabilisation ont été arrêtés et la plupart d’entre eux, jugés et condamnés. On a dit aussi que ce gouvernement faisait obstruction à la justice, retardait les procédures en faisant des arrangements pour libérer des détenus qui sont d’anciens camarades de parti. Vous avez vu qu’il n’en est rien. Au contraire, le gouvernement est engagé pour la vérité et la justice et souhaite que les procédures soient accélérées afin de passer à l’étape suivante de la réconciliation. On a dit que jamais le gouvernement ne réussirait à faire face aux engagements de l’année 2016. Non seulement le gouvernement a pris des mesures sociales fortes comme la baisse substantielle du prix du carburant, la gratuité des soins pour les enfants de zéro à cinq ans et les femmes enceintes, la gratuité des accouchements par césarienne. Mieux le gouvernement a adopté la loi 081 qui a permis une augmentation ou une correction des salaires des fonctionnaires, une bonne partie de la dette intérieure, qu’on trainait depuis quelques années, a été réglée pour encourager la relance économique. De même, le secteur du coton, qui emploie quatre millions de personnes, a reçu une forte subvention. On a dit qu’on ne réussira pas à mobiliser les ressources nécessaires au financement du PNDES. On a même dit que ce n’était pas un bon plan. Non seulement il a été apprécié par vous de l’UE et les partenaires et cette confiance s’est traduite par un niveau d’engagement sans précédent pour l’économie nationale. On a crié que c’était des intentions, des dettes à créer pour le pays. On a dit que le gouvernement était incapable de faire face au front terroriste au Nord. Avec la coopération de nos amis et partenaires, on a une accalmie. On est passé de la défensive à une phase offensive. C’est à ce moment précis que nous nous retrouvons pour travailler plus sereinement pour répondre aux préoccupations des populations y compris celles du Nord, du Nord-Est et de l’Est. C’est aussi ce moment que l’opposition choisit d’entrer dans une guérilla contre le gouvernement puisque vous avez tous entendu qu’un projet de motion de censure contre le gouvernement est en préparation. Ce projet ne se justifie pas parce que nous ne voyons pas la ligne rouge ou la faute commise par le gouvernement. Si c’est juste pour dire que nous n’avons pas encore suffisamment de résultats, ce n’est pas par une motion de censure qu’on peut régler le problème. Nous comprenons les fortes attentes des populations, c’est pourquoi nous disons, mettons-nous au travail, laissons le gouvernement travailler car les choses avancent grâce au soutien de nos partenaires. Nous sommes à peine à cinq mois de la conférence des partenaires de Paris, à 16 mois de la mise en place du gouvernement, on ne peut pas, par un coup de baguette magique tout transformer. »
Propos recueillis par Mahamadi TIEGNA