Le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba a effectué, le samedi 18 février 2017 dans la vallée du fleuve Sourou, une visite guidée des périmètres irrigués de Di et de Niassan. A l’issue des échanges avec les producteurs et des techniciens, le chef du gouvernement a souligné la nécessité d’un «mariage magique» entre l’agriculture, l’élevage, l’industrie et les services pour faire décoller l’économie du pays.
C’est toute activité cessante que les producteurs de Dî ont accueilli le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba au cours de sa sortie dans la zone de production agricole de la province du Sourou. Dès son arrivée en fin de matinée, du samedi 18 février 2017, dans la vallée du Sourou, le chef du gouvernement s’est mis à l’écoute des préoccupations des producteurs installés sur le site des 2240 hectares aménagés par l’entremise de la coopération entre le Burkina Faso avec les Etats-Unis d’Amérique dans le cadre du premier compact (convention de financement) du Millenium Challenge Account (MCA). Plus de deux ans après sa remise officielle à l’Etat burkinabè par les Américains, ce périmètre fait la fierté de ses exploitants et de l’Autorité de mise en valeur du Sourou (AMVS). La situation des principales spéculations emblavées en campagne sèche à la date du 10 février 2017, dressée par l’AMVS, est des plus reluisantes. En effet, rien que pour la présente campagne sèche, 38 000 tonnes d’oignons sont attendus, 3412 tonnes de tomates, 614 tonnes de maïs et 750 tonnes de riz. Le représentant des producteurs, Abdoul Zougouri avait donc de bonnes raisons d’exprimer la reconnaissance des paysans à la délégation gouvernementale ainsi qu’au Premier ministre « pour les efforts consentis en faveur de l’amélioration des conditions de vie des populations». Selon M. Zougouri, l’aménagement des 2240 hectares a stoppé le cycle de la faim en introduisant une nouvelle cadence de production de deux traites par an. La sécurisation foncière, l’augmentation des revenus, l’arrêt de l’exode rural, la disponibilité d’infrastructures de stockage et de conservation, l’encadrement et la formation font partie des acquis du MCA que les producteurs ont appréciés. A l’attention du Premier ministre, les exploitants ont relevé de nombreuses contraintes qui plombent leurs efforts quotidiens.
La nécessité d’une unité de transformation des produits
Il s’agit des difficultés d’approvisionnement en intrants (semences, pesticides, engrais), la mévente des produits, l’instabilité des prix, l’insuffisance des infrastructures de stockage et de conservation, l’enclavement de la zone (la vallée est à 120 kilomètres de la voie bitumée la plus proche), l’absence d’unité de transformation, le coût élevé de l’électricité assujetti à la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA). A quelques kilomètres de Dî, les difficultés sont les mêmes à Niassan pour les producteurs installés dans les anciens périmètres de la vallée du Sourou. Ce site a été progressivement aménagé entre les années 1967 et 2007 sur une superficie de 4318 hectares. Sur place, les 6537 exploitants sont confrontés à un autre type de difficultés liées à la baisse de fertilité des sols. Pendant qu’on récolte 26 tonnes d’oignons à l’hectare dans les nouvelles parcelles aménagées par le MCA, les paysans des anciens périmètres en sont à 22 tonnes d’oignons pour la même superficie. Aussi ils ont saisi l’occasion de la visite du Premier ministre pour soumettre les contraintes spécifiques à un aménagement vieillissant. Ce sont essentiellement, la vétusté des réseaux d’irrigations, des stations de pompages dont 10 seulement sont alimentées par l’énergie électrique sur 23. Face à ces « énormes difficultés », les producteurs ne sont pas seuls à nourrir beaucoup d’espoir de la visite du chef du gouvernement. Le directeur général de l’AMVS, Robert Ouédraogo est « heureux » de cette visite qui offre l’opportunité à sa structure de requérir le soutien nécessaire des pouvoirs publics pour résoudre les problèmes. La réhabilitation des 3 mille hectares dégradés d’un coût de 20 milliards de F CFA, la restructuration souhaitée de l’AMVS pour l’adapter à ses missions actuelles, l’arrimage de l’AMVS au Projet barrage de Samendeni « pour assurer la viabilité des deux projets » partageant la même ressource en eau, constituent des défis majeurs qui nécessitent une volonté politique sans faille. C’est ce plaidoyer, du reste, que le ministre en charge de l’agriculture, Jacob Ouédraogo a fait au cours de la présentation en salle au siège de l’AMVS à Niassan, des potentialités de la vallée du Sourou et des perspectives de mise en œuvre.
Mahamadi TIEGNA
camerlingue78@yahoo.fr
Le Premier ministre à l’issue de sa visite : «l’avenir du Burkina se joue dans la vallée du Sourou»
Je suis impressionné par l’étendue des superficies irriguées, le dur labeur des producteurs au quotidien. Lorsqu’on voit toutes ces cultures de riz, d’oignons, de tomates, on se dit que le pays est vraiment béni. C’est une terre qui est vraiment riche avec beaucoup de potentialités. Le Sourou est une source de vie, une source d’irrigation. Nous avons visité les 2240 hectares aménagés récemment par le MCA. Toutes les infrastructures qui ont été mises en place impressionnent, par la qualité du travail qui a été fait, par le courage des hommes qui y travaillent, mais aussi par le potentiel qu’offre la vallée du Sourou pour l’économie nationale. Nous avons ici et à Bagré, le potentiel pour réaliser ce qui est au cœur du Pan national de développement économique et social (PNDES), à savoir augmenter la production et la productivité agricole, la compétitivité de nos filières agricoles dans la vision de la transformation des produits agricoles en produits industriels. Car, la politique du gouvernement, c’est non seulement augmenter la production mais surtout consommer local et exporter. C’est pour cela que je suis là, avec les ministres qui m’accompagnent, pour toucher du doigt les réalités du Sourou. De retour à Ouagadougou, nous aurons ainsi plus d’éléments pour analyser avec justesse les problématiques qui se posent à l’Autorité de gestion de la vallée du Sourou en vue d’apporter des solutions idoines. Je suis déterminé avec le gouvernement à faire en sorte que Bagré, le Sourou et Samendeni soit vraiment les bases de l’industrialisation de notre pays à partir du mariage magique entre l’agriculture, l’élevage, l’industrie et les services. L’avenir du Burkina Faso se joue ici et nous y mettrons les moyens qu’il faut.
Propos recueillis par M.T