L’inquiétude est désormais omniprésente chez les habitants du Nord du Burkina Faso. Et pour cause ; les groupes terroristes y menacent quotidiennement les populations du Sahel. En plein Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), des individus armés ont attaqué l’école de Kourfayel dans la commune rurale de Djibo dans la zone nord sahélienne du pays. Les assaillants ont fait deux morts dont le directeur de l’école et des blessés. C’était le vendredi 3 mars 2017. Malheureusement, ces attaques se suivent à intervalles de plus en plus rapprochés aux frontières Nord du Burkina Faso.
Ce cycle de menaces, d’enlèvements, d’assassinats et de revendications enclenché depuis 2015 a-t-il fini par nous habituer à tout, même à l’horreur ? Ce qui est de plus en plus frappant, c’est le temps de deuil qui n’est plus respecté. Il s’estompe de plus en plus vite devant la polémique politicienne. Après l’assassinat du directeur de l’école de Kourfayel, Salif Badini et son inhumation dès le lendemain 4 mars 2017 à Djibo, il n’a fallu que quelques heures pour qu’apparaissent les premières polémiques. Avant même que la délégation gouvernementale ne se rende, ce lundi 6 mars 2017, sur les lieux du drame, des voix se sont élevées pour dénoncer « un enterrement à la sauvette », un mépris à l’endroit du « vaillant soldat » qui méritait une attention particulière des premières autorités du pays. Après les dramatiques attentats du 16 décembre 2016, l’opposition politique a réagi le 21 décembre, dénonçant « un problème de réactivité » des Forces de défense et de sécurité (FDS), « des tentatives de stigmatisation » d’une frange de la société tout en affirmant l’urgence de remonter le moral des troupes.
Maintenant que les forces du mal ont décidé de s’attaquer aussi « aux transmetteurs du savoir » ; les mêmes soutiens devraient prévaloir. Mais où est le recueillement ? Où est le respect dû aux victimes et à leurs familles ? Où est la simple décence ? se demandent certains. Certes, savoir qui a tort ou qui a raison à travers ces polémiques peut avoir son importance, bien que ce ne soit pas le plus important dans des situations aussi dramatiques. Les controverses peuvent en dire long sur ceux qui nous gouvernent, mais leur apparition est un symptôme tout aussi important. Cela signifie-t-il que désormais, ce genre d’événements tragiques devient banal ? Il devient un sujet que l’on peut traiter comme n’importe quel fait divers même sanglant ! Il y a comme une banalisation de la situation sécuritaire avec des formules chocs, des communiqués routiniers relatifs aux attaques et à des « ratissages en cours » pour retrouver les assaillants. Il faut absolument retrouver les assaillants morts ou vifs pour rassurer les populations et surtout les représentants de l’Etat dans cette partie du pays. Vous avez dit souveraineté… I
l faudra, sans délai restaurer voire affiner notre capacité de renseignement mise à mal depuis l’effondrement de l’édifice Gilbert Diendéré qui, depuis plus de deux décennies, a fait ses preuves en bien comme en mal. Cela commence par une protection des informateurs des agents des forces de défense et de sécurité. Le Burkina va-t-il, au final, perdre sa partie septentrionale? Peut-être non. Seulement que la danse des assassins de la nation a assez duré ; et il faut une contre-offensive pour sauver le Sahel burkinabè. Et pour arriver à conserver l’intégrité du territoire national, les dispositifs de défense et de sécurité doivent être remis au point. Par exemple les garnisons militaires des régions visiblement pacifiques doivent déployer une partie de leur arsenal vers le Nord. En effet, la zone décrétée zone rouge ne doit plus se contenter de fragiles postes avancés. Il faut plutôt un arsenal opérationnel dissuasif afin d’espérer barrer la voie aux terroristes. Aussi, il ne sera un problème pour personne si l’Etat-major général venait à décider de la délocalisation de la base aérienne vers le Nord (à Ouahigouya ou à Dori par exemple) afin d’assurer la puissance de l’Etat dans cette localité et garantir aux populations une quiétude à tous les instants.
Wanlé Gérard COULIBALY