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Attentat du 15 janvier 2016 : "Les Etats-Unis, le Niger et Interpol-Lyon participent à l’enquête"...
Publié le vendredi 13 janvier 2017  |  Sidwaya
Fausses
© aOuaga.com par A.O
Fausses cartes d`électeur : l`affaire classée sans suite
Jeudi 29 octobre 2015. Ouagadougou. Palais de justice. Le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Ouagadougou, Maïza Sérémé, a animé une conférence de presse le 29 octobre 2015 pour annoncer le classement sans suite de l`affaire des 5 000 fausses cartes d`électeur




La justice burkinabè s’est mise en branle au lendemain des attentats du 15 janvier 2016. A l’occasion du premier anniversaire de cet événement tragique, le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou, Maïza Sérémé donne quelques informations sur l’enquête.

Sidwaya (S.) : Est-ce qu’on en sait un peu plus sur le mode opératoire des terroristes de la nuit du 15 janvier 2016 ?

Maïza Sérémé (M.S.) : Nous pouvons affirmer aujourd’hui que les terroristes étaient au nombre de trois et sont venus du côté de l’hôtel Yibi. Ils étaient enturbannés et portaient des manteaux sous lesquels ils ont caché leurs armes. Ils sont allés directement devant Capuccino, ouvrir le feu sur les clients et se sont repliés à l’hôtel Splendid où ils ont également tiré sur des gens. De là-bas, les trois terroristes sont revenus à Capuccino abattre ceux qui agonisaient et sont repartis mettre le feu à l’hôtel Splendid tout en continuant à tirer sur des personnes. Ensuite, ils se sont dirigés vers l’hôtel Yibi, puis vers le maquis taxi-brousse où ils ont été abattus par nos forces de défense et de sécurité. Nous sommes également sûrs que lorsqu’ils étaient à l’hôtel Splendid, ils ont reçu des messages d’un de leurs commanditaires qui leur demandait comment se déroulait l’opération et s’ils avaient un message à lancer. Avant de se faire abattre, ils ont détruit leurs appareils et les ont jetés au milieu des téléphones que les clients avaient abandonnés dans leur fuite. Nous sommes toujours en train d’examiner les éléments recueillis.

(S.) : Pourtant, à entendre certaines voix, certains terroristes auraient réussi à s’échapper.

(M.S.) : Tous les terroristes qui étaient présents sur les lieux de l’attentat ont été abattus. Ce sont des rumeurs que nous examinons aussi. De toute façon, nous n’écartons rien dans le cadre de l’enquête. Mais en attendant, le recoupement des témoignages et ce qu’on a pu voir avec les caméras de surveillance montrent qu’ils étaient trois. Au cours de l’attaque, ils ont enlevé leurs manteaux et leurs turbans, donc certains ont pu compter six personnes, d’autres mêmes plus.

(S.) : Peut-on connaître leurs identités ?

(M.S.) : Nous sommes en train de chercher. Les dénominations que le site terroriste a données pour revendiquer l’attentat sont des noms de guerre. Nous avons fait des prélèvements ADN qui ont été introduits dans les bases de données du FBI et d’Interpol pour essayer de retrouver leur identité.

(S.) : A quel stade se trouve donc la procédure ?

(M.S.) : Actuellement, nous avons trois personnes inculpées pour des faits d’association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste, de complicité d’assassinat, de blessure volontaire, de dégradation volontaire de bien en relation avec une entreprise terroriste. Ces individus sont en détention provisoire à la MACO.

(S.) : Qu’est-ce qui ressort de leur audition ?

(M.S.) : L’instruction est sécrète. Ce qui est sûr, ce sont des faits de complicité qui leur sont reprochés, c’est-à-dire qu’ils ont apporté une aide aux terroristes qui ont perpétré l’attentat ou à leurs commanditaires. Les recherches continuent, nous recevons des informations sur des personnes qui ont pu contribuer aux attentats et le juge d’instruction a saisi la Côte d’Ivoire et le Mali.

(S.) : Mais pouvez-vous donner une date probable pour le jugement ?

(M.S.) : Il serait très difficile de donner une date, même probable, parce qu’il faut que le juge entende toutes les personnes impliquées qu’il aura sous la main, les témoins, la centaine de parties civiles… Il faut aussi que nous ayons le retour des commissions rogatoires dans les pays voisins et s’y rendre pour recouper les informations. Par ailleurs, les Etats-Unis, le Niger et Interpol-Lyon sont en train de nous aider pour certaines informations, il faut donc attendre les résultats de toutes les expertises. Le juge doit instruire à charge et à décharge, clore son dossier, nous le transmettre avant que nous ne puissions commencer à envisager le jugement. Alors, si nous nous prononçons sur une date, ce ne serait que donner de faux espoirs à la population.

(S.) : pouvez-vous toutefois dire les peines que ces individus impliqués encourent ?

(M.S.) : De façon générale, ce sont des peines criminelles qui vont de cinq ans d’emprisonnement à la réclusion perpétuelle. Il y a aussi des peines délictuelles qui s’appliquent à ceux qui recrutent des citoyens pour aller les former à l’étranger en vue de perpétrer des attentats, les personnes mêmes qui vont se former, ceux qui font l’apologie du terrorisme, ou encore ceux qui consultent les documents et les sites internet pour s’informer sur le terrorisme. Ces personnes encourent des peines délictuelles allant de l’emprisonnement pendant quelques jours à 5 ans.

(S.) : Quel est l’état des lieux de la législation burkinabè sur le terrorisme ?

(M.S.) : On a une loi spécifique sur le terrorisme. Il s’agit de la loi 060-2009 du 17 décembre 2009 relative à la répression d’actes de terrorisme au Burkina Faso. Il y a également la loi 16-2016 du 3 mai 2016 relative au blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Ce sont ces lois qui régentent les crimes d’actes de terrorisme au Burkina Faso.

(S.) : Avez-vous un dernier mot à l’endroit des populations ?

(M.S.) : C’est vraiment inviter la population à avoir la culture du renseignement et à avoir confiance en nos forces de défense et de sécurité. Ceux qui ont des informations ou qui remarquent des comportements inhabituels chez leurs proches, des mouvements inhabituels dans leurs quartiers, doivent les signaler aux autorités. On peut penser que ce sont des informations sans importance, mais les investigations peuvent permettre d’éviter des drames. Par exemple, pour les événements de Kilwin, il a fallu qu’un habitant dise qu’une personne recrutait des gens dans son quartier pour qu’on se rende compte que c’était un terroriste. Chacun doit s’impliquer, tant qu’on peut empêcher les terroristes de frapper notre pays une nouvelle fois. Car, c’est très douloureux de passer le temps à recenser des blessés, et enterrer des cadavres. Nous sommes sur le dossier et j’espère que nous y arriverons à bout bientôt.

Entretien réalisé par
Fabé Mamadou OUATTARA
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