OUAGADOUGOU - Le gouvernement burkinabè a réaffirmé son intention d'intensifier la lutte contre les mutilations génitales féminines dans un pays où 76% des femmes de 15 à 49 ans sont touchées par cette pratique qui a encore la peau dure, selon le ministère en charge de la Femme.
La communauté internationale commémore, note-t-on, le lundi 06 février 2017, la "Journée tolérance zéro" à l'égard des mutilations génitales féminines (MGF).
Célébrée au Burkina Faso sous le thème : "La mise en œuvre du Plan stratégique national (PSN) de promotion de l'élimination des mutilations génitales féminines2016-2020 : défis et perspectives", cette Journée est placée sous l'égide du ministère de la Femme, de la Solidarité nationale et de la Famille.
Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays de la sous-région ouest-africaine, l'excision est une pratique qui est toujours ancrée dans les traditions.
Dans un communiqué le ministère en charge de la Femme rappelle que les raisons évoquées par les communautés pour justifier cette pratique sont, entre autres, l'incontinence sexuelle des femmes, le passage à la vie adulte, la purification de la fille, la préservation de l'identité féminine et culturelle.
Citant une enquête démographique de la santé (EDS) IV de 2010, le texte révèle que 76% des femmes de 15 à 49 ans sont touchées par les MGF, de même que 13% des filles de 0 à 14 ans, 25% des filles de 10 à 14 ans, 14,2% des filles de 5 à 9 ans, et 4,7% des filles de moins de 5 ans.
Toutefois, on observe une baisse sensible du taux de prévalence national de la pratique de l'excision. Ce taux est passé de 75,8 % en 2010 à 67,6% selon l'Enquête multisectorielle continue (EMC) menée en 2015, chez les femmes de 15 à 49 ans.
Cette baisse est également observée chez les jeunes filles de la tranche de 0 à 14, où ce taux est passé de 13,3 % 2010 à 11,3 % 2015, précise le document qui souligne que le taux de prévalence varie d'un groupe ethnique à un autre et d'une région à une autre.
Les proportions de femmes excisées les plus élevées sont relevées dans les régions du Centre-Est (90%), du Nord (88%), du Plateau Central (88%) et du Centre-Nord (87%).
Les données de cette évaluation ont montré que, malgré une baisse sensible de la pratique de l'excision, des poches de résistance subsistent dans plusieurs régions du pays.
Le 28 janvier dernier, une trentaine de personnes avaient été arrêtées suite à une manifestation contre un poste de gendarmerie à Bagré, localité située à l'Est de Ouagadougou, après la mise en garde à vue d'exciseuses présumées.
Le pays s'est doté récemment d'un Plan stratégique national pour l'élimination des mutilations génitales féminines, avec un Plan d'actions opérationnel triennal glissant 2016-2018.
Ce Plan stratégique est un document de programmation qui oriente et canalise les interventions pour l'élimination des mutilations génitales, selon les autorités.