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Crise à la CAMEG : enfin le bout du tunnel !
Publié le lundi 10 avril 2017  |  Sidwaya
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© Ministère par D.R
Sortie de crise à la CAMEG : le ministre de la santé et les différents acteurs signent un protocole d`accord
Le ministre de la santé, Pr Nicolas Méda, et les acteurs de la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG) ont signé le samedi 8 avril 2017, à Ouagadougou un protocole d’accord




Les protagonistes de la crise à la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG), ont signé, le samedi 8 avril 2017 à Ouagadougou, un protocole d’accord transactionnel consacrant une sortie de crise.
Après près d’un an de crise de gouvernance, la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG) sort enfin de la tourmente. En effet, les deux groupes de dirigeants en conflit (présidents de conseil d’administration et directeurs généraux sortants et entrants), d’une part Jean Chrysostôme Kadéba et Bocar Kouyaté et d’autre part, Damien Koussoubé et Salifou Konfé, ont signé, le samedi, 8 avril 2017 à Ouagadougou, un protocole d’accord transactionnel consacrant une sortie de crise. Témoin privilégié de cet acte, le ministre de la Santé, Pr Nicolas Méda, a expliqué que l’accord, arraché après moult tractations, se décline en trois points. Premièrement, l’acceptation des parties opposées de renoncer aux actions judiciaires pour résoudre la crise. Deuxièmement, l’engagement des protagonistes à quitter leurs fonctions et à trouver une solution à l’amiable pour ce qui les oppose. Troisièmement, l’option prise par le ministère de la Santé de choisir un administrateur provisoire pour assurer la continuité du fonctionnement de la CAMEG, dans l’optique de rassurer les partenaires techniques et financiers. Le ministre Méda n’a pas dévoilé, pour autant, le nom de la personnalité retenue pour présider momentanément aux destinées de la centrale des médicaments, promettant le faire cette semaine. Il s’est contenté de décrire l’ « heureux élu » comme étant un professionnel de la pharmacie, respecté et réputé pondéré de caractère. Celui-ci, à écouter le chef du département de la santé, aura à travailler pendant six mois pour trouver un statut, qui va mettre définitivement la CAMEG à l’abri de toute crise institutionnelle. « Cet accord connaît des imperfections mais nécessitait des compromis, à cause de la mise en œuvre de la politique sanitaire, dont le programme-phare est la gratuité de soins. Il y a eu et il y aura des incompréhensions, mais tout le monde doit convenir que nous avons passé 11 mois de crise, de laquelle nous devons sortir. L’intérêt général est d’assurer la santé des populations », a soutenu le Pr Méda. Pour lui, l’obtention de ce modus vivendi n’a a été possible que grâce au dialogue. « Il n’y a pas eu de potion magique. Le nouveau gouvernement a choisi comme doctrine, le dialogue social et la concertation pour résoudre l’ensemble des crises auxquelles sont confrontées les institutions. C’est ce que nous avons mis en œuvre pour faire parler les parties afin de parvenir à cet accord qui va mettre la CAMEG sur de nouveaux rails », a argué le ministre de la Santé. Il a souhaité l’accompagnement des partenaires de la CAMEG pour le succès de l’accord. Les parties prenantes à la crise, elles, ne se sont pas montrées bavardes, préférant s’en tenir aux propos du ministre de tutelle. La CAMEG a été créée en 1998, avec pour entre autres objectifs, de mettre en circulation, les médicaments essentiels génériques, à des prix sociaux sur le territoire national, et de garantir la disponibilité des médicaments essentiels génériques de qualité conformément à la règlementation nationale et internationale en vigueur. Elle a même été présentée comme une centrale modèle dans la zone UEMOA, avant de sombrer quelque peu dans des difficultés de gestion.

Kader Patrick KARANTAO

Piqûre de rappel…
La CAMEG semble coutumière des crises de gouvernance. En décembre 2014, la société a connu des difficultés, qui avait amené le Conseil d’administration (CA) a décidé d’une période d’intérim de la direction générale, le temps de trouver une solution durable. Le Dr Jean Chrysostôme Kadéba a été chargée de conduire cette période, censée être mise à profit pour la relecture des textes statutaires de la CAMEG et le recrutement d’un nouveau Directeur général (DG). Des réflexions ont été menées dans ce sens, qui ont abouti au maintien de la forme juridique actuelle de la Centrale, avec le renforçement de ses organes de gouvernance, et son érection en association d’utilité publique. Le personnel n’attendait plus que l’application des statuts revus de la CAMEG, devant consacrer la mise en place de nouvelles instances dirigeantes (assemblée générale et conseil d’administration) et l’embauche d’un nouveau DG par les nouvelles autorités, quand une autre crise institutionnelle est apparue en mai 2016. La décision de l’ex-ministre de la Santé, Smaila Ouédraogo, de changer les deux administrateurs représentant son département, le DG intérimaire et de remplacer le représentant du ministère de tutelle dans le Comité de supervision, a entraîné un climat de tension. Les anciens Président du conseil d’administration (PCA) et DG, respectivement Bocar Kouyaté et Jean Chrysostôme Kadéba et les nouveaux promus, Salifou Konfé et Damien Koussoubé, vont entrer en conflit. Se disant lésés de part et d’autre, les deux camps vont se livrer une bataille judiciaire sans précédent, s’accusant mutuellement de faux et usage de faux ou d’usurpation de titres. L’affaire connaîtra plusieurs rebondissements devant les tribunaux. Sans compter la délivrance d’un récépissé de déclaration d’existence d’une association dénommée « Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (CAMEG) » par les autorités compétentes.
Ce developpement de l’affaire a semé inquiétude et confusion chez les agents de la boîte, qui redoutaient la création d’une nouvelle CAMEG. Face à la gravité de la situation, un comité de crise a été mis en place pour sortir la centrale des fortes zones de turbulences traversées. Avec la signature du protocole d’accord transactionnel consacrant une sortie de crise, une nouvelle ère de sérénité s’ouvre donc pour la CAMEG, qui est confrontée à plusieurs défis. Selon un audit de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de la lutte contre la corruption (ASCE-LC), réalisé entre septembre et novembre 2016, la centrale connaît plusieurs problèmes. Entre autres, on peut noter, le déficit dans le recouvrement des créances, la pré-qualification des fournisseurs et des sources d’approvisionnement, le manque de trésorerie pour honorer les factures fournisseurs, et la défaillance dans la gestion des ressources financières, humaines et matérielles.

K.P.K
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