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Meeting du CFOP : Menace d’une motion de censure contre le gouvernement
Publié le mardi 2 mai 2017  |  Sidwaya
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© aOuaga.com par Séni Dabo
Politique : premier meeting post-transition de l`opposition
Samedi 29 avril 2017. Ouagadougou. L`opposition affiliée au chef de file a organisé son premier meeting post-transition pour dénoncer la gestion du pouvoir d`Etat par le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP)




Le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) a tenu, le samedi 29 avril 2017 à Ouagadougou, un meeting de protestation contre la gouvernance du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et ses alliés. Au cours de ce meeting, l’opposition a révélé sa plate-forme politique et a menacé de déposer une motion de censure à l’Assemblée nationale contre le gouvernement de Paul Kaba Thiéba.

C’est dans une cuvette de la Maison du peuple bondée de monde que l’opposition politique burkinabè, réunie autour du Chef de file de l’opposition politique (CFOP), Zéphirin Diabré, a tenu, le samedi 29 avril 2017, son premier meeting populaire après le retour du pays à la démocratie en fin 2015. Habillés de tee-shirts à l’effigie de leurs partis politiques respectifs, les militants de l’opposition ont rallié la Maison du peuple pour découvrir la nouvelle plate-forme de lutte et resserrer les rangs pour les combats futurs. C’est à 15h15 minutes que Zéphirin Diabré et les autres chefs de partis politiques ont fait leur entrée à la Maison du peuple sous la clameur des militants. Après un bain de foule, à l’intérieur comme à l’extérieur, le Chef de file de l’opposition politique, a exprimé sa satisfaction sur la mobilisation en ce premier rendez-vous populaire du CFOP après sa reconfiguration. Il a invité les militants de l’opposition à ne pas se laisser intimider par le pouvoir en place. Pour lui, au-delà de l’opposition dans sa diversité, le peuple reconnaît que le MPP gère mal le pouvoir. « Nous sommes là aujourd’hui, parce que le MPP a trahi l’idéal pour lequel nous avons, en son temps, parcouru et re-parcouru les artères de Ouagadougou et des autres villes. Plus d’un an après leur arrivée au pouvoir, notre désillusion est totale ! Et notre découragement est sans pareil », soutient M. Diabré.

Eviter la justice à deux vitesses

Morosité économique, retour de certaines pratiques comme la corruption et le favoritisme à travers les marchés de gré à gré, la politisation de l’administration, le chômage de la jeunesse, sont autant de maux qui minent la société burkinabè, à entendre Zéphirin Diabré. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, l’opposition qui n’entend pas être « bissongo (NDLR : enfant chéri » mais « caillou », reprend son bâton de pèlerin pour rappeler que le peuple a faim, que l’argent ne circule pas et que les soins ne sont pas gratuits. Evoquant le sujet de la réconciliation, le chef de file de l’opposition a reconnu qu’il faut aller à l’apaisement des cœurs ; mais selon la démarche vérité-justice et réconciliation. Pour M. Diabré, si tous les acteurs sont d’accord pour cette démarche, il faut éviter la justice à deux vitesses. « Oui à la justice ! Mais une justice qui est la même pour tous. Si on doit attraper des voleurs, il faut attraper tous les voleurs. S’il faut attraper les criminels, il faut attraper tous les criminels », a soutenu Zéphirin Diabré. Au regard du bilan du gouvernement de Paul Kaba Thiéba, jugé peu satisfaisant par l’opposition, le chef de file a pris l’engagement de soumettre à l’Assemblée des chefs de partis de l’opposition, l’idée d’une motion de censure contre l’équipe Thiéba, qui sera soumise ensuite aux députés de l’opposition pour action.

La plate-forme de l’opposition

Au cours de ce meeting, l’opposition a dévoilé à ses militants sa nouvelle plate-forme de lutte articulée autour de cinq points, à savoir « la gouvernance politique et juridique », « la gouvernance administrative et locale », « la gouvernance économique et du développement », « la gouvernance sociale » et « la gouvernance diplomatique et l’intégration régionale ». Au sujet de la gouvernance politique et la consolidation de l’Etat de droit, l’opposition interpelle le Président du Faso sur l’indépendance de la justice, la nécessité de la relecture du code électoral, la suppression de la liste nationale et la conservation de la province comme circonscription électorale pour les élections législatives. L’opposition demande en outre la vérité et la justice pour tous les crimes économiques et de sang sans discrimination et l’accélération du traitement des dossiers des martyrs et des blessés de l’insurrection populaire et du coup d’Etat manqué. Dans cette plate-forme, le CFOP suggère au régime en place de mobiliser trois régiments au Nord, de créer une troisième région aérienne à Ouahigouya et de doter les Forces de défense et de sécurité de moyens conséquents pour contrer le terrorisme. Sur la question de la politique monétaire, l’opposition invite le chef de l’Etat à « initier courageusement et sans tabou une réflexion sur l’avenir du F CFA, en concertation avec les autres Etats membres de l’UEMOA et d’œuvrer pour accélérer la création d’une monnaie unique de la CEDEAO comme préconisé par son traité fondateur ». Sur la question du genre, de l’éducation, de la santé, de l’accès à l’eau et à l’assainissement, du logement, du pouvoir d’achat des travailleurs, des Burkinabè de l’extérieur, la plate-forme de l’opposition appelle les gouvernants du moment à des réflexions pour des solutions idoines. Pour l’opposition politique, ce document a pour objectif d’offrir des marqueurs qui serviront désormais à l’interpellation du gouvernement.

Lassané Osée OUEDRAOGO


Des opposants s’expriment après le meeting

Me Gilbert Noël Ouédraogo, président de l’ADF-RDA : « C’est un meeting qui répond aux normes démocratiques ». « J’apprécie très bien cette sortie de l’opposition politique. Elle a été l’occasion pour nous de présenter notre plate-forme qui comporte deux points relatifs aux attentes et préoccupations dans les différents domaines. Aussi, ce meeting a permis au chef de file de l’opposition de revenir sur certaines grandes questions de la Nation et de donner la position du cadre de concertation des partis politiques du CFOP. Je voudrais remercier l’ensemble de nos militants qui se sont massivement mobilisés pour prendre d’assaut la Maison du peuple malgré la campagne de démobilisation qui a été faite sur le terrain par les uns et les autres pour les y empêcher. C’est un meeting qui répond aux normes démocratiques, car dans une république, la majorité gouverne et l’opposition s’oppose. Nous allons poursuivre dans ce sens en demandant à tous nos militants de se tenir prêts à répondre à tout appel du CFOP pour des mots d’ordre à venir» .

Achille Tapsoba, président par intérim du CDP : « Rien ne sert de s’opposer le jour au CDP et revenir lui faire la cour une fois la nuit tombée ». « Je félicite les militants des partis politiques de l’opposition venus des quatre coins du Burkina Faso et de l’étranger qui ont contribué à faire de ce meeting de protestation un succès. La plateforme que nous venons de présenter se veut une interpellation du gouvernement sur sa façon de conduire les affaires de l’Etat. Chacun des 200 points de cette plate-forme fera l’objet de veille de la part de l’opposition, afin de contrôler et mesurer la capacité du Mouvement du peuple pour le progrès à sa mise en œuvre. Depuis l’avènement du MPP, nos militants font l’objet de flatteries diverses pour les faire basculer de son côté. Rien ne sert de s’opposer le jour au CDP et revenir lui faire la cour une fois la nuit tombée. Nous ne sommes pas avec le MPP et nous ne serons jamais avec lui tant qu’il ne changera pas sa ligne politique et sa manière de gouverner le pays. Après avoir géré le pouvoir, notre présence à l’opposition doit nous permettre de tirer des enseignements pour parfaire certaines choses et repartir à la conquête du gouvernail».

Victorien Tougouma, Président du Mouvement Africain des Peuples (MAP) : « quand on est à la tête d’un Etat, on représente tous les Burkinabè... ». « Ce meeting qui s’est tenu dans le calme et la sérénité témoigne de la responsabilité du CFOP et nous nous en réjouissons. En retour, nous demandons au MPP de faire preuve de responsabilité et de s’investir dans la recherche de solutions aux problèmes des populations, plutôt que de s’illustrer dans le populisme, l’arrogance et le mépris à travers des sorties parfois tonitruantes. Car quand on est à la tête d’un Etat, on représente tous les Burkinabè et non un parti et par conséquent, on doit du respect à tous ses concitoyens. Quant à la plate-forme, elle sera un instrument de suivi-évaluation de l’action gouvernementale».

Mamadou Kabré, président du Prit-Lannaya : « Lorsqu’on dit qu’on est la réponse, cela suppose que l’on a bien compris le problème ». « Après la déclaration sur les 100 jours de Roch Kaboré, et le mémorandum, nous nous sommes rendu compte que nous assistons à un dialogue de sourds. Dès lors, nous avons décidé de faire des propositions à la majorité, partant des attentes et préoccupations du peuple burkinabè ; c’est donc ce document qui vient d’être porté à la connaissance du public. Lorsqu’on dit qu’on est la réponse, cela suppose que l’on a bien compris le problème. Malheureusement après plus d’un an, les problèmes des Burkinabè peinent à trouver des réponses d’où la protestation de l’opposition à travers cette sortie. Les militants doivent resserrer les rangs derrière l’unique républicain, le CFOP, afin de faire entendre sa voix et ne pas écouter les sirènes du MPP qui cherchent à démobiliser».

Moussa Zerbo, député de l’UPC : « Nous devons tout faire pour ne pas décevoir ». « Ce fut une belle occasion d’interpeller le gouvernement mais également nous, députés de l’opposition parce que très souvent certains ont tendance à oublier qu’ils ont été mandatés à l’Assemblée nationale par des populations pour défendre leurs intérêts. Ces parlementaires, une fois à l’hémicycle, se taisent sur certaines questions ou sujets d’intérêt pour les citoyens au nom des copinages avec la majorité. Alors que c’est parce qu’une partie de la population ne trouve pas son compte avec la majorité qu’ils nous ont accordé leurs voix. Nous devons donc tout faire pour ne pas les décevoir».

Propos recueillis Par Beyon Romain NEBIE

Les à-côtés du meeting

Quand la bière porte un coup au message du CFOP : Alors que le meeting battait son plein et les présidents des partis membres du CFOP se succédaient à la tribune pour dévoiler le contenu de leur plate-forme, certains militants s’adonnaient à cœur joie et sans retenue aucune à la bière au maquis en face du hall de la Maison du peuple. Et le hic dans tout cela c’est que parmi ceux qui cuvaient les bouteilles au moment le plus important du meeting, on comptait des figurent non moins emblématiques de l’opposition. Un spectacle peu honorable pour ces opposants !

Sauvés avec un caisson : Au moment des interventions, certains opposants dont la taille faisait cruellement défaut ont dû recourir aux caissons du matériel de sonorisation pour se rehausser, le comité d’organisation ayant omis d’en tenir compte. Parmi ces hommes de petite taille qui peinaient à faire apparaître leurs visages à l’objectif des caméras et autres appareils photos, on peut retenir Léonce Koné du CDP, le député Adama Sosso de l’UPC et Jean-Hubert Bazié de la Convergence de l’Espoir. Mais ce n’est pas si mauvais, car en d’autres circonstances, avoir une petite taille peut être avantageux !

Chapeau à la sécurité ! : Les forces de sécurité, notamment la police et la gendarmerie se sont singulièrement distinguées par leur professionnalisme. Sous un soleil à calciner la peau, les éléments commis à la tâche fouillaient systématiquement et sans exception tout véhicule avant qu’il ne franchisse l’entrée principale de la cour de la Maison du peuple. Ensuite au hall où ils ont placé leurs barrières, on assistait également à une fouille minutieuse (y compris les organisateurs) avant d’accéder aux gradins à l’intérieur. Chapeau à vous, chers policiers et gendarmes !

Nana Tibo, star à la Maison du peuple : Le président du parti Rassemblement démocratique populaire (RDP), Nana Tibo, a fait parler de lui lors de ce meeting de l’opposition politique. Venu à la Maison du peuple à bord de son véhicule couvert de posters de l’ancien président Blaise Compaoré, Nana Tibo s’est fait remarquer dans la cuvette de la Maison du peuple. Dans la rangée des militants du CDP, ce tonitruant ancien conseiller municipal, qui a fait la prison dans l’affaire des émeutes de la faim en 2007, a été acclamé et accosté par plusieurs militants pour des photos de souvenir.

La vieille dame et les pas de danse de Zeph : Au moment de la prestation de l’artiste musicien, Oscibi Johann, une vieille dame, sous le poids de l’âge, a créé le spectacle en trompant la vigilance de la sécurité pour monter sur le podium et se diriger vers le présidium. Elle est très vite rattrapée par la sécurité qui tente de la faire descendre. Devant sa résistance, Zéphirin Diabré demande de la laisser avancer. Il se lève et va à sa rencontre pour l’écouter religieusement et esquisser quelques pas de danse avec elle. Après Zeph, c’est dans les oreilles de Gilbert Noël Ouédraogo de l’ADF/RDA que la vieille dame va aller souffler quelques mots avant de descendre et disparaître dans la foule.

Rassemblés par B.R.N & L.O.O


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