La situation sécuritaire dans notre pays ne cesse d’être mise à rude épreuve dans la zone du Sahel qui a enregistré à nos jours une série d’attaques suscitant une grande inquiétude au sein des populations. En effet, après les multiples attaques des positions de nos forces de défenses et de sécurité, l’école de Petèga dans le département de Diguel a reçu des visiteurs peu ordinaires le 25 janvier 2017 aux environs de 16h. Armés et cagoulés, ils ont proféré des menaces à l’endroit de l’enseignant qu’ils ont trouvé en lui enjoignant d’enseigner désormais en arabe ou de quitter le village.
La visite du ministre de l’Education nationale le 30 janvier 2017 n’a pas empêché que ces individus se signalent le 31 janvier dans les écoles des villages de Kouyé à 13 km de Baraboulé et de Goundoumbou avec les mêmes injonctions. L’école de Lassa (Département de Baraboulé) sera à son tour visitée par ces individus le même jour. Arrivés aux environs de 17h sur des motos, ils transmettent leur ordre à l’endroit des collègues. En plus de l’enseignement du coran, ils exigent le port du voile aux collègues dames.
Dans la nuit du 27 février 2017, ces individus qualifiés de djihadistes par les médias nationaux et internationaux ont encore frappé en pleine période de FESPACO. Tout laissait voir que cet évènement médiatisé dans le monde entier allait être exploité pour mettre à exécution les menaces ci-dessus évoquées.
C’est donc sans véritable surprise que le vendredi 3 mars 2017 les menaces de ces hommes ont été mises à exécution par l’assassinat du camarade SalifouBadini, directeur de l’école primaire de Kourfayel dans le Soum et d’un citoyen de ladite localité aux environs de 10h dans l’enceinte de l’école.
Les syndicats de l’éducationci-dessuscités, regroupés au sein de la coordination nationale, condamnent cet acte ignobleavec la dernière énergie. Au-delà des vies humaines qui ont été ôtées, de jeunes apprenants ont assisté à cette scène aux conséquences multiples. Assassiné sur le front de la guerre contre l’ignorance, le camarade Salifou Badini reste une victime innocente tout comme les autres travailleurs dans la région du Sahel qui vivent en ce moment dans la psychose. Comment cela a bien pu arriver ? Cette question est légitime d’autant plus que nos plus hautes autorités étaient au courant des menaces proférées antérieurement dans les localités ciblées. Nous nous rappelons que le gouvernement avait, suite aux avertissements de ces hommes en armes, pris l’engagement desécuriser les écoles et les personnels qui y travaillent. Mais rien ne fut fait. Notre pays est en train de perdre la bataille de l’éducation dans sa partie nord par la remise en cause du droit à l’éducation.
A l’analyse, le gouvernement est responsable. Du ministre de la Sécurité au ministre de la Défense, personne n’a pris une quelconque disposition pour sécuriser la zone. Aussi, toujours attachés aux valeurs de patriotisme et de solidarité nationale, nos organisations syndicales interpellent le gouvernement à prendre les dispositions idoines pour préserver l’intégrité territoriale et assurer la sécurité de la zone afin de permettre à chaque Burkinabè de vivre et travailler en toute quiétude.
Nous déplorons également le fait que le camarade Badini ait été inhumé dans l’anonymat. Il mérite le statut de martyr et doit être traité comme tel. Le monde enseignant se sent offusqué par cette légèreté et ce manque de considération à l’égard du défunt.
A son épouse et à sa famille, à toute la famille enseignante, aux élèves, aux parents d’élèves, la coordination nationale des syndicats de l’éducation présente ses sincères condoléances. Que la terre lui soit légère !
Vu la gravité de la situation, la coordination nationale des syndicats de l’éducation :
- Interpelle le gouvernement à prendre toutes les dispositions nécessaires afin d’assurer effectivement la sécurité des personnes et des biens sur toute l’étendue du territoire ;
- Affirme sa solidarité à l’endroit de toutes les victimes du terrorisme ;
- Réaffirme sa solidarité à toutes les populations du Sahel ;
- Rassure tous les travailleurs affligés de son soutien indéfectible tout en les invitant à la prudence.En aucun cas, les camarades qui ont dû quitter leur poste de travail dans ces circonstances pour préserver leur vie ne doivent être inquiétés sur le plan administratif.
Fait à Ouagadougou, le 6 mars 2017
Ont signé :
FESEB
F-SYNTER
SATEB
SNEA-B
SNEP
SNESS
SPESS
SYNAPAGER
SYNATEB
SYNTAS
SYNAPEP
SYNAVS
MONEP
SYNATRAS
SYNATRENF
STAGE
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