Moins d’une semaine après le verdict de l’affaire caporal Madi Ouédraogo et 28 autres, le commissaire du gouvernement, Alioune Zanré, accompagné du directeur des enquêtes de la police judiciaire, le lieutenant-colonel Sam Djiguibou Ouédraogo, ont jugé utile « de lever toute équivoque sur un certain nombre d’interrogations sur le déroulement de la procédure ». C’est au cours d’une conférence de presse tenue ce 23 janvier 2017, qu’ont été faits ces éclaircissements qu’on peut présenter de si chers pour la défense dans ledit dossier.
Tout en précisant prendre acte de la décision rendue par le tribunal à la suite du procès ministère public contre caporal Madi Ouédraogo et 28 autres, le commissaire du gouvernement se dit pour le moins satisfait du bon déroulement du procès. Et cela, « malgré quelques incidents de procédures inhérents au déroulement normal d’un procès criminel », fait-il observer.
Durant ce procès, des faits notoires auraient surgi, allant même jusqu’à remettre en question certaines décisions par l’une des parties, notamment en ce qui concerne la comparution de probables témoins. A cet effet, en référence au Code de justice militaire et en son article 106, alinéa 4, comme prononcé par Alioune Zanré, « avant l’ouverture des débats, l’inculpé ou son conseil doit notifier également au commissaire du gouvernement, par simple déclaration au greffe, la liste des témoins qu’il désire faire entendre». Pour le cas échéant, et à en croire le commissaire du gouvernement, seul le conseil d’un accusé en a fait la demande auprès du parquet. Cette démarche s’est faite « au mépris de la disposition ci-dessus en ce qu’il a saisi directement le parquet la veille de l’ouverture du procès en lieu et place du greffe », précise-t-il.
En outre, pour ce qui est des sévices et maltraitances dont auraient été victimes Madi Ouédraogo et ses compagnons durant leur incarcération à la gendarmerie, il a dit qu’il en n’est absolument rien. C’est ce que l’on retient des propos du directeur des enquêtes, le lieutenant-colonel Sam Djiguibou Ouédraogo. Selon celui-ci, «aucun d’entre eux n’a été incarcéré dans une cellule. Ils avaient droit à 3 repas par jour. Même s’ils se sont égarés pour avoir commis des erreurs, ce ne sont tout de même pas nos ennemis». Pour ce qui concerne les auditions, le lieutenant-colonel Ouédraogo affirme qu’elles ont été conduites par des commandants de brigade expérimentés en la matière et se sont déroulées dans le respect des règles.
Quant à l’évocation du complot préparé par le général Zida contre de certaines autorités militaires et politiques dont a fait cas le caporal Madi Ouédraogo, cette question n’était pas à l’ordre du jour, selon Alioune Zanré. «Le tribunal n’est pas saisi pour la présente cause», a averti ce dernier, avant de préciser «tout au plus, ces dénonciations de Madi peuvent faire l’objet d’une nouvelle procédure au sens de l’article 53 du code de justice militaire s’ils existent des preuves suffisantes.»
Aussi, l’autre aspect qui a suscité bon nombre des réactions, est celui relatif à la requalification de l’association de malfaiteurs en complot militaire. A ce sujet, aux dires du commissaire du gouvernement, le président du tribunal a souligné avoir été saisi des faits et non des personnes. Cependant, il avait été notifié le mardi 10 janvier 2017, par le président à toutes les parties «l’éventualité de la requalification de l’association de malfaiteurs en complot militaire au regard des débats à l’audience», a rappelé Alioune Zanré qui, au passage, a manifesté l’envie de la défense de faire écouter la bande audio à polémique. « Si on permettait à tout le monde d’écouter cette bande violente, nous serions les hommes les plus heureux», a-t-il déclaré, tout en rassurant l’ensemble des journalistes sur l’authenticité de la bande audio.
En rappel, ce procès s’est soldé par trois condamnés à 15 ans de prison ferme, 15 autres à 10 ans de prison ferme. 2 d’entre eux s’en sont tirés avec 6 mois de prison ferme et 9 ont été acquittés.
Guy Serge Aka