Les députés ont voté à l’unanimité, le jeudi 20 avril 2017 à l’hémicycle, la loi portant réglementation générale du secteur de l’énergie au Burkina Faso, consacrant ainsi la libéralisation du secteur.
Résolument engagé à faire face au déficit énergétique, le Burkina Faso a ouvert le secteur des énergies aux producteurs privés. La loi qui consacre cette libéralisation a été adoptée, hier 20 avril à l’unanimité par l’ensemble des 105 votants du jour. Selon le ministre de l’énergie, Pr Alfa Oumar Dissa, cette loi va permettre de résoudre, un tant soit peu, le problème de déséquilibre entre les besoins des citoyens en électricité et l’offre de la Société nationale d’électricité du Burkina Faso (SONABEL). « Le taux de couverture en électricité demeure de nos jours à 19%. Nous sommes donc partis des goulots d’étranglement à l’extension convenable de cette couverture pour proposer la loi qui vient d’être adoptée », a-t-il fait savoir. Et de poursuivre : « Aussi le gouvernement a pris la ferme résolution de donner une nouvelle orientation à la politique énergétique au Burkina Faso à travers une transition claire vers les énergies renouvelables en vue d’inverser la tendance ». Le nouveau texte a introduit des innovations majeures dans le secteur des énergies, notamment la production d’électricité au pays des Hommes intègres. On peut noter, entre autres, la suppression de la segmentation permettant l’installation de producteurs indépendants d’électricité sur l’ensemble du territoire national, la possibilité pour les clients de s’approvisionner en électricité auprès des fournisseurs de leur choix et la prise en compte des dispositions communautaires prévues dans le cadre de la construction du marché sous-régional de l’électricité. La nouvelle loi prévoit également des sanctions à l’encontre des personnes indélicates qui font des installations parallèles très préjudiciables à la SONABEL.
Les députés ont tous salué la décision du gouvernement de libéraliser le secteur. Cependant lors du débat général qui a précédé le vote, certains d’entre eux ont émis des inquiétudes sur des « incohérences » constatées dans la loi, précisément le fait qu’elle parle de réglementation générale du secteur de l’énergie alors que les hydrocarbures n’y sont pas pris en compte. D’autres parlementaires ont questionné le gouvernement sur les mesures prises pour éviter que le prix du kilowattheure ne soit laissé à la guise des producteurs privés. Sur le premier point, le représentant du gouvernement a précisé que le domaine des énergies est très vaste et complexe. Aussi l’exécutif prévoit introduire des modifications pour prendre en compte les hydrocarbures en temps opportun. S’agissant des dispositions prises pour garantir l’intérêt des consommateurs, Alfa Omar Dissa a laissé entendre que la préoccupation sera prise en compte dans l’élaboration des décrets d’application et des cahiers des charges fixant les prix. « Sinon nous aurons des prix différents en fonction des producteurs et d’une localité à une autre », a-t-il conclu. En tous les cas, la tendance doit être à la baisse, selon la vision et la politique du gouvernement, foi du Pr Dissa. Prenant la parole par la suite, le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, a exprimé sa satisfaction pour la décision du gouvernement de garder le monopole des hydrocarbures. « Ailleurs où le sous-secteur des hydrocarbures a été libéralisé, sa gestion est devenue difficile occasionnant des importations de carburant frelaté », a indiqué l’occupant du perchoir. Il a qualifié la nouvelle loi de révolutionnaire dans la mesure où elle va permettre au Burkina Faso de mettre à la disposition du plus grand nombre des citoyens de l’électricité et à moindre coût.
Beyon Romain NEBIE