Le commissaire du gouvernement, Alioun Zanré, a animé une conférence de presse, le lundi 23 janvier 2017, à Ouagadougou pour faire le bilan du procès militaire sur l’affaire du projet d’attaque de la MACA. Au cours de ce rendez-vous avec la presse, le directeur des enquêtes de la police judiciaire militaire, le colonel Djiguiba Sam Ouédraogo, a démenti les brimades qu’auraient subies les éléments de l’ex-RSP lors des enquêtes préliminaires.
Le procès de l’affaire « ministère public contre Madi Ouédraogo et 28 autres » s’est bien déroulé malgré quelques incidents de procédures. C’est l’avis du ministère public qui a animé une conférence de presse, le lundi 23 janvier 2017 à Ouagadougou, pour dresser le bilan du jugement de l’affaire. Accompagné, entre autres, du directeur des enquêtes de la police judiciaire militaire, le colonel Djiguiba Sam Ouédraogo, le commissaire du gouvernement, Alioun Zanré, a voulu surtout « lever toute équivoque sur un certain nombre d’interrogations sur le déroulement de la procédure et des informations erronées volontairement distillées ». Pour Alioun Zanré, plusieurs interprétations ont été entendues sur la non comparution de certains témoins demandée par la défense. Selon ses dires, la comparution d’un témoin est règlementée par l’article 106 du code de justice militaire qui stipule qu’avant l’ouverture des débats, l’inculpé ou son conseil doit notifier au commissaire du gouvernement, par simple déclaration au greffe, la liste des témoins qu’il désire faire entendre. Pour le commissaire du gouvernement, c’est au cours des débats que la défense a émis le vœu que certains témoins comme, les généraux Pingrenoma Zagré et Gilbert Diendéré ainsi que le caporal Claude Ido, soient entendus. « Ce à quoi, le parquet n’avait pas trouvé d’objection. Mais le président du Tribunal, en vertu de ses pouvoirs discrétionnaires, n’a pas trouvé la nécessité de faire comparaitre lesdites personnes pour éclairer sa religion », a soutenu le commissaire Alioun Zanré. Au cours des interrogatoires à la barre, plusieurs inculpés ont indiqué avoir subi toutes sortes de maltraitances à savoir des privations de nourriture, des conditions précaires de logement et des menaces en vue d’obtenir des aveux. Mais pour le directeur des enquêtes de la police judiciaire militaire, le colonel Djiguiba Sam Ouédraogo, par ailleurs commandant du groupement de gendarmerie départementale de Ouagadougou, il s’est agi juste d’une ligne de défense adoptée par les accusés. Pour lui, aucun inculpé n’a été maltraité à la gendarmerie lors de cette phase d’enquête préliminaire. « Le caporal Madi Ouédraogo a été le premier à demander à être entendu. Il m’a dit qu’il préfère tout dire parce que l’affaire a été découverte. C’est lui qui a cité tous les éléments qui étaient à la réunion et sur la base de ses déclarations nous avons pu les appréhender tous », a indiqué le colonel Ouédraogo.
1 million 700 mille F CFA pour la restauration des accusés
Pour lui, les procédures d’audition ont été conduites par des commandants de brigade expérimentés dans les techniques d’audition et personne n’a été forcé, menacé ou injurié pour parler. «Du point de vue de l’hébergement, nous avons des chambres à la gendarmerie de Paspanga pour loger les gendarmes qui viennent des provinces en mission à Ouagadougou. Ce sont ces chambres bien aménagées que nous avons mises à la disposition de ceux que nous avons interpellés. Personne n’a été dans une cellule pendant la phase d’enquêtes préliminaires », a soutenu le commandant du groupement de gendarmerie départementale de Ouagadougou. Et d’ajouter sur leurs conditions alimentaires : « Compte tenu de l’effectif, nous avons fait appel à un service de prestation privé pour leur restauration. Ils avaient droit à trois repas par jour à savoir le petit déjeuner, le déjeuner et le diner. La facture de leur alimentation s’est élevée à plus de 1 million 700 mille F CFA. Nous n’avons donc privé aucun accusé de nourriture ». Comment le parquet a-t-il obtenu l’enregistrement audio de la réunion tenue chez le caporal Madi Ouédraogo ? « La source qui est venue dénoncer à la police judiciaire avait été contactée par la bande pour participer à la réunion. Il a donc participé à la réunion du 16 décembre 2015 et au regard de la gravité des faits, il est venu se plaindre d’abord au tribunal militaire. Nous l’avons donc orienté et nous lui avons dit d’enregistrer la prochaine réunion pour qu’on puisse avoir plus de preuves », a indiqué le commissaire du gouvernement. C’est ainsi que la source est repartie à la réunion du 19 décembre et a enregistré ce qui s’est passé à la rencontre, a poursuivi Alioun Zanré. Il a ajouté que lorsqu’un membre d’une bande dénonce ses camarades, la loi l’absou. Peut-on s’attendre à ce que le ministère public ouvre une information sur le complot qui aurait été ourdi par le général Isaac Zida et déjoué par le caporal Madi Ouédraogo et ses camarades ? Sur cette question, le commissaire du gouvernement a évoqué un manque de preuves qui rend l’ouverture d’une information difficile.
Lassané Osée OUEDRAOGO