Le Centre écologique Albert Schweitzer (CEAS-Suisse) et l’Union nationale des apiculteurs du Burkina Faso (UNABF) ont organisé, les 11 et 12 janvier 2017, à Ouagadougou, un atelier de réflexion aux enjeux et défis de la filière.
Les acteurs du monde apicole sont en conclave, à Ouagadougou, du 11 au 12 janvier 2017. Et ce, sur initiative du Centre écologique Albert Schweitzer (CEAS-Suisse) et de l’Union nationale des apiculteurs du Burkina Faso (UNABF). Au menu des échanges, les enjeux liés à l'accès du miel et l’autonomie et la résilience du marché et de la filière. Les participants ont aussi partagé leurs savoirs sur l’apiculture et les techniques de protection de l'abeille et de son habitat. A en croire les organisateurs, l’objectif est de susciter la réflexion autour des enjeux de la modernisation et de la professionnalisation de la filière. «Il s’est agi de faire un état des lieux des pratiques apicoles et des pathogènes de l’abeille au Burkina, par une approche alliant biologie et ethnologie», a expliqué le Pr Alexandre Aebi, spécialiste en agro-écologie à l’Université de Neuchâtel en Suisse. Selon lui, le Burkina a une richesse en termes de savoirs et pratiques apicoles. Le seul bémol, a-t-il appuyé, ils ne sont pas valorisés. «Il faut qu’on parvienne à identifier des opportunités de formations des apiculteurs», a-t-il dit. A l’occasion, le Pr Alexandre Aebi a partagé les résultats d’une étude scientifique réalisée en 2015, sur l’apiculture et l’abeille burkinabè. «Les recherches ont été menées sur la biologie et l’ethnologie de l’abeille. Nous avons effectué des prélèvements dans 17 ruches. L’étude a montré des pathogènes causées par des parasites, et des problèmes potentiels de colonisation des ruches», a-t-il soutenu. En Europe, les abeilles ont été sur-sélectionnées et domestiquées. Conséquence, elles ont une durée de vie maximum de trois ans. Le chercheur a exhorté les apiculteurs locaux à «ne pas répéter les mêmes erreurs» au Burkina. Le coordonnateur et représentant du CEAS-Suisse au Burkina, Bernard Zuppinger a souligné la nécessité de trouver des stratégies afin de parer à toute éventualité. «Nous voulons également interroger de manière scientifique, les pratiques des ONG dans l’appui de la filière», a-t-il affirmé. Le président de l’UNABF, Désiré Marie Yaméogo, a loué la tenue de cet atelier qui a permis à l’ensemble des acteurs de discuter des enjeux de la filière et d’y apporter des solutions «locales». «Au regard l’appropriation des échanges par les apiculteurs nationaux, nous sommes rassurés que l’apiculture burkinabè a un lendemain meilleur. Il y a un essor et une volonté réelle d’aller de l’avant. Il y va de notre intérêt», a ajouté M. Yaméogo. Pour y parvenir, les participants ont formulé des recommandations. Celles-ci touchent l’accès au foncier pour les apiculteurs dans le but de protéger l'abeille et son habitat. Ils ont demandé l'application «plus stricte» du contrôle des pesticides non homologués, pour promouvoir une approche agro-écologique à l'échelle nationale. «Nous devons valoriser le miel burkinabè en vue d’accéder au marché local, national et international, en commençant par l’institutionnalisation de l'usage du miel dans les services publics (cantines, hôpitaux, etc.)», a suggéré le président de l’UNABF. Il a invité les autorités et des partenaires à soutenir les apiculteurs pour améliorer les ruches traditionnelles et développer des innovations technologiques adaptées aux savoirs locaux.
Djakaridia SIRIBIE