Derrière un réalisateur, se cache une pléiade d’anonymes sans qui, faire un film, serait bien impossible. Il s’agit par exemple de l’ingénieur de son, du décorateur, de la costumière, du maquilleur, des machinistes, de la scripte, du monteur… Quelques hommes et femmes burkinabè ayant choisi ces métiers dits de l’ombre nous expliquent leur rôle.
Parmi les métiers dits de l’ombre au cinéma, il y a celui de la costumière. C’est elle qui est chargée du choix des tenues portées par les acteurs pour faire exister leur personnage. Elle commence son travail bien avant le tournage du film. Selon Martine Somé, qui exerce ce métier depuis 1994, la costumière intervient dans tout ce que les comédiens portent par rapport au scénario, dans l’aspect visuel artistique. «Après avoir lu le scénario d’un film et par rapport aux indications, je fais des propositions au réalisateur afin que mes idées cadrent avec ce qu’il veut», a-t-elle expliqué. Ensemble ils décident du style vestimentaire du comédien. Mme Somé a été costumière dans «L’épopée des moose», d’Adama Traoré, «Puk nini» de Fanta Nacro, «Buud Yam» de Gaston Kaboré... Pour bien accomplir sa mission, il est important que la costumière échange avec les autres. Avec l’équipe de décoration pour voir si les couleurs du décor et des costumes sont harmonieuses. L’échange avec le chef-photo lui permettra de choisir des matières qui ne seront ni trop brillantes, ni trop sombres par rapport à la lumière prévue dans le but d’obtenir de belles images. A la question de savoir si ce métier nourrit son homme au Burkina Faso, Martine Somé répond : «Si je devrais attendre qu’une maison de production m’appelle pour me donner du travail, je mourrais de faim. Le métier de costumière ne me nourrit pas le ventre, mais l’esprit». C’est dans cette optique, qu’elle encourage les structures de formation à mettre l’accent sur les volets costumes et maquillage afin qu’ils ne soient pas banalisés en Afrique. La costumière se doit d’échanger également avec l’ingénieur de son pour éviter d’habiller un acteur avec des matières qui peuvent produire des sons indésirables, le nylon par exemple. Au Burkina Faso, Léonard Soubeiga est un professionnel en la matière. «Mon rôle consiste à capturer le son en synchronisation avec l’image dans de meilleures conditions possibles. La maîtrise de la prise de son demande une forte concentration et de l’expérience», a-t-il indiqué. A l’entendre, pour faire une bonne prise, il faut savoir maîtriser son matériel et avoir exercé le métier pendant plusieurs années. Accepter travailler avec divers réalisateurs pour acquérir de l’expérience est un atout. C’est ainsi qu’il a travaillé avec plusieurs réalisateurs dont Missa Hébié dans ’’Le fauteuil’’. Aussi bien sur des films de fiction que sur des documentaires. M. Soubeiga a confié avoir appris son métier à l’Institut national d’audiovisuel (INA) en France de 1981 à 1983. L’ingénieur de son est aidé par le perchman qui est chargé de capter au plus près la voix des comédiens.
Le Maquillage
Faire changer l’apparence d’un personnage de film d’une séquence à une autre, relève du génie de l’équipe de maquillage. Elle peut vieillir, rajeunir, égayer, rendre triste, malade… créant ainsi autant d’apparences et d’émotions que nécessite le scenario. En complicité avec les coiffeurs, les maquilleurs métamorphosent l’acteur pour littéralement le faire entrer dans la peau du personnage. Odette Bayili, maquilleuse de cinéma (2006), donne un exemple : «Maquiller un chef dans son bureau est différent quand il est dans son salon ou sur sa table à manger». Avec la coiffeuse, la maquilleuse suit les acteurs pour entretenir leur apparence. C’est un travail d’endurance. Parlant des difficultés qu’elle rencontre dans l’exercice de son métier, Mme Bayili déplore certaines réactions des comédiens qui ne veulent pas se laisser maquiller à souhait.
Jacques Christophe Kouldiati est technicien d’audiovisuel communément appelé monteur depuis une dizaine d’années. Son rôle débute surtout à la fin du tournage d’un film. «Le travail du monteur consiste à finaliser, à donner une forme physique à l’idée du réalisateur», a-t-il affirmé. Selon M. Kouldiati, ce professionnel du cinéma enlève «les déchets» et corrige les imperfections. Quand les éléphants se battent et Une femme pas comme les autres de Abdoulaye Dao, Commissariat de Tampy de Missa Hébié sont, entre autres, des films qui ont bénéficié des talents de ce monteur burkinabè. Comme cri du cœur, il déplore la faible rémunération de ce métier. «C’est le monteur qui fait tout : le montage, le mixage, l’étalonnage, le graphisme. Il se retrouve à abattre le travail de plusieurs personnes alors qu’il n’est rémunéré que pour une seule personne», s’indigne-t-il.
Habibata WARA