Il y a de cela quelques jours déjà, des informations relatives à l’audit de la gestion du CSC ont fuité dans la presse. L’auteur de cet écrit estime que l’agent public est soumis à l’obligation de discrétion et que tout contrevenant s’expose à des sanctions, car cela pose un problème d’éthique et de déontologie.
Les quotidiens Sidwaya et L’Observateur Paalga ont publié, la semaine dernière, des informations sur les péripéties qui émaillent actuellement l’audit de la gestion du CSC auquel procède depuis six mois l’ASCE-LC.
Tout est parti d’une correspondance du Président de l’institution de contrôle d’Etat en date du 11 janvier 2017, par laquelle il intimait l’ordre à la présidente du CSC de suspendre tout mouvement du personnel en interne. Le motif en était qu’un éventuel redéploiement du personnel pourrait être source de déperdition d’informations susceptible de contrarier l’audit.
Réagissant à cette injonction du président de l’ASCE-LC, la présidente du CSC, par une lettre en date du 13 janvier 2017, interroge le président de l’ASCE-LC sur le point de savoir si un audit suspend ses pouvoirs légaux. Elle donne par ailleurs une information étonnante : depuis six mois que son institution fait l’objet d’audit, elle n’a pas été entendue une seule fois. L’on peut imaginer comment, même loin du théâtre, combien ce peut être psychologiquement et moralement décapant de subir pendant six mois des soupçons de malversations sans avoir été entendu une seule fois. Il peut même y avoir un problème d’éthique.
L’on peut aussi deviner ce que cet état de fait peut créer comme ambiance au sein de cette institution, probablement marquée par des soupçons sur le degré d’allégeance ou d’hostilité à l’égard du premier responsable. Les médiocres, dans ces contextes, ont parfois les meilleurs rôles, dans leur propension à médire des autres, sans garantie qu’ils incarnent les paramètres référentiels aux plans professionnel, intellectuel et du comportement social. Mais c’est la dynamique même des relations humaines. Chacun a une grande idée de lui-même. Mais le regard des autres est parfois plus objectif que celui que l’on porte sur soi-même.
Pour revenir au sujet, et si la notoriété et les compétences du Dr Marius Ibriga que j’ai l’honneur de connaître personnellement ne peuvent être mises en doute, et sous réserve de ce qu’une telle démarche serait prévue dans les procédures de l’ASCE-LC, le commun des mortels ne peut que s’étonner que le premier responsable d’une structure soumise à un audit depuis six mois n’ait pas été entendu une seule fois dans la période de référence.
L’on peut aussi penser que depuis six mois, l’ASCE-LC n’aurait pas réuni suffisamment d’informations pour qu’un éventuel redéploiement du personnel soit source de déperdition d’informations. L’ASCE-LC craindrait-elle par ailleurs un règlement de comptes à l’interne ?
A bien des égards, l’on est en droit de penser que l’ASCE-LC, par cette injonction, dispose de compétences quasi-juridictionnelles. Son rôle dépasserait donc celui de réunir des informations préliminaires et d’en laisser l’approfondissement à l’autorité compétente.
Ces commentaires, faute d’informations précises qui nourriraient un parti pris, peuvent relever de simples spéculations intellectuelles. Ces questionnements ne sont pas d’ailleurs l’objet principal de mon propos.
Ce qui me préoccupe s’arc-boute plutôt sur la question suivante : comment des correspondances échangées entre administrations publiques peuvent-elles, en l’espace d’une semaine, se retrouver dans la presse ? Y-aurait-il des relais au CSC et à l’ASCE-LC avec les organes de presse qui ont eu connaissance (ou même possession) de ces correspondances, le compte rendu dans la presse en précisant quelques extraits ?
Pour le peu que je sais de l’administration, l’agent public est soumis à l’obligation de discrétion. Le journaliste, lui, n’a rien à craindre. Une des règles fondamentales, sans laquelle la liberté de la presse aurait des difficultés à s’affirmer pleinement, réside en effet dans la protection des sources.
Mais les mécanismes du droit d’accès aux sources de l’information n’étant pas clairement définis au Burkina Faso, un agent public qui divulgue un document officiel s’expose.
Si l’accès aux sources de l’information se révèle être incontestablement un gage de bonne gouvernance, que des documents officiels échangés dans le cadre d’un dossier en traitement soient déjà connus et publiés, ne peut que nuire à la sérénité du travail de l’Administration.
Sous cet angle, l’on peut véritablement avoir mal à sa déontologie administrative.
Julien Sorel