Ouagadougou - Dix-neuf membres de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne du président déchu Blaise Compaoré, qui avaient projeter de libérer des collègues emprisonnés après le putsch raté de septembre 2015, ont été condamnés mercredi soir à Ouagadougou à des peines allant jusqu’à 15 ans ferme.
Le caporal Madi Ouédraogo, le cerveau présumé du projet, et son complice le
sergent Mahamadi Zallé, ont été condamnés à 15 ans de prison ferme.
Un civil, Cheick Alassane Ouédraogo dit "Ladji", un imam présenté comme le
marabout du groupe, a également écopé de 15 ans de prison portant à 20 le
nombre de condamnations. 29 personnes étaient dans le box - 27 membres du RSP
et deux civils.
Quinze soldats ont été condamnés à dix ans de prison ferme alors que deux
soldats de deuxième classe ont écopé de six mois de prison ferme pour les
faits de "détention illégale d’armes et de munitions" et devraient sortir de
prison dès jeudi après avoir purgé près d’un an de détention préventive.
Neuf personnes, dont un civil, ont été relaxées "au bénéfice du doute" ou pour "infraction non constituée".
Le parquet militaire avait requis lundi des peines allant de cinq à vingt
ans de prison ferme. "Nous sommes satisfaits du verdict", s’est réjoui le
procureur militaire, le commandant Alioune Zanré.
Les 24 avocats, pour la plupart commis d’office, avaient tous demandé la
relaxe de leurs clients. "C’est avec une grande stupéfaction que j’ai écouté
la décision", s’est emporté Me Ollo Larousse Hien, dont le client, le caporal
Bapandi Ouoba, a pris dix ans ferme. "Nous allons immédiatement nous pourvoir
en cassation", a-t-il annoncé.
Selon l’arrêt de renvoi, les accusés avaient planifié fin décembre 2015 de
s’attaquer à un dépôt d’armes et à une prison pour libérer les généraux
Gilbert Diendéré, l’ancien chef du RSP, et Djibrill Bassolé, ancien ministre
des Affaire étrangères, ainsi que leurs camarades incarcérés dans le cadre du
putsch manqué de septembre 2015.
Principal accusé, le caporal Ouédraogo a présenté une ligne de défense
mettant en cause l’ancien Premier ministre de la Transition, Isaac Zida, personnage controversé et ancien numéro 2 du RSP, qui vit désormais en exil et doit être rayé des cadres de l’armée pour "désertion".
Selon le caporal, M. Zida aurait tendu un piège aux soldats après que ceux-ci eurent refusé d’"éliminer physiquement" plusieurs personnages importants dont le général Diendéré, le général Bassolé et Salif Diallo, l’actuel président du Parlement, ancien baron du régime Compaoré avant de passer dans l’opposition.
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