Le procès contre Salifou Bara et Alidou Nonni, accusés d’organiser des manifestations illicites, d’actes de vandalisme, de saccage, de détention d’arme à feu et de munitions, s’est tenu, le vendredi 2 février 2017, en audience correctionnelle, au palais de justice de Tenkodogo.
Accusés de manifestations illicites, d’actes de vandalisme, de saccage, de détention d’arme à feu et de munitions, Salifou Bara, Alidou Nonni et autres, ont comparu en audience correctionnelle, le vendredi 2 février 2017, au palais de justice de Tenkodogo. Les faits remontent au 12 mai 2016, le jour où des militants du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) tenaient leur meeting de campagne pour les municipales dans un village de Béguédo-Peulh. Ce jour-là, le meeting s’est transformé en un affrontement entre des militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et du NTD, et ceux du MPP. L’affrontement avait fait au moins 9 blessés, des motos consumées et le siège de la Commission électorale communale indépendante (CECI), logé à la préfecture, saccagé. Interrogé par le président du tribunal, Idrissa Bara dit «Congolais», celui-là même qui a reçu des balles à la tête, militant du MPP, explique: «Pendant que nous tenions notre meeting dans le village à Béguédo-Peulh, quelqu’un nous a informé que des militants du CDP et du NTD sont allés saccager la préfecture. Nous avons vu le groupe arriver, muni de machettes, de fusils, de cailloux et de pierres et se mettre à tirer sur nous. Ensuite, nous avons trouvé refuge au domicile de l’ex-maire, Mme Béatrice Bara». Et d’ajouter que c’est en ce lieu que les manifestants ont tiré à balles réelles et blessé des personnes. « J’ai personnellement reconnu Salifou Bara qui a tiré sur nous avec son fusil calibre 12. J’ai reçu 9 balles provenant de son fusil. Abdoulaye Bara et Moumouni Bara ont été également blessés. Tous nos matériels de sonorisation destinés à l’animation du meeting ont été saccagés», a relaté « le Congolais ».
« La procédure n’a pas été régulière »
L’explication de Salifou Bara (militant du NTD) devant le tribunal est la suivante : «J’ai tiré trois coups de mon fusil calibre 12 dans le but de protéger ma famille. C’est là que des balles ont atteint des militants du MPP. Je n’avais pas l’intention de tirer sur quelqu’un». Quant à El hadj Salif Bara, il a reconnu que les réunions des militants NTD et CDP se tenaient sous un hangar de sa pharmacie. Le 12 mai 2016 dans la matinée, bien qu’étant malade, il les a rejoints pour leur remettre de l’argent pour du carburant, a-t-il fait savoir. «C’est quand j’ai appris que des gens sont allés saccager la préfecture, détruire tous les documents de la CECI, que je me suis rendu sur le lieu pour constater les faits», a-t-il ajouté. Interrogé sur sa participation à l’évènement, Sita Bara a confessé que le saccage de la préfecture a été décidé par les militants à l’issue de la réunion tenue sous le hangar de la pharmacie de El hadj Salif Bara. «J’ai décidé d’accompagner les jeunes dans la manifestation. Sinon, je ne sais ni lire ni écrire», a-t-il poursuivi. Ce témoignage a conduit le tribunal à inculper El hadj Salif Bara, comme le principal responsable de la manifestation au regard de sa forte implication, de connivence avec Salifou Bara qui a tiré à balles réelles sur des militants d’un autre parti. Selon l’avocat des prévenus, Me Prospère Farama, la procédure, telle qu’elle a été conduite, ne lui semble pas régulière. C’est pourquoi il a affirmé que le parquet a estimé très clairement qu’au regard des éléments nouveaux contenus dans le dossier, il n’était pas utile de garder des gens en détention en attendant le jugement. «On ne garde quelqu’un en détention que lorsqu’il est définitivement condamné. Mes clients n’étant pas condamnés, je pense qu’ils doivent pouvoir jouir normalement de leur liberté en attendant que le jugement soit fait, puisqu’ils sont des présumés innocents jusqu’à preuve du contraire », a-t-il plaidé. A entendre le conseil de Nonni Alidou, Me Rodrigue Bayala, c’est le cerveau de l’attaque, El hadj Salif Bara, qui est mis en cause dans ce procès car, c’est lui qui a fourni tous les moyens aux manifestants, à savoir le carburant, les moyens de déplacement et les armes. «Il est regrettable qu’à cause de la politique des frères se soient tirés dessus. La politique ne doit pas se faire avec des armes de guerre et des machettes», a-t-il déploré. Les parties seront situées sur leur sort le 23 février prochain.
Bougnan NAON