Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Santé
Article
Santé

Avertissements sanitaires graphiques du tabac : l’industrie du tabac continue de narguer l’Etat burkinabè alors qu’elle rampe en France !
Publié le lundi 9 janvier 2017  |  Autre presse
Des
© Autre presse par DR
Des mégots de cigarettes




9 mois d’attente, 9 mois de louvoiement, 9 mois de manipulation, 9 mois d’arrogance : c’est le jeu auquel se livre l’industrie du tabac face à l’Etat burkinabè, alors que tout le dispositif législatif ne lui autorise plus de telles agissements. Sur la question des paquets neutres, ACONTA (Afrique contre le tabac) et le REJAT-BF (Réseau des journalistes pour la lutte antitabac au Burkina Faso) interpellent les autorités compétentes à prendre leurs responsabilités.
En France comme chaque année au 1er janvier, les mesures adoptées entrent en application. En ce qui concerne le tabac, plus aucun paquet de cigarette ne circule s’il ne répond pas aux caractéristiques du paquet neutre pour réduire la publicité effectuée sur les emballages à partir de 2017. Cette mise en œuvre fait de la France le deuxième pays, après l’Australie, à mettre en place le paquet neutre. Il s’agit d’un emballage avec une couleur non attractive, une forme identique et sur lequel le nom de la marque de tabac est écrit de manière standardisée et avec des mentions sanitaires obligatoires. Les industriels du tabac se sont conformés à ce dispositif sans rechigner.
L’Afrique n’est pas en reste de cette dynamique. En effet, le Tchad, le Kenya, la Namibie, Madagascar, les Iles Seychelles et l’Ile Maurice ont déjà apposé des messages sanitaires graphiques sur les emballages de tabac, et bientôt le Sénégal en 2017. Cette disposition qui montre les conséquences sanitaires du tabac sur les emballages permet de protéger les couches sociales les plus vulnérables que sont les jeunes et les ménages les plus pauvres de même qu’elle facilite l’arrêt du tabac par les fumeurs. En plus, elle permet de mieux contrôler le commerce illicite du tabac.
Pendant ce temps, Imperial Tobacco, propriétaire de la MABUCIG, défie l’autorité de l’Etat au Burkina Faso en décidant de ne pas appliquer les textes juridiques portant apposition des messages sanitaires graphiques.

L’industrie du tabac est-elle plus forte que l’Etat ?

Depuis le 7 avril 2016, les firmes de tabac au Burkina Faso devaient apposer les images de sensibilisation sur les paquets de cigarettes. Les paquets de cigarettes actuellement vendus sur le marché devraient comporter sur 60% des faces avant et arrière des messages sanitaires graphiques qui rappellent aux fumeurs en particulier et au public en général que le tabac est source de maladies et cause de décès. Au lieu de cela, Imperial Tobacco a décidé d’ignorer les textes et de continuer à tuer près de 2000 personnes chaque année (chiffres officiels) au Burkina Faso. Alors que cette date butoir est échue depuis au moins 250 jours (équivalent de 9 mois), l’industrie du tabac ne s’est toujours pas exécutée conformément au décret et à l’arrêté conjoint qui l’y contraint pourtant.
Ce refus d’appliquer les textes s’interprète comme un acte de défiance envers l’autorité de l’Etat. La France et le Burkina Faso, à l’instar de 178 autres Etats, ont ratifié la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. Mais les mesures ne sont pas appliquées au Burkina Faso à ce jour en ce qui concerne l’apposition des messages sanitaires graphiques. Les firmes de tabac présentes en Europe telles que Philip Morris International, British American Tobacco et Imperial Tobacco, qui ont leurs tentacules au Burkina Faso, sont contraintes depuis janvier 2017 à mettre sur le marché des paquets neutres de cigarettes en France. L’Etat français est-il plus soucieux de la santé de sa population plus que le nôtre ? Le droit à la santé au Burkina est aussi non négociable. Le Burkina Faso est également soucieux de la santé de ses populations et ne saurait se laisser distraire par les méthodes dilatoires des firmes de tabac. L’industrie du tabac doit être contrainte, même par la force, de respecter les textes.

Le jeu trouble du ministère du Commerce

ACONTA et le REJAT-BF accusent Imperial Tobacco seule d’être à l’origine de ce cafouillage, car beaucoup d’autres importateurs présents sur le territoire burkinabè ont pris attache avec le ministère de la Santé pour exprimer leur désir de respecter la loi. Mais, ils craignent les représailles de cette puissante firme qui les en empêche car étant la seule société productrice de tabac au Burkina Faso.
Un procès va s’ouvrir contre la MABUCIG le 20 janvier 2016 à Bobo-Dioulasso pour la mettre face à ses responsabilités. Le ministère de la Santé est en proie à de nombreuses peaux de bananes jetées par le ministère du Commerce qui semble être l’allié de Imperial Tobacco dans cette affaire. Au sein du ministère du Commerce, des personnes acquises aux intérêts de Imperial Tobacco entretiennent volontairement ce désordre. Carton rouge au ministère du Commerce!

L’appel au gouvernement

L’apposition des messages sanitaires graphiques sur les paquets de cigarettes est une décision de santé publique et un impératif auquel l’industrie du tabac ne peut continuer à se dérober. C’est pourquoi, ACONTA et le REJAT-BF lancent un appel pressant au gouvernement burkinabè et aux autorités législatives et judiciaires pour obliger les cigarettiers à respecter cette décision sans délai.
Le président du Faso dans son programme présidentiel a promis de renforcer les actions en faveur de la prévention des maladies et de la promotion de la santé par le durcissement de la règlementation sur la production, la commercialisation et la consommation de produits dangereux pour la santé comme l’alcool, les drogues et le tabac. Il est donc urgent que le gouvernement prenne ses responsabilités.
Nous exhortons le Président du Faso, conformément à son programme de politique et le Premier ministre, à faire respecter les conventions internationales de l’Organisation Mondiale de la Santé ratifiées par le Burkina Faso.

Ouagadougou, le 9 janvier 2017

Pour ACONTA

Salif NIKIEMA
Coordonateur

Pour le REJAT-BF
Abdoul Wahab NOMBRE
Secrétaire exécutif

Commentaires