Du 30 au 31 janvier 2017, se tient à Addis-Abeba, capitale de la République fédérale démocratique d’Ethiopie, la 28e session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine(UA). Au premier jour des travaux, le président guinéen, Alpha Condé, a été élu président de l’institution. Aussi, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré et ses pairs examineront divers dossiers dont la réforme de l’organisation, la demande de réintégration du Maroc à l’organisation panafricaine.
Le président guinéen, Alpha Condé a le feu vert pour diriger l’Union africaine(UA). Il a été officiellement élu par ses pairs, le 30 janvier à Addis-Abeba, où, ils se sont donné rendez-vous pour le 28e sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA. Le président tchadien, Idriss Deby Itno lui a passé ainsi le témoin pour un mandat d’un an, à l’ouverture de la session, où divers dossiers dont l’élection du nouveau président de la commission et des commissaires de l’UA, l’« épineuse » question du chômage des jeunes, la réforme de l’institution…seront soumis à l’appréciation des chefs d’Etats et de gouvernements. «J’accepte volontiers et en toute humilité, de présider aux destinées de notre organisation pour l’exercice 2017», a-t-il dit, à ses homologues. Endossant son costume de nouveau président en exercice de l’UA, Alpha Condé a expliqué que, sans la volonté, la confiance et le soutien total de ses pairs de l’Afrique de l’Ouest, qui ont souhaité que cette responsabilité revienne à son pays, cette mission ne lui aurait pas été confiée. C’est pourquoi, au nom du peuple et du gouvernement guinéen, il les a remerciés vivement. Cette confiance, a-t-il affirmé, témoigne que l’Afrique reste une, indivisible et ses dirigeants savent parler d’une même voix. Il a dit compter sur eux tout au long de son mandat dans leur ambition de faire de l’UA, une institution forte et crédible. « Plus nous sommes unis, nous serons plus forts. Et nous ne nous ferons plus entendre par le reste du monde », a clamé le nouveau président en exercice de l’UA. M. Condé a aussi rappelé dans ses premiers mots, que l’unité du continent a été l’idéal qui a animé les pères-fondateurs de leur organisation en 1963, lorsqu’ils créaient l’Organisation de l’unité africaine(OUA) aujourd’hui, UA. Au-delà de l’intégration de leurs Etats, a-t-il insisté, ils doivent réussir l’intégration de leur peuple. Pour lui, c’est en cela, que tous ses pairs doivent s’engager en ce jour solennel, où, il prend les rênes de l’UA. Il a remercié le président Idriss Deby Itno qui, pendant sa présidence, a montré que « si l’Afrique veut, elle peut ». Il s’est réjoui du processus de réforme de l’Union, lancée à Kigali, en juillet 2016, sous la présidence du président rwandais, Paul Kagamé. Les deux mesures prises à Kigali, visant à réformer l’Union et trouver des sources alternatives de financement de leurs activités, constituent des progrès majeurs qui doivent être salués, a-t-il insisté. L’Afrique a été ces dernières années, l’un des continents les plus dynamiques du monde, avec un taux de croissance moyen de 5%, faisant d’elle une région de pleins espoirs économiques avec des perspectives favorables de développement durable, a reconnu Alpha Condé. Mais, a-t-il précisé, cette croissance ne s’est pas forcément traduite par une amélioration des conditions de vie des populations. Car, la grande majorité des populations continuent de souffrir de la pauvreté, du chômage, des crises de diverses natures, l’immigration, le terrorisme,…privant le continent des cerveaux et des bras qui peuvent contribuer valablement à son développement.
Trouver des solutions aux problèmes des jeunes
Selon lui, il est donc, de leur responsabilité d’améliorer les conditions de vie de ces jeunes en quête de lendemains meilleurs en dehors de leur continent et de mettre fin à leur aventure suicidaire à travers le Sahara et les eaux de la méditerrané. « L’UA ne saurait justifier son existence, si ses actions ne produisent aucun impact sur les conditions de vie des populations, notamment les couches vulnérables », a-t-il lancé à ses pairs. Fort de ce constat, il s’est réjoui du lancement pendant cette 28e session ordinaire de l’UA, du centre africain du contrôle des épidémies et des maladies, tout en exhortant la commission de l’UA à tirer les leçons de l’épidémie à fièvre Ebola, pour parvenir à un meilleur contrôle et une lutte efficace contre les maladies infectieuses à potentiel épidémique. Dans la même optique, il a rappelé la nécessité de la mise en œuvre effective de la déclaration 2016 sur la fin du SIDA à travers lesquels les dirigeants africains se sont engagés d’ici à 2020 à éradiquer la pandémie. Pour le président en exercice de l’UA, l’industrialisation et la transformation structurelle dont le continent à besoin, ne peut se faire sans l’accès à l’énergie qui reste un défi que l’Afrique peut et doit relever pour réussir son développement. De ce fait, il s’est engagé à faire de l’accès à l’énergie moderne d’ici à 2030, l’une de ses priorités. « Aujourd’hui encore, 7 Africains sur 10, soit 700 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité », a déploré Alpha Condé. Pour son mandat, placé sous le thème: « Tirer pleinement parti du dividende démographique en investissant dans la jeunesse », il a demandé aux gouvernants, opérateurs économiques et autres investisseurs…de faire désormais preuve d’imagination pour prendre des décisions qui s’imposent et de mobiliser plus d’investissements nécessaires en faveur de la jeunesse. A contrario, ils seront les premières victimes de cette « bombe » qui ne cesse de s’amplifier jour après jour. C’est pourquoi, la réalisation du dividende démographique représente une opportunité majeure pour l’Afrique de répondre aux aspirations légitimes exprimées dans l’agenda 2063, a affirmé M. Condé. Plus de 60% des chômeurs en Afrique sont des jeunes, a déploré la présidente sortante de la commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma. Donc, pour elle, il leur faut des opportunités pour libérer leur génie créateur pour construire l’Afrique. De ce fait, elle a demandé aux chefs d’Etat de valoriser la jeunesse dans leur pays respectifs en cherchant des solutions à leurs préoccupations. Le président en exercice sortant de l’UA, Idriss Déby Itno, a dit merci pour la confiance qui avait été placée en lui pour diriger l’organisation continentale. Dans toutes les tribunes où il s’est exprimé, les préoccupations liées à la stabilité, à la paix, à la sécurité et aux défis du développement, ont été au centre de son plaidoyer, a-t-il affirmé. Mais, il a regretté les rudes épreuves que le continent a subies durant son mandat. En témoigne, selon ses dires, les multiples crises et conflits qui le secouent dans ses différentes parties. Il a cité entre autres, la crise libyenne avec ses conséquences sur l’ensemble du Sahel, le drame humanitaire au Soudan du Sud, le cycle des violences et d’insécurité en Afrique centrale, dans les pays des Grands Lacs…A cela s’ajoute, la criminalité transfrontalière, la piraterie maritime, le trafic des armes et stupéfiants, et des produits illicites.
A l’entendre, ses pairs et lui se sont attaqués à ces défis avec des fortunes diverses. Pour le président tchadien, s’ils n’ont pas pu remettre la Lybie sur les rails de la stabilité, ils ont exploré les voies et moyens pour l’aider à sortir de l’impasse politique et du chaos sécuritaire. C’est dans cette perspective, a-t-il indiqué, qu’ils ont multiplié les rencontres du haut comité de l’UA sur la Lybie. « Je félicite la communauté internationale pour sa dynamique de recherche de la paix et de la stabilité en Afrique », a-t-il mentionné. Idriss Déby Itno s’est également réjoui des actions entreprises par les Etats et organisations régionales en vue de contenir la poussée du terrorisme. Selon ses dires, durant sa fonction, le groupe terroriste Boko Haram a subi un « important » revers dans la région du Lac Tchad, de même que d’autres groupes affiliés à l’Etat islamique au Nord-Mali et dans la Corne de l’Afrique. Faisant toujours son bilan, il a salué la création en juillet 2016, d’un fonds de lutte contre le terrorisme et l’adoption en juillet 2016 à Lomé, de la Charte africaine sur la sûreté maritime et le développement. De son bilan, il s’est félicité de l’issue heureuse de la crise postélectoral qui a failli déstabiliser la Gambie, l’accord entre les acteurs politiques en République démocratique du Congo (RDC). Mais, selon lui, il y a toujours lieu de s’interroger sur le processus électoral en Afrique qui sont attendus avec anxiété par la population tant les risques d’affrontements sont nombreux. De nos jours, les conflits dans le monde sont pour la plupart des conflits internes, a dit le nouveau secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Or, l’Afrique peut compter sur le soutien indéfectible de l’ONU dans tous ses efforts pour renforcer les institutions nationales, préserver l’Etat de droit, promouvoir la bonne gouvernance, faciliter la transition pacifique du pouvoir et combattre l’extrémisme. « Nous travaillerons avec vous, main dans la main partout où, la stabilité et le bien-être des populations seront mis en danger par un conflit ou menace de conflit », a soutenu le secrétaire général de l’ONU. Antonio Guterres a invité les présidents africains à envisager des stratégies pour le renforcement de leur partenariat stratégique dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et dans la promotion de la paix, de la sécurité et des droits de l’homme. Abondant dans le même sens, le président en exercice de l’UA a dit que l’Afrique compte sur son engagement et sa détermination à contribuer à corriger de nombreuses erreurs et injustices, notamment son absence au sein du conseil de sécurité de l’ONU comme membre permanent ou la faible représentation de ses cadres dans les instances des Nations unies. « Nous restons confiants que dans un proche avenir, vous nous édifierez davantage pour votre vision pour l’Afrique », a souhaité Alpha Condé. En attendant, il a félicité Antonio Guterres d’avoir mis au cœur de ses actions, la quête de la paix, en accordant une attention particulière à la diplomatie préventive.
Abdel Aziz NABALOUM
emirathe@yahoo.fr
1- Le Maroc réadmis à l’UA ?
Après 32 ans d’absence, les tractations pour une adhésion du Maroc dans l’instance continentale se sont soldées par une note positive pour les défenseurs de la cause marocaine. Sur les 54 Etats, 10 avaient émis des réserves pour que le royaume chérifien clarifie ses propos sur la question de la République autonome du Sahara démocratique (RASD), ennemi juré du Maroc et dont la reconnaissance en 1984 par l’Organisation de l’unité africaine (OUA) avait provoqué le départ du royaume chérifien. Si le retour a été accepté, il doit être officiellement entériné par écrit par les chefs d’Etat, aujourd’hui, lors de la cérémonie officielle de clôture.
2-Reprise des élections des commissaires pour fraude
Du jamais vu au renouvellement des instances de l’UA ! L’élection des 8 commissaires (paix et sécurité, affaires politiques, infrastructures et énergies, affaires sociales, ressources humaines, commerce et industrie, affaires économiques, agriculture) a été purement et simplement annulée pour fraude. En effet, en l’absence du ministre des affaires étrangères du Sao Tomé et Principe, celle de la Mauritanie a pris le « malin » plaisir de s’adjoindre à elle, un membre de sa délégation pour voter au compte de ce pays absent lors du scrutin. Ainsi, son acolyte votait pour les candidats mauritaniens. Du coup, la joie de la candidate du Burkina Faso, Minata Samaté qui avait été élue au poste de commissaire aux affaires politiques s’est transformée en « inquiétude ». Mais, heureusement, elle est passée avec brio à la reprise du scrutin. « Vous comprendrez mon émotion. Le vote avait été annulé pour être repris. Mais Dieu merci, cela s’est bien passé. J’exprime toute ma gratitude au président du Faso, à tout le gouvernement…vous qui avez tous soutenu la candidature du Burkina. La priorité de cette commission est de veiller à ce que les élections dans les pays membres de l’organisation soient libres et démocratiques. La commission s’occupe aussi de la question des réfugiés. Il faudra s’assurer qu’aucune élection n’entraine ces situations », a déclaré la nouvelle secrétaire aux affaires politiques de l’UA, Minata Samaté.
A.A.N