Entamée le mercredi 8 février 2015, la grève des chauffeurs routiers du Burkina Faso a aussitôt été interrompue le lendemain: constat fait à Bobo Dioulasso le jeudi en fin de matinée, au siège même de l’antenne régionale de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB).
Dès 12h, le président de l’UCRB Bobo, Bamory Sanogo, par ailleurs vice-président de la structure au plan national, a commencé à appeler «sa troupe». A chacun de ses représentants il demandait, via téléphone portable, de lever les barrières et de laisser passer les camions qui étaient bloqués au niveau des différents piquets, aux postes de contrôles.
Les routiers sont allés en grève pour manifester leur ras-le-bol face aux tracasseries et les rackets sur la route et réclamer l’instauration d’une convention collective. Si ont accepté de lever leur mot d’ordre de grève ce jeudi 9 février, c’est suite à des négociations avec les autorités gouvernementales. Selon le vice-président de l’UCRB, les chauffeurs routiers ont bien suivi le mot d’ordre. Pour cela, il leur exprime sa gratitude, d’autant plus qu’à l’origine, estime-t-il, les raisons de la grève concernent bien plus les corridors qui sont liés à Bobo-Dioulasso. Il s’agit notamment des axes Niangoloko- Bobo, Bobo- Ouaga, Bobo- Faramana, Bobo- Koloko, Bobo- Dédougou, jusqu’à la frontière du Mali, où le nombre de postes de contrôle est devenu trop élevé. «Regardez vous-même, de Niangoloko à Kantchari, on a plus de 42 postes de contrôle», s’indigne-t-il.
Les complaintes des chauffeurs routiers par rapport aux tracasseries de la part des forces de sécurité sont devenues récurrentes ces derniers temps. Et même les responsables des compagnies de transports, des marchandises en l’occurrence, se plaignent des conséquences sur leur commerce. Sayouba Ouédraogo, gérant d’une société d’import- export, explique : « rien qu’aux entrées de Bobo et de Ouagadougou par exemple, les camions étaient immobilisés et cela cause des retards sur les délais de livraison des marchandises. Si bien que des clients, les propriétaires de ces marchandises, nous incriminent sérieusement ».
Qu’à cela ne tienne, Sayouba Ouédraogo, ainsi que nombre de patrons, se disent solidaires de leurs chauffeurs dans la mesure où, dit-il : «en tant que propriétaires de véhicules, nous savons que les chauffeurs sont dans leurs droits. Nous nous contentons de leur donner les frais de route pour aller hors du pays. Si déjà cet argent ne peut même pas le faire traverser le Burkina Faso et que viennent s’ajouter les tracasseries policières, les chauffeurs sont pénalisés et nous aussi, cela nous fait plus de dépenses».
Serge Maurille (correspondant à Bobo Dioulasso)