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Opération Panga : Quand trois états-majors se retrouvent
Publié le mercredi 12 avril 2017  |  L`Observateur Paalga
L’armée
© Autre presse par DR
L’armée burkinabè




Le mercredi 5 avril 2017, au nord-Burkina, a été consacré à la rencontre entre les trois états-majors dans cette offensive tripartite contre le terrorisme qui comprend les armées malienne, française et burkinabè. L’objectif était de faire le bilan des opérations menées et d’encourager les différentes troupes. Récit d’une journée riche en émotion.



Il est 7h 20 au camp de base à Djibo, quand la colonne de véhicules s’ébranle vers Nassoumbou, à une quarantaine de kilomètres de là. L’évocation du nom Nassoumbou nous rappelle qu’il s’agit d’un endroit où l’armée burkinabè a payé un lourd tribut dans la lutte contre le terrorisme. Le 16 décembre 2016, à 5 heures du matin, au moment où beaucoup étaient encore dans les bras de Morphée, des assaillants, lourdement armés, qui ont pris soin de pousser leurs véhicules qu’ils ont eux-mêmes éteint jusqu’au camp, afin que le réveil des soldats burkinabè soit encore plus douloureux. Ils firent parler la poudre faisant 12 morts. Dès notre départ de Djibo, nous sommes escortés du ciel par un petit avion de reconnaissance et de surveillance de fabrication brésilienne, le Tucano. Plus d’une heure vingt minutes a été nécessaire pour parcourir la quarantaine de kilomètres entre les deux localités. Cela montre l’état dégradé de la route empruntée.

Je retrouve le camp de Nassoumbou, une année après, presque jour pour jour. En mars 2016, une visite de presse y était organisée par notre état-major. C’étaient les éléments de l’opération Gabi qui l’occupaient à l’époque, et les cieux étaient tout de même plus cléments. C’est vrai qu’il y a deux mois de cela (15 janvier 2016), l’on avait enlevé un couple (les Elliot), concomitamment aux attaques survenues dans la capitale. Mais l’on ignorait qu’une action tout aussi dramatique surviendrait une année après. Aujourd’hui, l’endroit n’est occupé que par quelques tentes isolées. C’est vrai qu’elles sont toujours là, mais aujourd’hui, des bâtiments à matériaux définitifs, des fortifications, des tranchées et autres barbelées donnent un visage plus sévère à ce lieu.

Nous y trouvons une des trois compagnies de l’opération Panga et des militaires français du si bien nommé Détachement de liaison et d’assistance opérationnelle (DLAO), une entité dont le fort est la capacité de guidage aérien pour appuyer les soldats. Un nouveau cortège encore plus impressionnant est constitué, pour une destination que ne nous a pas indiqué notre capitaine. Nous quittons Nassoumbou, prenons la direction ouest, avant de faire une bifurcation qui paraît très longue vers le nord-ouest, tant la forêt, constituée essentiellement d’épineux, règne. Bizarre ! Aucune présence de vie humaine apparemment. Et pourtant ! Mais comme sur nos têtes, le Turcano veille au grain… Plus d’une heure après, nous sommes en vue d’une clairière. Comme un mirage, des véhicules militaires émergent, ensuite ce sont des hélicos et des blindés à perte de vue.

Nous sommes à Okoulourou et nous apprenons enfin que c’est à cet endroit qu’aura lieu la rencontre entre les trois états-major. En rappel, ce hameau, occupé essentiellement par des Touaregs, faisait parties des zones querellées entre le Mali et le Burkina. Ce qui nous a valu d’ailleurs deux guerres (en 1974 et en 1985) surnommées avec raillerie par les Occidentaux de «guerre des pauvres». Depuis lors, la paix des braves a été signée et la Cour internationale de la Justice de la Haye aidant, les deux parties se sont partagées ces différentes zones, aussi inoccupées et inhospitalières que la Sibérie. La preuve, se tiendra dans quelques instants une réunion militaire de trois pays représentés par leurs armées ; il s’agit bien entendu des armées burkinabè, malienne et française à travers la force Barkhane.

Rarement vu aussi vaste étalage de machines de guerre que ceux déployés en cette matinée du mercredi 5 avril 2017. Des armes, aussi meurtrières les unes que les autres, s’étendaient à perte de vue, sans oublier celles que l’on a pris soin de camoufler derrière les dunes et les épineux. Dans le ciel, des avions de chasse français fendaient l’air avec grand bruit.

Intimidant. Au sol, a ravi la vedette, l’énigmatique véhicule français dénommé, VBCI, un véhicule blindé de combat tout-terrain à huit roues, climatisé, équipé de tous les moyens de communication modernes, avec un blindage qui résiste aux balles et aux mines et dont les pneumatiques sont capables de parcourir 100 km après avoir été transpercé par les balles.

Les trois chefs d’états-majors sont arrivés à bord d’un hélicoptère, escorté lui-même par un autre plus véloce, le redouté Tigre au canon menaçant. A leur descente, un briefing sur le bilan de l’opération a été fait par les différentes armées. Un résultat applaudi en ces termes par notre chef d’état-major général des armées, le général Oumarou Sadou : « Mon général (le commandant de Barkhane, François-Xavier de Woillemont), je pense qu’il faut les féliciter. Ils (les soldats) ont abattu un travail formidable. Il s’agit vraiment d’une opération bien coordonnée. Mais il faut qu’on accélère. Personne ne va venir se battre à notre place. En tant que militaire, nous devons aller là où les autres ne vont pas. Il nous faudra grenouiller. (Ndlr : en langage militaire, ne pas suivre un chemin tout droit, évoluer selon les circonstances) Ils (les terroristes) ne sauront pas quand est-ce qu’on va revenir, mais nous serons toujours là ». Enfin, les trois hautes personnalités militaires sont parties pour féliciter les différents contingents. Et en la matière, notre CEMGA a sa méthode. Il interpelle un soldat choisi au hasard dans le rang par la formule « Naaba, vous pouvez venir ? », s’informe sur sa garnison d’origine et lui demande comment ça va. Gonflés à bloc et honorés par cet intérêt généralissime, les différents soldats ont manifesté leur bonheur de servir leur chère patrie.



Issa K. Barry
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