Le mouvement Citoyen africain pour la renaissance (CAR) a organisé une conférence publique, le samedi 7 janvier 2017, à Ouagadougou, dans le cadre du front anti CFA lancé par l’ONG « Urgence panafricaine ». Au cours d’une communication animée par le doctorant en économie, Abdoulaye Séré, a présenté cette monnaie comme « un instrument de répression économique de l’Afrique ».
Domination, indépendance et souveraineté ! Trois expressions qui reviennent au goût du jour à la faveur de la remise en cause du franc CFA (Communauté financière africaine) à travers, notamment, le front anti CFA lancé par l’ONG « Urgence panafricaine », appelant les populations africaines à dénoncer activement cette monnaie. Au Burkina Faso, le mouvement Citoyen africain pour la renaissance (CAR) s’est fait l’écho de cette lutte en initiant une conférence publique sur la question, le samedi 7 janvier 2017 à Ouagadougou. En posant la problématique de l’opportunité de cette monnaie pour le développement économique de l’Afrique occidentale et centrale, les invités ont relevé l’intérêt de supprimer le franc CFA au profit d’une devise qui permettrait davantage le financement endogène des économies concernées. Les débats ont eu lieu à l’issue d’un exposé sur les forces et faiblesses du franc CFA présenté par le doctorant en économie à l’Université Ouaga I, Abdoulaye Séré. L’économiste a d’abord présenté ce que cette monnaie représente en termes de coûts pour l’Afrique. « 50% des réserves des banques centrales d’Afrique occidentale et centrale sont reversées dans les comptes du trésor français. En contrepartie, elles s’assurent de la libre convertibilité et de la fixité du taux de change du F CFA par rapport à l’euro », a-t-il soutenu. La conséquence de ce « pacte » pour les Etats africains est, selon lui, une perte de leur souveraineté du fait de la non maitrise de leur politique monétaire. De son avis, cette « compromission » entraîne plus d’inconvénients que d’avantages pour l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et la Communauté économique de l’Afrique centrale (CEMAC). L’alternative que le doctorant envisage par conséquent pour les africains, s’ils veulent sortir du labyrinthe du franc CFA, c’est de dévaluer cette monnaie ou de rompre avec l’accord de fixité les liant au Trésor français et développer une devise commune. Et de préciser que c’est cette dernière solution qui est envisagée par les différents mouvements de contestation portés par des intellectuels (économistes), les populations (militants de la société civile) et, de façon plus ou moins ouverte, par des politiques. Toutefois, Abdoulaye Séré a prévenu qu’en marge de cette opinion publique qui s’affirme de plus en plus pour l’abandon du franc CFA, il y a lieu que les sociétés africaines s’assurent de pouvoir financer leur propre développement notamment par des financements endogènes, condition sine qua none d’une véritable souveraineté monétaire. Mais en attendant, à écouter le président du CAR, Hervé Ouattara, l’accent est mis sur la dénonciation. « Nous ne voulons plus du franc CFA. Aucun pays n’a réussi à se développer en utilisant cette monnaie. Nous devons l’abandonner pour une renaissance de l’Afrique. C’est ce combat qui constitue le leitmotiv de notre mouvement », a-t-il clamé. À la suite de cette conférence publique, Hervé Ouattara a annoncé des actions futures, dont, un colloque international qui se tiendra à Ouagadougou. Il a par ailleurs laissé entendre que des manifestations du genre pour dénoncer le CFA ont été organisées dans quinze autres pays d’Afrique, concomitamment à cette conférence publique.
Fabé Mamadou OUATTARA