La section de recherche de la gendarmerie de Ouagadougou a mis hors d’état de nuire un réseau de cybercriminels. Le mode opératoire du gang, composé de deux individus de nationalité étrangère et de deux étudiants burkinabè, a été présenté à la presse le lundi 13 février 2017 à Ouagadougou.
« Bonjour ! Puis-je parler à monsieur Bila Dipama ? Voilà, je suis Charles Providence Gomis, diplomate ivoirien près l’Union européenne, grand ami au docteur Norbert Bassolé. Norbert m’a fait transiter par mon institution le montant de 53 500 euros, soit 35 000 000 francs CFA pour acquisition de plantes médicales. Mon agent comptable aura donc besoin pour justificatif du numéro de bordereau et de celui du certificat phytosanitaire afin de libérer les fonds. J’entre dans une séance privée, mais dès que vous les avez, laissez-moi un SMS afin que je me rende disponible pour vous ».
Ce message est un appât utilisé par des cybercriminels, et il y a pas mal d’exemples en la matière. Suite à de nombreuses plaintes d’individus enregistrées par la gendarmerie, une enquête circonstanciée a été ouverte pour élucider les faits. L’investigation de la section de recherche de Ouagadougou a permis de mettre le grappin sur un gang dont le cerveau serait Germano Boko de Francisco de nationalité étrangère.
Boko et ses 3 complices vivaient à Ouaga 2000 à la cité Azimo dans une villa qu’ils louaient à 300 000 francs CFA le mois. Selon les gendarmes, ils utilisaient trois méthodes, à savoir le triangle, le wash et le métal.
Au dire de l’adjoint du commandant de la section de recherche de la gendarmerie, le major Arsène Bado, pour tracer son triangle le cybercriminel est assis dans sa maison muni de multiples téléphones portables sur lesquels il a installé des logiciels qui lui permettent de faire apparaître sur le mobile de son interlocuteur l’indicatif de n’importe quel pays. Il fait intervenir plusieurs personnes sur le coup, pourtant il est seul. Pour le « wash », l’arnaqueur vous lave le cerveau en vous faisant croire qu’une fortune sous forme de billet de banque vous appartenant attend d’être lavée.
« Au Burkina, comme nous avons connu une insurrection populaire, il vous dit, qu’il est l’ami intime d’un ancien dignitaire du régime déchu et que celui-ci avait une grosse somme qu’il avait cachée quelque part, et comme il ne voulait pas que les gens puissent en disposer, il a mis des taches là-dessus. Cet argent ne peut donc être dépensé sans être débarrassé des souillures. Il fait un simulacre avec 50 000 où 100 000 F CFA et il vous donne les billets pour usage », explique le gendarme.
Dès que vous prenez confiance, poursuit-il, il vous montre des millions et vous fait savoir qu’il n’a pas les moyens pour l’achat de l’encre devant servir au lavage, le coût du produit s’élevant à des millions. Si vous marchez, ajoute-il, il vous envoie vers une troisième personne chargée de vous vendre le liquide. Dès que la transaction est faite, vos interlocuteurs disparaissent.
Le tour est joué. Le major avoue que le troisième procédé est plus compliqué. Boko et ses hommes vont cibler des étrangers qui veulent acheter de l’or. Ils vont leur faire comprendre qu’ils occupent une position qui leur permet de se procurer le métal. Au besoin, ils mettent à leur disposition quelques grammes.
Comme bilan, le montant du préjudice financier causé par gang est évalué à 25 000 000 F CFA. 26 téléphones portables, 1 ordinateur, 43 puces de cinq pays de la sous-région et un d’Europe, une clé USB, des documents de transferts d’argent, un modèle de lettre d’appât et d’adresse de victimes enfouis dans les toilettes ont été retrouvés lors de la perquisition de leur domicile.
Akodia Ezékiel Ada