Le ministre de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique, Nestor Batio Bassière a effectué, les 13 et 14 avril 2017, une tournée dans la région de l’Est. Cette sortie lui a permis de toucher du doigt les potentialités et les menaces liées au développement de la faune et de la flore de la localité.
Le Burkina Faso est riche de son patrimoine faunique et floristique. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour dans la région de l’Est. Selon l’inventaire réalisé par la Direction régionale de l’Environnement, de l’économie verte et du changement climatique (DREEVCC), plus de 60 espèces de mammifères, 378 espèces d’oiseaux, 94 espèces d’insectes et 80 espèces de poissons y vivent dans les différentes aires protégées. Les produits forestiers non ligneux abondent aussi en nombre et en diversité. Ce capital régional n’est pourtant pas à l’abri de multiples menaces pouvant même conduire à sa disparition. C’est pour s’imprégner de cette réalité et définir de nouvelles orientations politiques de préservation que le « patron » en charge de la question environnementale s’est rendu dans la région, les 13 et 14 avril 2017. 48 heures, c’est le temps, en effet, que le ministre Nestor Batio Bassière a passé à explorer les aires fauniques et à échanger avec les acteurs de leur protection. Pour lui, cette sortie sonne comme un devoir car, dit-il, « la place du premier responsable de l’environnement n’est pas dans un bureau mais dans la nature ».
Un potentiel constamment menacé
Le début de son « aventure » dans la savane orientale du pays a d’abord été marqué par une halte à la DREEVCC de Fada N’gourma. Là, un tête-à-tête avec le personnel de la direction lui a permis de s’informer sur le fort potentiel faunique, floristique et hydraulique de la région. Profitant de la présence de leur premier responsable et de son équipe technique, les agents ont aussi dépeint les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans la gestion quotidienne de ces ressources. A les écouter, l’insuffisance d’infrastructures, de matériels et d’hommes limite fortement leur action. A cela, il faut ajouter, aux dires du directeur régional, Barnabé Kaboré, les feux incontrôlés, l’ensablement des cours d’eau, la divagation des animaux, la forte pression agricole, l’orpaillage et le braconnage local et transfrontalier qui mettent aussi à mal la conservation de la faune. Cette « triste » réalité, c’est effectivement sur le terrain que le ministre et son équipe vont en avoir davantage les preuves. En effet, durant les deux jours de leur parcours à travers les quatre zones de chasse de la province du Kompienga (Pama centre-nord, Pama centre-sud, zone de Konkombouri et Pama sud), ils ont pu constater, de visu, les peines des forestiers. Des bâtiments vétustes et dénudés, quelquefois le toit presque parti et/ou sans portes, leur servent souvent de postes de contrôle dans la forêt giboyeuse. Des motos d’un autre âge constituent aussi les seuls moyens de déplacement de certains agents. Cette précarité est un frein à l’efficacité d’action des forestiers quand elle n’augmente pas les risques qu’ils encourent dans l’exercice de leur fonction. L’exemple le plus illustratif, c’est cet agent rencontré à Konkombouri qui a été obligé, à cause d’une panne, de finir son trajet à pied sur des dizaines de Km. Ce dernier, pourtant, détenait par devers lui plusieurs millions de FCFA comme recettes à verser aux fiscs, a expliqué le directeur provincial en charge de l’environnement dans la Kompienga, Bernard Bingo. Quid des armes de service ? Le constat est tout aussi amer à ce niveau. Dans plusieurs postes de la région, si elles ne sont pas en nombre insuffisant ou de modèle dépassé, ce sont les munitions qui font défaut, selon les premiers responsables. Toujours au titre des difficultés liées au potentiel faunique, il y a les conflits récurrents faune-homme. Ils posent un problème de cohabitation difficile entre les animaux et les populations, d’une part, et, entre les concessionnaires et les populations, d’autre part. Même si l’Etat semble trouver la formule à sa résolution à travers l’indemnisation des individus victimes des dégâts causés par les animaux sauvages, le problème est encore réel dans la zone.
Un investissement créateur d’emplois « verts »
De la tournée du ministre Bassière, il a été donné de constater aussi que la nature a des effets pervers sur le capital faunique de la région de l’Est. L’ensablement et l’assèchement rapide des points d’eau du fait de la péjoration du climat constituent un handicap à l’épanouissement des animaux. A ce sujet, le ministre de l’Environnement n’a pas manqué de saluer l’investissement des concessionnaires dans l’entretien des mares et l’aménagement de forages ou de zones irriguées au profit des animaux. Cette action est salutaire, a-t-il souligné car sans eau, « il n’y aura plus d’animaux sauvages ». Au-delà de ce geste « salvateur », le ministre a aussi félicité les concessionnaires pour leur contribution au développement socio-économique local. Car, outre les dons multiformes, les propriétaires privés de réserves se sont attachés à rétribuer avec les populations locales les bénéfices de la chasse. A Pama, les membres du Comité villageois de gestion de la faune (CVGF), ont confié avoir reçu 11 millions de FCFA au titre des recettes de la chasse de 2013 à 2015. Dans cette zone, plus d’une soixantaine d’employés dont plus de 40 saisonniers et 20 permanents travaillent avec le concessionnaire Benjamin Bassono. Aux dires de ce dernier, les salaires mensuels versés s’élèveraient à « plus de 4 millions de F CFA ». Cela dit, tout comme dans la zone de chasse de Pama, l’apport économique en lien avec les investissements des concessionnaires est remarquable à plus d’un titre. Pour le ministre Bassière, au regard de cette situation, l’Etat se doit d’accompagner les efforts des promoteurs privés. Ce, dans la mesure aussi où les actions de ces derniers se sont inscrites dans la vision du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, lorsqu’il avait prôné de « développer une économie verte créant des emplois verts », a-t-il signifié. A écouter le ministre de l’Environnement, il est impératif également que l’Etat agisse afin de faire face aux difficultés qui minent l’efficacité des agents des eaux et forêts. A ses collaborateurs, Nestor Batio Bassière leur a réaffirmé son engagement à défendre la question au niveau des instances décisionnelles.
Des merveilles à portée de main
La mission exploratoire du ministre de l’environnement a été riche en enseignements surtout en ce qui concerne la diversité faunique du pays. En effet, à travers sa ronde de deux jours, même si des espèces comme le lion, le chacal et l’hippopotame se sont faites désirées, l’équipe a pu observer quelques mammifères et des oiseaux sauvages dans leur milieu. Parmi les troupeaux aperçus, on y compte plusieurs espèces d’antilopes comme les coba, les Cobs de Buffon, aussi des chimpanzés, des phacochères et de gros mammifères tels que les buffles et les éléphants. De l’avis du ministre Bassière, cette faune est une richesse pour le Burkina Faso au même titre si non plus que l’or. Si elle est bien préservée, elle est rentable à plusieurs niveaux aussi bien pour les générations présentes que futures, a-t-il soutenu. Et aux burkinabè en quête de merveilles à observer, il n’y a pas lieu, a assuré le ministre Bassière, d’aller dans des pays lointains pour se faire plaisir. Elles sont à portée de main dans cette savane à la faune diversifiée de la région de l’Est. Foi du « patron » en charge de l’environnement.
Satisfecit des acteurs
A l’issue de sa tournée, le ministre Nestor Batio Bassière s’est dit « satisfait » de sa sortie. Pour lui, elle a été utile dans la mesure où elle va permettre de prendre des mesures appropriées pour renforcer les capacités d’anticipation dans la gestion des problématiques de la faune sur la base des réalités constatées. Tout comme lui, les premiers responsables en charge de l’environnement dans la région se sont réjouis du fait que le ministre ait consenti à se déplacer dans la zone en vue de toucher du doigt les réalités du terrain. « Cela témoigne de l’intérêt qu’il accorde à la question environnementale et de sa disponibilité à être à l’écoute de ses collaborateurs », a confié, le directeur régional de l’environnement de l’économie verte et du changement climatique, Barnabé Kaboré. S’estimant aussi heureuses de la visite du premier responsable de l’environnement, les populations locales ont traduit leur reconnaissance à son égard et ont affirmé leur volonté de toujours accompagner le gouvernement dans la gestion de la faune. Pour sa part, le ministre Bassière les a invités à soutenir les concessionnaires et à mettre l’accent sur le dialogue et la concertation pour la résolution des différends qui pourraient subvenir dans leurs rapports. Nestor Batio Bassière a aussi salué les efforts des agents des eaux et forêts qui s’emploient au quotidien à accomplir leur mission malgré les moyens limités. Du reste, il les a interpellés sur le respect de la déontologie du corps. A l’en croire, les textes sont en relecture et les sanctions à l’égard des agents indélicats ou complices de trafic de bois, de braconnage ou d’orpaillage seront sans appel. « Nous n’aurons aucune pitié pour eux parce qu’ils n’ont pas eu pitié de la nature », a-t-il martelé. Au demeurant, il a exhorté tous les acteurs à dénoncer tout acte frauduleux qu’il soit posé par un braconnier, un agent de terrain ou un chef de service.
Mamady ZANGO