En marge de l’investiture du président du Ghana, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a rencontré la communauté burkinabè vivant au Ghana, dans l’après-midi du samedi 7 janvier 2017 à Accra. Les échanges se sont focalisés sur l’actualité nationale du Burkina Faso et les préoccupations de cette communauté dans son pays d’accueil.
La communauté burkinabè vivant au pays voisin, le Ghana, s’intéresse aux sujets d’actualité et au développement de son pays d’origine. Réunie autour du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, à Accra, le samedi 7 janvier 2017, à la faveur de l’investiture du président ghanéen, elle a traduit toute sa compassion au peuple du Burkina Faso en observant une minute de silence en mémoire de tous ceux qui sont tombés sous les balles assassines des terroristes. C’est l’entame d’une rencontre d’une heure trente minutes. Ainsi, le Naaba Sigri a tout d’abord souhaité la bienvenue au président Kaboré avant de soulever les difficultés liées au transit au port de Téma. Et l’ambassadeur du Burkina Faso au Ghana, Clémence Traoré/Somé, de prodiguer des vœux de réussite à Roch Marc Christian Kaboré avant de plaider pour la population de son ressort. Elle a sollicité l’accompagnement du chef de l’Etat pour une éventuelle organisation d’une opération d’établissement d’actes civils (carte nationale d’identité, carte consulaire et passeport) au profit des ressortissants qui n’en disposent pas.
Le président de l’association des Burkinabè vivant au Ghana, Romuald Sawadogo, estime à environ 3 à 4 millions de Burkinabè résidant au Ghana. Seulement, a-t-il relevé, au regard de la politique d’intégration de Kwamé N’kruma dans ce pays, beaucoup d’entre eux ont bénéficié de la nationalité ghanéenne. «Cela fait qu’ils sont nombreux aujourd’hui nos compatriotes à avoir l’identité ghanéenne mais ils ne détiennent pas de document administratif burkinabè qui fait d’eux des citoyens du Burkina Faso. On espère qu’avec la nouvelle lancée dans le pays, on trouvera des manières, de concert avec l’ambassade ici, de faire un recensement de ces ressortissants et les aider à avoir leurs documents administratifs», a renchéri M. Sawadogo.
Le président des stagiaires et étudiants du Burkina Faso au Ghana, Ounténi Ousmane Tankoano, de son côté a soutenu que pour les étudiants c’est la difficulté d’avoir le permis de résidence et la carte d’étudiant qui préoccupe. Il y a aussi, a-t-il ajouté, le problème de logement parce qu’au Ghana il faut payer le loyer sur un à deux ans.
Œuvrer à une réelle intégration sous-régionale
Pour le doyen des transitaires burkinabè au Ghana qui est dans le corridor depuis 1993, Victor Ouédraogo, la législation du Ghana est très sévère pour l’installation d’un étranger dans ce pays. «Moi ma chance est que ma femme est Ghanéenne. Mais avec les accords de la CEDEAO les procédures se sont améliorées. Beaucoup de Burkinabè travaillent en sous-terrain parce qu’ils ne sont pas officiellement installés. C’est à ce niveau qu’il y a beaucoup de désordres», a-t-il raconté. Il a suggéré au chef de l’Etat l’organisation d’une table-ronde des acteurs burkinabè opérant dans les différents ports pour synchroniser les actions.
Après avoir écouté les doléances des participants à la rencontre, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a d’abord traduit sa satisfaction de les rencontrer pour la première fois depuis son élection à la tête du pays. Il leur a livré les informations sur l’actualité nationale. Il s’agit principalement de la question sécuritaire qui est prioritaire pour lui, la procédure de révision de la Constitution qui doit conduire le Burkina Faso à la Ve République, la réconciliation nationale qui doit être précédée, à son avis, du jugement des crimes de sang et économiques. Concernant le niveau économique du pays, Roch Marc Christian Kaboré a rassuré les Burkinabè vivant au Ghana de l’accompagnement des partenaires pour le financement annoncé du Plan national de développement économique et social (PNDES) à hauteur de 18 mille milliards de F CFA. Il les a aussi réconfortés par l’annonce du 2e Compact avec les Etats-Unis. «2017 sera une année de travail et de réalisations», a-t-il souligné. Pour ce faire, il a invité la diaspora à s’investir au bercail. Sur les inquiétudes des ressortissants dans le pays de Kwamé N’Kurma, le chef de l’Etat a dit prendre bonne note. «En ce qui concerne vos préoccupations relatives au port de Téma, une mission ministérielle viendra ici pour trouver des solutions à ces difficultés», a-t-il promis à la communauté burkinabè. Au cours des échanges, la question des Koglwéogo a été également évoquée. Et le président du Faso de préciser : «Nous réaffirmons notre engagement à encadrer ces groupes d’auto-défense qui jouent un rôle de police de proximité. Mais ils doivent agir en respectant les questions des droits humains et des lois en vigueur dans notre pays, faute de quoi ils répondront de leurs actes devant la justice», a-t-il signifié. Une remise de cadeaux au chef de l’Etat a mis fin à la rencontre.
Kowoma Marc DOH