Le but du projet Fasomédias, débuté il y a deux ans au Burkina, "est de construire de façon positive, un dialogue entre journalistes, citoyens et élus, sans qu’il n’y ait de méfiances", confie Salomé Sabattini, responsable de "Projet Afrique" de Canal France International (CFI), dans un entretien à ALERTE INFO.
Qu’est-ce qui a motivé la mise en place du projet Fasomédias ?
C’est un projet qui date il y a déjà plus de deux ans. L’âme de Fasomédias a débuté il y a plus de deux ans lorsque l'UNALFA (Union nationale de l'audiovisuel libre du Faso) et CFI, au regard des besoins des médias partenaires, ont souhaité véritablement accompagner la dynamique en amont des élections (2015-2016), former des journalistes, les médias sur le traitement citoyen de l’information parce qu’on pensait qu’ils avaient besoin de ça avant et pendant les élections.
Après la première phase, pour nous c’était évident qu’il fallait une phase deux, maintenant que les journalistes sont d’avantage outillés, qu’ils ont pu couvrir de façon plus professionnelle les élections. Il fallait qu’une phase qui insiste sur le dialogue avec les élus locaux et nationaux ainsi que les Organisations de la société civile. Pour mettre en place ce dialogue il était important de mener d’autres activités où des journalistes et acteurs locaux pouvaient davantage collaborer tout en insistant toujours sur la formation des journalistes, la diffusion d’émission, d’information citoyenne, la formation sur des thématiques liées au contrôle sur une action publique.
Quel bilan peut-on faire de la première phase de Fasomédias ?
Je pense que la première phase a été un succès parce qu’on a touché beaucoup plus de médias que l’on n’attendait. On a touché plus de 70 médias qui ont travaillé avec le projet Fasomédias alors que nous pensions travailler seulement avec 25. Vous voyez ! on a plus que doublé le nombre de partenaires.
Aussi on a mis en œuvre de nombreuses activités qui n’étaient pas prévues, non pas parce que CFI et l’UNALFA le voulaient mais parce que c’étaient demandées par les principaux bénéficiaires au Burkina. Cette volonté montre bien que c’est une réussite. Et puis aujourd’hui, je pense que tous sont mieux sensibilisés sur l’importance de mettre en avant les préoccupations et l’intérêt général avant le reste dans les médias. C’est vraiment une réussite, je pense.
Quelles sont les activités qui n’étaient prévues dans cette première phase de Fasomédias ?
Au début par exemple on n’avait pas prévu de mettre cette synergie électorale pendant les élections. Ce n’était pas du tout prévu. On a commencé à faire quelques petites émissions en synergie avec 13 radios, 17 puis 30 radios et ensuite on s’est rendu compte qu’il y a une attente plus forte. Donc pour la période électorale, on a constitué un réseau de 60 radios qui ont couvert les élections le jour du scrutin, véritablement en direct et également donné des informations sur la période électorale, comment ça se passait etc, faire des émissions de débat. Ça, ce n’était pas prévu, on l’a mis en place et je pense que cela a été un succès.
En quoi va consister la deuxième phase ?
La deuxième phase c’est vraiment continuer à renforcer les capacités des médias et les journalistes. Continuer à travailler sur cette collaboration qui est née entre les médias et les Organisations de la société civile, comment les renforcer, comment faire en sorte qu’il soit naturel de travailler ensemble et également établir un dialogue naturel avec les élus locaux pour qu’ils puissent expliquer leur programme et être aussi suivis dans ce qu’ils mettent en œuvre.
Pourrait-on attendre, cette fois-ci, à une augmentation du nombre de participants ?
Oui en partie. Déjà, travailler avec 70 médias vous rendez compte que c’est énorme. Suite à quelques sollicitations on a ajouté notamment une télévision privée et en raison également de l’importance du Web, des réseaux sociaux on va aussi travailler avec des blogueurs et des sites d’organes de presse. On élargie en fait notre panel et notre champ d’activité avec de nouveaux bénéficiaires.
Quelles sont vos attentes en mettant en place ce projet Fasomédias ?
Au final c’est de réussir à construire ce dialogue dont je vous parlais, entre les médias, les citoyens et les élus pour que ça soit plus simple de collaborer, plus simple de suivre l’action public, contribuer à la transparence, à une plus grande rédévabilité des élus, mais tous ça de façon positive sans qu’il n’y ait des réticences, des méfiances des uns et des autres. On veut que tout ça se fasse plus ou moins naturellement.
Cette initiative est-elle mise en œuvre uniquement au Burkina ou y a-t-il d’autre pays bénéficiaires de ce même projet ?
Fasomédias c’est véritablement unique, parce qu’on a commencé il y a deux ans en accompagnant les élections et ça continue. Avec la deuxième phase, ça sera un projet de quatre ans. Quatre ans dans un pays c’est énorme. Mais on pense que dans d’autres pays également il y a un important travail sur la rédévabilité des élus et c’est ce que CFI fait, notamment au Benin et à Madagascar.
DZO