Comment, diable, ont-elles donc débarqué en Afrique ? Sans doute, pensent les spécialistes de la question, par le biais de l’importation de plantes en provenance d’Amérique. Puisque les maladies, qu’elles soient humaines, animales ou végétales, à l’image de l’homme, ne connaissent pas non plus de frontières.
Que les chenilles légionnaires d’automne soient venues par ce canal et /ou par tout autre moyen, il suffit de voir les images des dégâts qu’elles causent dans les champs pour réaliser leur degré de notoriété. Depuis quelques mois en effet, ces insectes rampants font des ravages en Afrique australe, notamment au Zimbabwe, en Zambie, au Mozambique, au Malawi, en Namibie et en Afrique du Sud, dévastant tout sur leur passage, faisant désormais planer le spectre de la famine sur cette partie du continent. Et pas que. Car depuis, ce qu’il est convenu maintenant d’appeler « peste verte » aurait traversé la forêt équatorienne pour frapper à nos portes, puisqu’on la signale au Ghana voisin. Et ce n’est pas fini, étant donné que des scénarios catastrophes parlent de l’invasion de ces insectes en Asie et en Méditerranée.
Un véritable ennemi donc à combattre avec la plus grande vigueur. On comprend bien que le Zimbabwe et le Mozambique fassent intervenir leurs armées respectives, car c’est d’une guerre planétaire qu’il s’agit. Une guerre à l’issue d’autant plus incertaine que nos voraces légionnaires, qui s’attaquent, sans discriminer, au maïs, au riz, au sorgho, à la canne à sucre, aux fruits secs et à la betterave descendraient dans le sol pour s’abriter des pesticides. Et avec la terre, elles se formeraient, à en croire les scientifiques, un cocon protecteur pour pouvoir progresser dans des galeries souterraines. Même le maïs transgénique (OGM), réputé inattaquable par les larves, ne serait pas épargné. Comble de malheur, ces bestioles, qui peuvent voler lorsqu’elles se transforment en papillons, transportent chacune près de 1000 œufs. Autant dire qu’elles sèment à tout vent.
Ce n’est pas un conflit ouvert dans on ne sait quelle partie du globe comme on en voit régulièrement, ce n’est pas non plus une guerre asymétrique dans des sables mouvants, mais la progression de ces redoutables légionnaires est suffisamment grave pour faire trembler la maison de verre de Manhattan, qui a dû convoquer, mardi 14 février dernier, une réunion d’urgence à Harare, qui semble être l’épicentre, pour déterminer la riposte appropriée.
Il faut donc espérer que de la cogitation de ces têtes d’œuf cornaquées par l’ONU sortent des mesures vigoureuses pour limiter les dégâts et conjurer la catastrophe qui se profile à l’horizon.
Mohamed Arnaud Ouédraogo