Les conclusions du symposium international sur le dialogue des religions et des cultures tenu à Ouagadougou du 3 au 7 février 2017 ont été rendues publiques ce mercredi 15 mars. Selon les organisateurs, le symposium a été une réussite de par l’aréopage de personnalités présentes et la diversité de leurs origines.
Organisé par la plateforme Dialogue dont le comité d’initiative est présidé par l’ambassadeur Filipe Savadogo et le docteur Lazare Ki-Zerbo, le symposium de Ouagadougou avait pour objectif, de renforcer tous les mécanismes du «vivre-ensemble» malgré toutes les différences. Et pour le professeur Kifle Selassié, «l’autre nom du développement, c’est la paix». Le symposium de Ouagadougou a donc été un cadre d’échanges entre des différentes personnalités pétries de connaissances, des jeunes et des femmes.
Entre autres, le panel sur les partages d’expériences présidé par Antoinette Montaigne, présidente de la commission vérité et réconciliation en Centrafrique, s’est plus nourri de témoignages. Pour monseigneur Nicodème Barrigah et le pasteur Moïse Napon, une commission de réconciliation doit répondre à deux questions fondamentales : que faire pour sortir un pays d’une situation de crise, et que faire pour que les crises ne se reproduisent plus ? Pour les deux personnalités, «même si les procédés sont différents, une réconciliation repose sur quatre piliers. La recherche de la vérité qui passe par l’écoute des victimes, la justice, un programme de réparation et des garanties de non répétition des crises».
Pour Mgr Barrigah, ce dernier pilier semble le point important dans une justice transitionnelle, car il repose sur l’idée qu’une réconciliation ne finit pas en une année. «Il est un long processus qui doit permettre de suivre les recommandations formulées», dit l’homme de Dieu. Revenant sur des questions embarrassantes que lui ont posées des croyants d’autres religions, l’avis de l’évêque sur le dialogue interreligieux et interculturel se veut clair : «Les responsables religieux doivent changer leur regard sur les pratiques des uns et des autres afin de donner au dialogue toute son importance.»
S’inspirant de la pratique du dialogue interreligieux au sein de l’Union fraternelle des croyants de Dori, Koudbi Kaboré a démontré comment le dialogue interreligieux peut être intégré dans les stratégies de sécurité préventive en matière de religion. Pour lui, si des acteurs interreligieux se réunissent et produisent des déclarations communes condamnant les violences interreligieuses, cela montre qu’ils ne se contentent pas de renouveler les politesses du dialogue interreligieux. «Ils s’engagent dans un effort autocritique pour examiner leurs traditions religieuses et s’accorder sur des «vérités» à faire passer à leur fidèles en vue de la paix.
En termes de recommandations, le symposium de Ouagadougou propose de répertorier et capitaliser tous les mécanismes endogènes de promotion du vivre-ensemble qui naturellement, concourent à la paix dans les sociétés traditionnelles africaines mais que la modernité a de plus en plus tendance à oublier aux profits de pratiques importées et inadaptées. Le symposium recommande aussi de vulgariser le manuel d’éducation à la culture de la paix de la Cedeao édité en collaboration avec l’Unesco et la BAD en vue de son utilisation effective dans le système éducatif des pays de l’espace de la Cedeao.
Aussi, il sera organisé à Ouagadougou à l’occasion de la journée internationale de l’Afrique le 25 mai 2017, une célébration interreligieuse à laquelle seront associées toutes les confessions religieuses. Il a été également recommandé de créer des réseaux d’intellectuels, d’organisations non gouvernementales, d’entrepreneurs, de femmes, de jeunes afin de partager, d’apprendre les uns des autres et d’agir les uns avec les autres. Il est aussi prévu l’organisation d’un mini-symposium à Bobo-Dioulasso en guise de restitution des «riches» conclusions au profit d’un grand nombre de jeunes et de femmes du grand Ouest du Burkina.