Ouagadougou - Le procès des 27 militaires qui projetaient en 2015 de libérer des collègues emprisonnés après un putsch raté, a repris jeudi à Ouagadougou, a constaté l’AFP.
A l’ouverture de l’audience, les avocats de la défense ont soulevé des exceptions de nullité qui ont été rejetées par la cour après plus de six heures de délibération.
Selon la défense, le tribunal militaire doit notamment se déclarer
incompétent parce que les infractions en cause n’ont pas été commises dans des
établissements ou enceintes militaires mais dans un domicile privé car d’après
l’acte d’accusation, les prévenus se seraient réunis au domicile de l’un des
leurs pour préparer leurs actions.
"Je suis déçu par cette décision du tribunal parce que c’est notre droit
qui recule...Nous disons que le tribunal n’a pas dit le droit et c’est très
très dommage pour notre justice", a réagi Me Ollo Larousse Hien, un des 25
avocats commis d’office.
"Pour nous c’est une décision qui viole la loi, qui viole la Constitution
et nous allons exercer les voies de recours qui ne peuvent être exercées
qu’avec l’arrêt qui sera rendu sur le fond", a affirmé un autre avocat des
prévenus Me Christophe Birba.
Au total 27 militaires dont vingt-trois soldats et quatre sous-officiers,
tous membres de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne
garde prétorienne du président déchu Blaise Compaoré, se sont présentés à la
barre. Deux civils figurent également parmi les accusés.
Il sont tous poursuivis pour "associations de malfaiteurs", "détention
illégale d’armes à feu et de munitions" et de "complicité". Ils risquent la
peine de mort.
Ces militaires avaient été arrêtés fin décembre 2015 alors qu’ils
planifiaient, selon l’arrêt de renvoi, d’"attaquer" la Maison d’arrêt et de
correction des armées (MACA) de Ouagadougou pour libérer les généraux Gilbert
Diendéré, l’ex-chef du RSP, et Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires
étrangères (et général de gendarmerie) et tous les autres militaires du
régiment incarcérés pour leur implication présumée dans le putsch manqué de
septembre 2015.
Selon le parquet, les accusés voulaient également attaquer des brigades de
gendarmerie à Ouagadougou et un dépôt d’armes de l’armée situé près de la
capitale.
Outre la libération des présumés putschistes, ils projetaient en cas de
réussite de leur projet d’exiger la reconstitution du RSP, dissout après son
putsch manqué de septembre 2015, de réclamer la réintégration au sein de
l’armée de centaines de soldats radiés en 2011 après des mutineries et
d’exiger le versement de primes qu’ils n’auraient pas perçu après leur retour
d’une mission onusienne.
roh/eak/jpc