Sylvie. M. Guiguemdé, est une femme d’affaire burkinabè résident au Canada. A l’occasion du 5e forum Afrique développement qui s’est tenu les 16 et 17 mars 2017 à Casablanca au Maroc nous l’avons rencontrée. Dans cette interview accordée à Sidwaya, la promotrice des journées culturelles et économiques du Burkina au Canada se prononce sur les défis du développement de l’Afrique, les opportunités d’affaire au Canada pour les entrepreneurs africains et des difficultés rencontrées par la communauté burkinabè dans son pays hôte.
Sidwaya (S) : Burkinabè vivant au Canada, comment vous êtes retrouvé à ce forum économique qui se tient à Casablanca au Maroc ?
Sylvie .M. Guiguemdé (S.G) : Sous la bannière de l’agence Fleur d’Orchidée, spécialisée en service-conseil aux étudiants internationaux et aux investisseurs étrangers, je fais partie d’une délégation de 30 hommes d’affaires Canadiens pour une mission au Maroc du 11 au 19 mars 2017. Cette mission est organisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie Al Maghreb au Canada. C’est dans le cadre de cette activité que nous avons été conviés à ce 5e Forum International Afrique Développement, du 16 au 17 mars 2017 à Casablanca.
S : Et quels sont les défis auxquels l’Afrique de demain sera confrontée?
S.M.G :A travers ce forum, il a été question de mettre en exergue une série de réalités et d’enjeux auxquels l’Afrique est confrontée. Le problème qui se pose c’est que le modèle africain est unique en son genre. Il est confronté à des problèmes d’éducation, de santé publique, et d’urbanisation, d’où la nécessite de rencontres de cette nature pour créer une synergie afin de trouver de nouveaux modèles de croissance inclusives. Ainsi, il faut redynamiser et créer des opportunités pour faire en sorte que ces partenariats soit faits, que ce soit par des créations de richesses et de chaines de valeur ou par des joint-ventures pour favoriser le développement sud-sud.
S : Vous êtes promotrice d’activités culturelles et économiques burkinabè au Canada. Pourquoi une telle initiative ?
S.M.G : En effet, nous organisons chaque année, et ce depuis 2011, les journées culturelles et économiques Burkinabè du Canada. C’est une occasion unique pour les gens d’affaires canadiens de connaitre les opportunités d’investissements au Burkina Faso. C’est également une opportunité pour moi de promouvoir le tourisme burkinabè, vu qu’en 2013, j’ai été nommée représentante de l’Office National du Tourisme Burkinabè en Amérique du Nord. Finalement, c’est une opportunité pour la diaspora burkinabè, de valoriser notre patrimoine culturel, grâce à la plus grande vitrine du Burkina Faso au Canada et au Gala Miss Burkina Canada.
S : Résident au Canada et précisément à Montréal, comment se porte cette communauté burkinabè du Canada ?
S.M.G : La communauté burkinabè au Canada est de plus en plus grandissante. Chaque année, de nombreux étudiants arrivent pour étudier dans les différentes provinces du Canada. Après leurs études, ils se trouvent des stages et postulent à des emplois. Certains fondent alors des familles, et d’autres retournent au Burkina pour contribuer au développement du Burkina. Par contre, il y a aussi de plus en plus de familles qui arrivent au Canada dans le cadre du programme « travailleurs qualifiés » (fédéral) offert par Citoyenneté et Immigration Canada. Pour toute cette diaspora, nous essayons d’organiser sur une base régulière, des activités socio-culturelles, comme les Journées Culturelles et Economiques Burkinabè du Canada, qui se veulent apolitiques. Ces activités contribuent au rayonnement du Burkina Faso sur la scène internationale.
S : Quelles peuvent êtres les difficultés que les burkinabè vivants au Canada rencontrent ?
S.M.G :Bien qu’il existe de nombreux avantages à immigrer au Canada, nous rencontrons de nombreux obstacles de divers ordres. Il y a par exemple le climat. Le Canada a un hiver parmi les plus rigoureux du monde. Les températures en hiver peuvent descendre jusqu’à -50°C. Un climat qui impose un quotidien et des rapports sociaux «plus individualistes» et très différents des réalités africaines, ce qui engendre beaucoup de nostalgie, surtout au début du séjour. Aussi, certains diplômes, obtenus soit en Afrique, soit même en Europe, ne sont pas acceptés au Canada. De plus, le processus des équivalences est très long et complexe, si bien que certains préfèrent reprendre une grande partie de leurs études pour obtenir des diplômes canadiens. En outre, les lois canadiennes sont, souvent, différentes des réalités africaines. En Afrique, on peut frapper un enfant, ça fait partie d’une correction. Ici, ce n’est pas permis et vous risquez de vous faire retirer vos enfants par la police ou les services sociaux.
S : Le Canada est-il une terre d’opportunités pour les jeunes africains ?
S.M.G:Le Canada dispose de plusieurs atouts. Parmi ses avantages principaux, il y a l’emplacement, les ressources naturelles, une économie diversifiée, un système d’éducation publique de grande qualité, un régime fiscal de plus en plus attractif, et une stabilité institutionnelle et politique. De plus, la dimension du Canada, sa beauté et sa nature exceptionnelle attirent aussi. Le Canada est une terre de ressources pour l'avenir, au même titre que le Brésil, l'Australie ou l'Afrique du Sud. Il possède la deuxième réserve d'eau naturelle et la deuxième réserve de pétrole au monde, sans compter d’autres débouchées comme le blé, le soja, le gaz, la potasse… C'est pourquoi le Canada apparaît comme une terre d'opportunités pour les entrepreneurs. Par ailleurs, selon Statistique Canada, les personnes d’origine africaine constituent un des plus grands groupes ethniques non européens au Canada, et le nombre de personnes d’origine africaine augmente de façon beaucoup plus rapide que l’ensemble de la population.Le Canada est une terre de liberté. Et le pays a énormément bénéficié de l'apport des immigrants. Ici, la tradition d'accueil est une réalité. Les immigrants comprennent qu'ils trouvent au Canada des acquis. Cependant, ils doivent aussi faire des efforts pour s'adapter à leur démocratie, à leurs lois, à leurs coutumes, sans pour autant devoir renier leur propre culture.
Interview réalisée par
Steven Ozias KIEMTORE