Les travailleurs burkinabè ont célébré la 131e fête du travail à travers une marche dans les artères de la capitale burkinabè, suivie d’un meeting à la Bourse du travail, le 1er-Mai 2017. Ils ont, à l’occasion, remis « le message du 1er-Mai » à la délégation gouvernementale conduite par le ministre en charge du travail, Clément Pengdwendé Sawadogo.
Plus d’un millier de travailleurs, rassemblés autour de l’Unité d’action syndicale (UAS) ont battu le pavé le 1er mai 2017 à Ouagadougou. Fanions, banderoles et pancartes reprenant des messages de revendication des six centrales syndicales et des dix sept syndicats autonomes en main, les marcheurs, la plupart arborant des tee-shirts aux effigies de leurs entreprises, sont partis de la Bourse du travail à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) où ils ont remis le message du 1er-Mai au ministre en charge du travail, Clément Pengdwendé Sawadogo. De là-bas, ils ont emprunté l’avenue des Nations pour rallier le rond-point des Nations-Unies, puis l’avenue Kwamé-N’Krumah, pour ensuite emprunter la voie jouxtant la cathédrale Notre Dame de l’Immaculé conception, d’où ils ont rejoint leur point de départ. « Mobilisation et lutte », « Pour la baisse du prix de l’huile », « Pour le respect des règles du code du travail », « Pour l’arrêt des privatisations », « Trop c’est trop », « les promesses non tenues », « les protocoles non appliquées »… étaient le lot de slogans qui faisaient écho aux bruits de pas des travailleurs syndiqués. Parmi eux, des jeunes et des femmes « mobilisés pour plus de justice sociale », mais également des travailleurs déflatés de l’ex Société de transport mixte Bangrin (STMB) et de l’hôtel Silmandé réclamant le respect de leurs droits.
Remettre à plat tout le dispositif salarial
Lorsqu’il a reçu le « cahier de doléances » de 41 points du monde syndical qui exprime les « malaises » des travailleurs, le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, Clément Pengdwendé Sawadogo a rassuré que l’ensemble des revendications contenus dans ce document sera examiné. Il s’est réjoui que ces doléances rassemblent les préoccupations de toutes les couches sociales du pays.De son avis, les problèmes des syndicats ont trouvé de nombreuses solutions avec l’avènement du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) qui a travaillé à « donner des réponses audacieuses » à leurs revendications. Le ministre a toutefois laissé entendre que les ressources du pays étant très limitées, tous les points ne pourront pas être satisfaits « tout de go ». Il y a lieu, a-t-il fait savoir, de produire plus, pour mieux organiser la répartition afin qu’elle puisse « mouiller » l’ensemble des Burkinabè. Il a aussi annoncé la mise en place « dans les toutes prochaines semaines » du Haut conseil pour le dialogue social. « De toutes les façons, le front social va s’atténuer parce que nous allons nous atteler à trouver les solutions », a-t-il ajouté. Pour ce qui concerne les travailleurs du public, le gouvernement compte remettre à plat tout le dispositif du système de rémunération de sorte à mettre fin aux injustices et créer des bases acceptables pour tous les travailleurs, foi du ministre en charge du travail. Au moment de la remise du cahier de doléances des travailleurs, le président du mois des centrales syndicales, Yamba Georges Koanda a invité, pour sa part, le gouvernement à avoir une oreille « très » attentive à ces préoccupations, afin de mettre tous les burkinabè au travail.
Le droit de grève menacé
Dans le document transmis à l’exécutif, l’UAS peint notamment un contexte international caractérisé par des affrontements entre puissances impérialistes pour « un nouveau partage du monde » et la montée au créneau des classes ouvrières pour défendre leurs droits démocratiques et sociaux. Sur le plan national, « le message du 1er-Mai 2017 » déplore des manœuvres visant à soustraire de gros dossiers de corruption, de détournements de fonds, de parcelles… révélés par différents rapports et audits. Aussi, note-t-elle l’ineffectivité des prix planchers des produits de première nécessité fixés par le gouvernement suite aux protestations des consommateurs par rapport au renchérissement du coût de la vie. La dégradation du climat sécuritaire, les problèmes de gouvernance (nominations de complaisance) ainsi que les promesses et engagements des autorités qui restent lettres mortes sont autant des tares contre lesquelles s’insurge le monde syndical dans son mémorandum transmis au gouvernement. D’où, « l’explosion » des luttes syndicales. Il y a donc lieu de raffermir les luttes syndicales, a-t-il souligné. Ce, d’autant plus que le pouvoir en place, à travers l’Assemblée nationale aurait entrepris de « saccager » le droit de grève à travers un projet de loi faisant fi des conventions internationales en matière de travail. Le président du mois des centrales syndicales a donc invité les sections syndicales des différentes entreprises à tenir des assemblées générales pour se mobiliser dans la perspective des mots d’ordre que viendrait à lancer l’UAS.
Fabé Mamadou OUATTARA
Djakaridia SIRIBIE