Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a organisé, le jeudi 29 décembre 2016 à Ouagadougou, un dialogue démocratique sur l’examen de la première année d’exercice du pouvoir du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré.
Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) suit avec intérêt les premiers pas au pouvoir du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. En initiant un dialogue démocratique sur sa première année à la tête du pays, le jeudi 29 décembre 2016 à Ouagadougou, la structure a voulu mettre à nu les acquis et les insuffisances, et dégager des perspectives. Trois experts ont été mobilisés à cet effet, à savoir le constitutionnaliste, Pr Augustin Loada, l’économiste en service au Centre d’analyse des politiques économiques et sociales (CAPES), Dr Alain Siri et le conseiller spécial du Premier ministre, l’universitaire Magloire Somé. Le premier spécialiste a abordé la gouvernance politique, le second la situation économique et le troisième a tablé sur le dialogue social durant la première année d’exercice du chef de l’Etat. S’agissant des acquis en matière de gouvernance politique, le Pr Loada a évoqué, entre autres, l’élaboration de l’avant-projet de la nouvelle Constitution, le respect des droits civils et politiques, la bonne conduite de l’action parlementaire et le dynamisme de la société civile. Il a par contre déploré la lenteur dans le traitement des dossiers judiciaires pendants, le manque de suite aux cas avérés de corruption, le laxisme dans l’administration, et la situation sécuritaire précaire. En plus, le Pr Loada a noté la perplexité de l’opinion sur les capacités du nouveau régime à répondre aux attentes. Cette appréhension serait caractérisée par un sentiment général de désenchantement à son avis. « Il faut tempérer ce sentiment, car on ne doute pas de la bonne foi des dirigeants », a signifié l’ancien ministre en charge de la fonction publique sous la Transition. Pour autant, il a invité le président Kaboré à tenir sa promesse de réformer les institutions pour plus de justice sociale et de démocratie. Le Dr Siri, pour sa part, a fait observer des avancées sur le plan social et en matière de gestion des finances publiques. Il a cité, parmi tant d’autres, la mise en œuvre de la loi 081 portant statut des agents de la Fonction publique, l’effectivité de la mesure de gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, la réforme du secteur du recouvrement des recettes et l’adoption de la taxe sur le foncier. Malgré ces progrès, a-t-il fait remarquer, l’économie tarde à décoller. « On n’a pas l’impression que la relance économique est une réalité », a soufflé l’économiste. Pour les années à venir, il souhaite que les autorités s’emploient à revoir la qualité et la cherté du coût de l’énergie, à réorganiser l’administration publique, à lutter contre le chômage des jeunes, etc.
Réaction du gouvernement
Le conseiller spécial du Premier ministre, Magloire Somé, s’est appesanti, comme indiqué, sur le front social, particulièrement agité en 2016. A son entendement, cette agitation trouve explication dans la satisfaction de la plateforme revendicative des magistrats. « La satisfaction de la plateforme des magistrats a donné l’impression que tout était possible et a entrainé d’autres revendications. Tous les syndicats sont entrés dans la danse (…) », a-t-il affirmé. La politique du gouvernement vis-à-vis des revendications parfois maximalistes, à l’écouter, a été de privilégier le dialogue, tout en concédant ce qui peut l’être. Cette posture demeure, à suivre M. Somé, puisque le chef du gouvernement a pris contact avec l’Unité d’action syndicale (UAS) pour voir dans quelles mesures régler « globalement » les revendications au niveau de la Fonction publique.
Le diagnostic des experts a suscité des échanges avec le public présent, sous la modération du Pr Serge Théophile Balima. Plusieurs suggestions ont été faites à l’endroit du gouvernement, dont l’organisation d’un forum national sur la sécurité intérieure, la réduction effective du train de vie de l’Etat, et le jugement des crimes économiques et de sang.
Les deux ministres présents au dialogue, notamment ceux de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré et des Affaires étrangères, Alpha Barry, n’ont pas été insensibles aux inquiétudes soulevées çà et là. « Les intervenants ont pointé du doigt les points de faiblesse qui nous permettront de faire les réglages nécessaires », a commenté le ministre Compaoré. Son collègue Alpha Barry a souligné le contexte de fortes attentes et de menaces sécuritaires dans lequel le président Kaboré est arrivé au pouvoir, sans cacher l’espoir suscité par l’année 2017, à la suite de la réussite de la conférence des partenaires du Burkina Faso pour le financement du Plan national de développement économique et social (PNDES). Le dialogue démocratique du CGD sur l’An I du président Kaboré, comme l’a soutenu son directeur exécutif, Thomas Rayedé Ouédraogo, va contribuer à la mise en œuvre du Présimètre, plateforme de suivi des politiques publiques sur la période 2016-2020 initié par son partenaire, l’ONG Diakonia.
Kader Patrick KARANTAO