Le président du Faso, Blaise Compaoré, séjourne depuis le 30 septembre 2012 à Milan en Italie. Il participe à un forum de haut niveau sur la coopération internationale. Sans doute une occasion pour le chef de l’Etat burkinabè de partager son expérience en matière de médiations dans les conflits en Afrique, notamment dans la sous-région ouest-africaine. Ce qui ressemble à un devoir de gratitude des autorités italiennes vis-à-vis du numéro un des Burkinabè dont l’implication, on se le rappelle, avait permis de libérer en juillet dernier l’Italienne Rossella Urru des serres d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Peut-être le président Compaoré est-il en train de préparer sereinement sa retraite politique puisqu’on le sait, bien des hommes d’Etat en Afrique s’imaginent difficilement une vie en dehors du pouvoir. Certes, ce n’est pas aussi aisé comme pourrait le penser le commun des mortels, surtout quand on comptabilise à son actif plusieurs décennies au pouvoir. Mais, étant donné qu’aucun homme n’est indispensable à une nation, il est souvent nécessaire de « faire contre mauvaise fortune bon cœur » en prenant des décisions courageuses quoique cela puisse irriter l’entourage. En tout cas, comme dit un adage du terroir, « l’occasion la plus belle pour se mettre en selle, c’est lorsque le chameau se couche » ; car une fois sur ses quatre pattes, cela devient un parcours du combattant. Autrement dit, il est possible pour un chef d’Etat de se reconvertir pour autant qu’il sache quitter les choses avant qu’elles ne le quittent. Et à ce propos, les exemples sont légion. L’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo fait partie de ceux-là qui n’ont pas connu le chômage après le pouvoir. Il est sollicité dans bien des médiations à travers le continent. Mathieu Kérékou et son compatriote Nicéphore Dieudonné Soglo sont deux has been béninois qui cristallisent respect et admiration au-delà des frontières du continent. Bref, la liste est longue. Et le président Blaise Compaoré peut y inscrire honorablement son nom ; lui qui, quoi que l’on dise, a fait ses preuves dans la résolution de certaines crises dans la sous-région. Plus donc de souci à se faire sur son statut après le pouvoir, surtout que ses médiations lui ont donné davantage de cote auprès des Occidentaux. Peut-être serait-il intéressant que le président Compaoré apprenne désormais à partager son expérience de médiateur avec ses compatriotes et ce, à travers des conférences nationales publiques sur la gestion des conflits en Afrique, comme ce fut le cas à Strasbourg, à Lyon, à Berlin et désormais à Milan. Ce n’est pas impossible.