Fada-N’Gourma - Caroline Ouédraogo, 52 ans, brave depuis une trentaine d’années les routes de la région de l’Est pour la commercialisation du poisson et l’essor de son restaurant. Bien qu’ayant déjà frôlé la mort, cette combattante a tenu bon, et est de nos jours, un modèle de réussite pour les femmes de sa localité.
A la faveur de la célébration de la journée internationale de la femme qui se tient ce 8 mars, l’Agence d’information du Burkina est allée à la rencontre d’une femme battante qui constitue un repère pour les jeunes générations à Fada-N’Gourma.
Il s’agit de Caroline Ouédraogo, 52 ans, un véritable symbole de courage, de combativité et d’exemplarité.
Derrière son visage toujours radieux, se cache une femme travailleuse et déterminée. Mme Ouédraogo née Bambara se distingue de ses consœurs par son esprit d’entreprise, son goût pour le travail bien fait et son combat acharné pour l’amélioration du quotidien de sa famille.
A Fada-N’Gourma, cette femme très dynamique pour son âge, s’est faite une renommée dans la commercialisation du poisson de la Kompienga, dans la restauration et dans la vente de la bière locale, couramment appelée dolo.
«J’affronte la route depuis plus de 32 ans. De la Kompienga à la Tapoa en passant par Bilanga, j’ai parcouru ces grandes distances afin d’aider mon mari à scolariser nos enfants, à aider ma famille. J’ai appris ce métier auprès de ma mère quand j’avais 20 ans», raconte-elle fièrement.
Cette mère de trois enfants affirme ne pas redouter les difficultés. «J’ai été braquée par 2 fois par des coupeurs de route. La dernier fois, un des braqueurs a suggéré à son complice de me tuer. J’ai eu la vie sauve car ce dernier a répondu que ce n’était pas la peine. Ils m’ont bousculée et m’ont blessée au pied. Après mon rétablissement, j’ai repris mes voyages», se souvient celle qu’on appelle affectueusement Tantie Caro.
Toutefois, elle dénonce les mauvais payeurs. «Certains prennent à crédit et ne veulent pas rembourser. Tout ça m’empêche d’évoluer comme il se doit », se lamente-t-elle.
Selon Mme Ouédraogo, seul le travail paie. C’est pourquoi, elle dénonce l’attitude de certaines jeunes filles, attirées par le gain facile, ou qui veulent vivre au crochet des hommes.
«J’ai commencé avec 25 000FCFA que mon mari m’a offerte. Depuis, je gagne fièrement ma vie. Malheureusement nos filles de maintenant ne veulent plus travailler. Elles ne veulent plus faire souffrir leurs corps. Elles préfèrent passer de bar en bar et se faire entretenir par des hommes. Ce qui est une erreur énorme», explique-t-elle.
D’après Caroline Ouédraogo : «Les femmes devront se battre. C’est toujours mieux de prendre 25FCFA pour le faire fructifier à 50 FCFA par ton travail et ta sueur. J’emploie des filles et je peux gagner 200.000FCFA seulement dans la vente du poisson».
Loin des réjouissances et des longs discours à l’occasion de chaque 8 mars, Mme Ouédraogo estime que cette journée doit pouvoir offrir une tribune pour proposer des actions concrètes.
«Les femmes ont besoin de soutien pour améliorer leur conditions de vie et non des Djandjoba (danses) et des discours sans des actions concrètes, susceptibles de rompre le cycle de la pauvreté», se convainc-t-elle.
Agence d’Information du Burkina
Moussa CONGO