Il apparait de plus en plus évident que très prochainement le prix du pain connaitra une hausse. La raison principale : la matière première indispensable dans sa composition qu’est la farine de blé est en rupture depuis près de trois semaines dans la ville de Bobo-Dioulasso. Si fait que le prix du sac qui coûtait 19 000 F CFA, oscille entre 23 000 et 24 000 F CFA. Constat à Bobo-Dioulasso !
« Nous ne comptons aujourd’hui que sur la main sacrée des autorités. Elles seules peuvent nous faire sortir de ce cauchemar ». Ce cri de cœur de Dramane Guira, promoteur de la boulangerie Sanga à Bobo-Dioulasso traduit les multiples rencontres tenues, mais dont les mesures n’ont jamais été concluantes. La situation semble, à l’évidence plus alarmante, surtout au niveau des boulangers qui ne produisent aujourd’hui que pour produire. Un tour dans des boulangeries, le vendredi 21 septembre 2012, les réalités sont et demeurent les mêmes.
En effet, à la boulangerie Relwendé à Belleville, le responsable de la vente informe, le visage froissé, qu’il a constaté la rupture depuis près de trois semaines. Et depuis, a-t-il poursuivi : « J’ai réduit la production du pain, puisqu’on nous interdit d’augmenter le prix. Actuellement, nous produisions, juste pour produire et malheureusement cela ne nous cause que des pertes. Le rendement n’est que songe ». Un peu loin, au centre-ville, la boulangerie Jean Malfé où le responsable qui avait du mal à quitter son bureau ce vendredi, indique, l’air soucieux que « c’est une situation qui nous dépasse. Notre boulangerie est d’une renommée telle qu’il faut absolument continuer de produire la qualité ».
Il s’approvisionne au grand marché de Bobo-Dioulasso et affirme que le prix peut quelque fois dépendre de la qualité de la farine. Pendant près d’un mois, avoir de la farine relevait d’un parcours de combattant. Heureusement, a-t-il dit : « Je viens d’être informé que nous pouvons nous approvisionner au grand marché pour la semaine à venir (24 au 30 septembre 2012) ».
Le commerçant, plus fort que l’autorité
« Nous avons constaté la rupture depuis le début du mois de septembre. Cela a occasionné du coup des difficultés dans la fabrication du pain », clame Dramane Guira, ajoutant que : « habituellement nous achetons la tonne à 400 000 F CFA. Aujourd’hui nous l’achetons à 470 000 ou 472 500F ». Pourtant informe-t-il : « Dans ces cas de figure, les commerçants aussi font leur prix. Nous nous approvisionnons chez des particuliers qui refusent d’ailleurs de nous donner des reçus. La raison est qu’ils ne vendent pas dans la légalité. Ce ne sont pas des prix fixés par l’Etat. Ce sont des prix circonstanciels ».
Cette rupture et augmentation de prix de la farine de blé ne souffre pas de doute, à entendre Boubakar Terra, le promoteur de la boulangerie Terra. « Il y a effectivement une rupture de farine de blé sur le marché. C’est un cauchemar pour nous les boulangers. On se ravitaille à partir d’Abidjan aux Grands moulins d’Abidjan (GMA). Parce que nous n’avons pas d’usine de production de farine de blé au Burkina Faso. Notre fournisseur (les Grands moulins d’Abidjan) nous a informés que le problème se trouve au niveau mondial. La farine était arrivée depuis le vendredi dernier (NDLR : 14 septembre 2012), mais elle était bloquée à la douane. La situation a été déloquée le vendredi 21 septembre dernier. Seulement les prix continuent de grimper. Et les commerçants en font comme ils veulent ».
Blaise Compaoré a-t-il oublié sa promesse ?
En 2010 lors de sa campagne, le président du Faso avait promis la réouverture des Grands moulins du Burkina (GMB) à Banfora. On sait que le dossier est bien avancé et que très prochainement, cette usine pourrait reprendre ses activités. Les boulangers qui affirment ne vivrent que de ce métier estiment que la réouverture rapide des GMB permettra de ne pas arriver à une augmentation du prix de la baquette de pain et permettre ainsi à tous d’avoir accès au pain indispensable dans le menu des ménages.
Le fait de traiter directement avec les GMA n’arrange ni les commerçants, ni les boulangers, encore moins les consommateurs. Aussi, plaident-ils pour que les autorités soient plus regardantes sur leur activité parce qu’explique Dramane Guira, « nous avons l’impression que nous sommes les laissés-pour-compte. Par exemple, lors des rencontres avec le gouvernement suite à la crise, le problème de la farine n’a pas été abordé. Nous le posons toujours, mais rien de concret n’est encore envisagé ».
En janvier 2012, le président des boulangers du Burkina était en pourparler avec le gouvernement par rapport à l’augmentation du prix du pain. Mais les conclusions de cette rencontre sont apparemment restées lettre morte depuis cette date. Les boulangers, selon le document sur la problématique du prix de la baguette de pain, entendent vendre la baguette de 200 grammes (la miche de pain) à 200 F CFA, et celle de 100 g à 100 F. Car pour l’instant disent-ils : « Nous travaillons véritablement à perte ».