A peine les vœux de nouvel an présentés, que la machine des revendications a ressurgi au «pays des Homme intègres». En cette mi-janvier, les esprits sont un peu tournés vers l'an I des premiers attentats terroristes perpétrés sur le sol burkinabè. Notamment l'attaque du café Capuccino et de l'hôtel Splendid, tous deux situés au cœur de Ouagadougou.
Malheureusement, en interne, la quiétude n'est pas la chose la mieux partagée. Seulement, une semaine après que les citoyens se soient souhaité mutuellement paix et stabilité pour l'année nouvelle, les mouvements d'humeur n'ont pas tardé à éclater dans la capitale. En effet, des policiers radiés à la suite des mutineries de 2011 ont crié leur ras-le-bol, mardi dernier et menacent d'aller aussi loin que possible dans leur lutte si rien n'est fait pour traiter avec diligence leur dossier. Ces derniers, ex-mutins selon l'opinion, sont indignés parce qu'ils pensent être injustement rayés de la Fonction publique. Ils déplorent également le fait que le gouvernement, précisément le ministère de l'Administration territorial, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure, garde ses portes fermées malgré le bruit de leurs sifflets.
A l'heure où la nation cherche à faire peau neuve et à se départir de l'injustice jadis omniprésente au Faso, il est de bon ton qu'un dialogue soit instauré pour juguler définitivement l'affaire de ces "flics errants". Le but n'est pas forcément de réintégrer X ou Y mais de rendre véritablement justice sur ces deux affaires. Comment chacun d’eux a été radié? Quels sont les chefs d'accusations qui pèsent sur eux ? Insubordination, rébellion contre l'autorité de l'Etat, faute particulièrement lourde, déviance vis-à-vis de la discipline et du règlement des forces de défense et de sécurité, et que sais-je encore ? Idem pour les centaines de militaires dont certains ont vu leurs contrats résiliés et d'autres purement et simplement éraflés des effectifs des forces armées nationales. Si ces dossiers sont bien traités, le calme pourrait être au rendez-vous. Tant que les autorités n'auront pas résolu les problèmes sociétaux internes, la sécurité sera et restera toujours un idéal à rechercher. Etant donné que ces ex-soldats et policiers formés et entraînés au maniement des armes de tout calibre, ils pourraient à l'avenir emprunter d'autres chemins moins reluisants pour la tranquillité des populations.
D'ailleurs, du 15 janvier 2016 à ce jour, le Burkina Faso a souffert et ploie continuellement sous le joug de la montée en puissance du banditisme et de la criminalité organisée. Le pays demeure sous la menace terroriste des groupes affiliés à l'idéologie de la secte islamiste Al Qaïda au Maghreb Islamique surtout (AQMI) dans ses zones limitrophes. Et les forces de défense et de sécurité sont en alerte maximum. Comme toutes les nations du monde, les ennemis de l'extérieur du "pays des Hommes intègres" sont nombreux et se résument aux terroristes de tout bord, dont le mode opératoire est de frapper des positions armées pour ensuite se fondre dans la nature. Pour venir à bout du phénomène, il faut une organisation intérieure harmonisée. Or, en interne, la quiétude n'est pas au mieux. Les populations n'ont de recours qu'au bon Dieu pour espérer des lendemains meilleurs. L'enjeu d'un Burkina nouveau dépendra du degré de pacification, de stabilisation et de sécurisation du pays. Et pour cela, les autorités doivent faire des pieds et des mains, remuer ciel et terre pour parvenir à maîtriser le navire pris au piège par les vagues des attentats terroristes et autres menaces et qui a commencé à tanguer sérieusement dans les eaux nauséabondes d'un océan d'insécurité. Des eaux dont les profondeurs sont peuplées de caïmans aux dents aiguisées. Et cette politique nécessite une cohésion sociale sans faille.
Wanlé Gérard COULIBALY