Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Newton Hamed Barry, s’est rendu au siège du Conseil national des organisations de la société civile du Burkina (Pissy) pour parler, entre autres, du vote des Burkinabè de l’étranger, de la dynamisation du fichier électoral et du coût des élections. La question de savoir si les compatriotes à l’extérieur voteront en 2020 a suscité la réponse suivante de M. Barry : « Je ne suis pas devin pour le savoir ». C’était le vendredi 17 février 2017.
Une délégation de la CENI forte d’une dizaine de membres a eu des échanges avec les organisations de la société civile dans la matinée du vendredi 17 février dernier. L’objet de la rencontre, selon le président de la CENI, Newton Ahmed Barry, était de présenter des propositions concernant le vote des Burkinabè de l’extérieur, une promesse phare de campagne du président Roch Marc Christian Kaboré, la dynamisation du fichier électoral et des moyens de faire économiser l’Etat dans le renouvèlement du fichier électoral. « Nous sommes venus rendre compte à nos mandants de ce que nous avons fait depuis notre installation le 1er août 2016 en leur donnant des éléments d’appréciation de ce que nous comptons faire à la tête de la CENI », a-t-il assuré de prime abord tout en souhaitant que les acteurs de la société civile puissent analyser et s’approprier les propositions de la CENI.
La CNIB comme carte d’électeur
Pour lui, il faut aller vers des élections financièrement supportables parce que les ressources se font rares et on ne peut pas imaginer une démocratie de luxe. « C’est pour cela que nous leur proposons les leviers sur lesquels il faut agir pour diminuer les coûts des élections afin que ces dernières ne soient pas des trous à sous », a affirmé le président de la CENI. A l’en croire, à chaque recensement du fichier électoral, le Burkina dépense environ 200 millions. Son équipe propose donc que la CNIB puisse être utilisée comme carte d’électeur. « Il n’y pas de risque parce que sur chaque CNIB il y a un numéro identifiant qui ne change pas ». En ce qui concerne le renouvellement du fichier, cela peut se faire chaque année de concert avec l’Office national d’identification : « Il suffit que chaque an, à une période de l’année, l’ONI nous reverse les nouveaux majeurs qui se sont fait établir des CNIB à qui nous demanderons s’ils sont intéressés de jouir de leur droit civique. Si oui, nous les inscrirons », a expliqué Newton Ahmed Barry tout en précisant que cette opération ne coûterait pas grand-chose à l’Etat mais au contraire, permettrait de se conformer à la loi qui stipule que le fichier électoral doit être actualisé chaque année. Alors que la révision exceptionnelle coûte entre 8 et 9 milliards de FCFA à l’Etat.
Combien sont les Burkinabè de l’extérieur ?
En ce qui concerne les Burkinabè de l’extérieur, selon la proposition de la CENI, il faut aller à l’uniformisation de la carte consulaire qui peut être l’unique document de vote. Pour le choix des circonscriptions électorales, les propositions ont été inspirées du Mali et du Sénégal : dans le premier cité, pour voter, il faut être au préalable immatriculé à l’ambassade, et dans le second, en plus du critère d’immatriculation, il faut apporter la preuve de la résidence.
En outre, la CENI propose l’ouverture d’un bureau de vote hors de nos frontières, là où il y a au moins 500 électeurs, comme c’est le cas au niveau national.
A ce jour, il est difficile d’avoir le nombre exact de Burkinabè à l’étranger selon le président de la CENI. « En recoupant les chiffres avec les ambassades, nous avons 7,5 millions de compatriotes à l’extérieur dont 1 100 000 immatriculés et 985 000 possédant une carte consulaire. La moitié vit dans un seul pays : la Côte d’Ivoire », a confié M. Barry. Selon ses dires, les quatre millions sont répartis sur l’ensemble du territoire ivoirien, donc pour organiser des élections, chaque ville, chaque quartier de la RCI doivent être pris en compte, ce qui revient à organiser une élection bis.
Lors des échanges, la question a été posée de savoir si les Burkinabè de l’étranger voteraient en 2020. «Je ne suis pas devin. Ce que je sais, c’est que depuis que nous sommes arrivés à la tête de la commission, nous n’avons cessé de travailler sur le sujet. Nous avons travaillé sur tous les scénarii possibles. Aussi bien du point de vue programmatif et organisationnel que du point de vue budgétaire et à propos desquels nous avons déjà eu des rencontres avec le gouvernement pour lui dire que si on veut opérationnaliser le vote des Burkinabè en 2020, il faudrait en commencer les préparatifs en 2017 et que tous les éléments soient codifiés dans la loi».
Cette initiative a été saluée par les organisations de la société civile, représentées par Jonas Hien : «Newton Ahmed Barry est venu nous fournir des pistes de réflexion en cours au niveau de l’institution qu’il dirige relativement aux futures échéances électorales, aussi bien les communales que la présidentielle avec comme point essentiel le vote des Burkinabè de l’étranger ». Pour lui, les propositions de la CENI sont à examiner : «Ce ne sont ni des directives ni des décisions, mais des propositions que nous allons analyser et approfondir afin d’établir le rôle de chaque acteur ».
Pour l’association le TOCSIN, la démarche de la CENI auprès des OSC est louable et les questions abordées doivent être traitées avec diligence : «Il faudrait que les élections se tiennent parce que le président du Faso a dit à l’opinion nationale et internationale que nos compatriotes à l’étranger allaient voter en 2020, et c’est leur droit le plus absolu. Même si c’est par deux pays, il faut bien commencer, car c’est honteux que les Maliens, Nigériens, Sénégalais votent à l’étranger et que nos compatriotes, eux, ne le fassent pas encore. Il faut commencer à enrôler les Burkinabè de l’extérieur dès maintenant, car 2020 n’est pas loin », a souligné Arouna Savadogo, président du bureau exécutif du Tocsin.
Ebou Mireille Bayala