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Art et Culture

Quand les Sanan prennent possession du palais du Moogho Naaba
Publié le lundi 13 fevrier 2017  |  Sidwaya




La résidence de l’empereur des Mossé de Ouagadougou a été le théâtre, le samedi 11 février 2017, de chaudes empoignades verbales entre Sanan et leurs parents à plaisanterie mossé. En l’espace d’une matinée, la communauté sana a pris d’assaut le palais royal et intronisé le Moogho Naaba en «samogo Naaba».

Comme il est de tradition depuis 10 ans, l’association Sitoi-Lawa (s’en remettre à Dieu en san) a convié les communautés mossé et san à célébrer « les 24 heures de la parenté à plaisanterie» (rakiré en mooré). A l’occasion du 10e anniversaire de ce regroupement, le palais du Moogho Naaba a vibré au rythme des sonorités de la culture sanan. Autour de Sa Majesté, le Moogho Naaba Baongo, Mossé et Sanan ont remis au goût du jour le ‘’rakiré’’, cette valeur culturelle ancestrale qui cimente les relations entre les deux communautés et partant, le vivre-ensemble dans le pays tout entier.
En effet, l’histoire et la sociologie du Burkina ont condamné pour l’éternité ces deux groupes ethniques à s’envoyer des piques, à se défier, à se toiser amicalement en vue de solder les conflits qui ont pu jalonner l’histoire de leurs relations. Il a été donné de voir au palais du Moogho, des scènes surréalistes pour le novice où des adultes, tout protocole et rang mis entre parenthèse, se mesurer cordialement et parfois même brutalement sans jamais perdre la bonne humeur. Parés d’un uniforme de circonstance, les membres de la communauté sanan ont répondu très nombreux à la fête mettant à rude épreuve le protocole royal et les capacités d’accueil du palais de l’empereur. Avant de s’installer, ceux-ci ont tenu à suspendre toutes les instructions royales le temps de leur présence. Par conséquent, « tous les cameramen peuvent filmer partout où ils veulent », a tranché Gnama Paco Drabo, le Maître de la cérémonie (MC).Il a souligné néanmoins que la communauté est heureuse d’être reçue par Sa Majesté dans « leur palais » pour célébrer la parenté à plaisanterie. C’est, selon lui, une belle façon de fêter les valeurs de l’amitié, du pardon, de la tolérance et de l’unité du peuple burkinabè. Après avoir imposé leur loi, les Sanan ont aussi imposé leur rythme avec l’artiste-musicien Ki-Boussi Zerbo. Pour ne laisser aucun répit aux Mossé, une troupe de théâtre succède à l’artiste. Dans la scénette présentée, le groupe a expliqué être porteur d’un geste de soutien financier à l’empereur des Mossé, histoire de l’aider à éponger ses arriérés de loyer. Lassés d’attendre leur tour pour apporter une réplique à la hauteur de l’impertinence des Sanan vis-à-vis de leur chef, un groupe musical fait irruption sur la scène. Sur les aires du tube de Jean Claude Bamogo, « Mpanaki, Mpana zoé », les Mossé, accompagnés par les ministres du Moogho Naaba, ont juste eu le temps de se trémousser quelques minutes au rythme du warba avant que le MC impitoyable ne les renvoie sans ménagement. Ils doivent laisser la place à Mme Suzanne Paré, présidente de l’association, initiatrice de l’événement. Mme Paré a magnifié la diversité culturelle dont l’un des piliers est la parenté à plaisanterie. «C’est grâce à cela que les esclaves mossé peuvent s’assoir à côté de leurs maîtres sanan», a déclaré la présidente de Sitoi-Lawa. Elle fonde l’espoir que la flamme de la parenté à plaisanterie ne s’éteigne jamais avec le soutien de l’empereur. Mme Paré a plaidé auprès du Moogho Naaba pour qu’il défende l’idée d’une journée nationale dédiée à la parenté à plaisanterie car, selon elle, si Dieu a permis au Burkina d’éviter les affres des conflits interethniques, c’est grâce à cette valeur partagée. Pour en mettre plein les yeux des Mossé, les Sanan ont concocté un poème déclaré par Mme Augustine Paré en hommage à Naaba Baongho. Visiblement mécontent de voir les Sanan leur voler la vedette sur leur propre terrain, les Mossé ont tenté de nouveau de reprendre la main par l’entremise de la cantatrice Nana Bibata. Mais sa prestation a été interrompue par une magistrale démonstration de puissance du champion national de lutte Athanase Moussiané.
Il n’a d’ailleurs pas eu d’adversaire dans toute la cour royale. Les Mossé semblent avoir enfin abandonné la partie. Par la voix du Dapoya Naaba, porte-parole de l’empereur, ils ont exprimé leur attachement aux valeurs de paix et de tolérance. Ce qui les aurait poussés à ne pas répondre aux invectives du champion de lutte. Ce faisant, ils permettent au co-parrain de l’événement, Cyriaque Paré, de porter l’estocade finale : «Le Moogho Naaba attend fiévreusement cette journée comme un enfant attend son cadeau de Noël ; il ne connaît le vrai bonheur qu’en présence des Sanan. Une fois dans l’année, on lui permet de devenir Samogo Naaba», a affirmé le directeur de publication du site Lefaso.net, sous les ovations des Sanan et la désapprobation inaudible des Mossé.


Mahamadi TIEGNA
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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