Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté jeudi 19 janvier 2017 une résolution demandant à l’ancien Président de la Gambie, Yahya Jammeh, de mener un processus de «transition pacifique et ordonné», et de transférer le pouvoir, au plus tard ce jeudi, au nouveau Président, Adama Barrow, conformément à la Constitution gambienne.
Présentée par le Sénégal, la résolution 2337 a été adoptée par le Conseil de sécurité à l’unanimité de ses membres quelques heures après l’investiture à l’ambassade gambienne à Dakar de M. Barrow comme Président de la République islamique de Gambie.
Les 15 membres du Conseil ont exhorté toutes les parties et tous les acteurs gambiens à respecter la volonté du peuple et les résultats du scrutin présidentiel par lequel M. Barrow a été reconnu Président de la Gambie et « dépositaire de la volonté librement exprimée du peuple gambien, ainsi que l’a proclamé la Commission électorale indépendante ».
Le Conseil a exprimé son « soutien sans réserve » à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans l’engagement qu’elle a pris de «garantir, en privilégiant les moyens politiques, le respect de la volonté du peuple gambien, telle qu’elle ressort des résultats de l’élection présidentielle du 1er décembre».
Dans sa résolution, le Conseil a fait siennes les décisions de la CEDEAO et de l’Union africaine (UA) de reconnaître M. Barrow en tant que Président de la Gambie. Il a demandé aux pays de la région et à la CEDEAO de coopérer avec le Président Barrow dans ses efforts en vue de procéder au transfert des pouvoirs.
Les membres du Conseil se sont également félicités des décisions par lesquelles le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a affirmé le caractère inviolable des résultats de l’élection présidentielle tenue le 1er décembre 2016 en Gambie, et annoncé que, à compter du 19 janvier 2017, il cesserait de reconnaître M. Jammeh comme Président légitime de la Gambie.
Le Conseil a souligné dans sa résolution l’importance de veiller à ce que la sécurité du Président Barrow, ainsi que celle de tous les citoyens gambiens, soit pleinement assurée, et prend acte de la décision prise par la CEDEAO à ce sujet à sa cinquantième session. Il a demandé à toutes les parties prenantes, à l’intérieur et à l’extérieur de la Gambie, de «faire preuve de retenue, de respecter l’état de droit et d’assurer une transition pacifique du pouvoir».
Les 15 ont également demandé aux forces de défense et de sécurité gambiennes de faire preuve de la plus grande retenue afin de maintenir le calme dans le pays et ont souligné qu’elles ont le «devoir et l’obligation de se mettre à la disposition des autorités démocratiquement élues».
S’exprimant devant la presse à l’issue de cette réunion, le Président du Conseil de sécurité a indiqué que la résolution adoptée est un «bon exemple de prévention des conflits».
Le système de l’ONU disposé à soutenir le Président Barrow et son gouvernement
Plus tôt jeudi, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé le Président Barrow, pour discuter des derniers développements dans le pays et le féliciter pour son investiture.
«Le Secrétaire général s’est déclaré profondément préoccupé par le refus du président sortant Yahya Jammeh de se retirer et par la fuite massive des Gambiens vers le Sénégal», a déclaré son porte-parole dans un communiqué publié juste après l’adoption de la résolution par le Conseil.
M. Guterres a dit au Président Barrow qu’il appuyait pleinement sa détermination et la décision historique de la CEDEAO, avec l’appui unanime du Conseil de sécurité, de rétablir l’Etat de droit en Gambie afin d’honorer et de respecter la volonté du peuple gambien.
«Le Secrétaire général a indiqué que le système des Nations Unies est disposé à soutenir le Président Barrow et son gouvernement dans leurs efforts pour promouvoir la démocratie et réaliser le développement durable en Gambie», a ajouté son porte-parole.
Au moins 28.000 personnes ont quitté la Gambie
Dans un entretien accordé mercredi à ONU Info, la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) pour l’Afrique de l’Ouest, Hélène Caux, a indiqué qu’au moins 28 000 personnes, principalement des enfants, ont quitté la Gambie depuis le début de l’année pour se rendre au Sénégal afin d’échapper à la tension croissante émanant des résultats de l’élection de décembre.
La majorité des personnes arrivées au Sénégal sont des Gambiens, ainsi que des Sénégalais qui ont travaillé ou vivent en Gambie. Les équipes signalent également la présence de Ghanéens, de Guinéens, de Libériens, de Mauritaniens et de Libanais.
«La plupart vivent chez des parents ou des familles d’accueil. Certains ménages ont plus que doublé ou triplé en taille, ce qui risque de mettre une pression sur leurs ressources, en particulier en termes de nourriture», a indiqué la semaine dernière la représentante régionale du HCR pour l’Afrique de l’Ouest à Dakar, Liz Ahua.
Le HCR, d’autres agences humanitaires et les autorités sénégalaises ont déployé des missions conjointes sur le terrain au sud du Sénégal, en Casamance. Leur collaboration vise à établir des plans d’urgence en cas de futurs afflux, notamment en identifiant et préparant des sites de transit et d’hébergement à proximité d’installations déjà existantes.
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