Ainsi donc le président congolais, Denis Sassou N’Guesso, ne sera pas reçu par le président élu Donald Trump. Et pourtant ! Tout semblait régler comme du papier à musique. En tout cas, à en croire la présidence congolaise qui, dans un très officiel communiqué de presse, a fait état de la rencontre entre les deux hommes prévue le 27 décembre 2016. A l’ordre du jour, la crise libyenne, Denis Sassou N’Guesso étant par ailleurs président du comité de haut niveau de l’Union africaine chargé du dossier et des questions africaines et internationales.
Tout semblait bien parti. Et voilà que, comme un coup de massue, un autre communiqué émanant celui-là de la Trump Tower, actuel QG du futur locataire de la Maison-Blanche, est venu couper l’herbe sous les pieds de celui qui s’enorgueillissait d’être parmi ses pairs, le premier à obtenir un tête-à-tête avec le 45e président des Etats-Unis. En effet, selon sa porte-parole, de rencontre entre le milliardaire et le chef d’Etat africain, il n’en a jamais été question.
Alors, questions. S’agirait-il d’un regrettable malentendu ou d’une mauvaise blague ? Dans tous les cas qui, des Congolais ou des Américains, détient la vérité sur cette affaire?
Si l’on doit se fier à la teneur du premier communiqué, tout semblait avoir été prévu, qu’il s’agisse de la date ou de l’ordre du jour détaillé. Et même si dans sa version finale il n’en a pas été question, on sait que ce genre de rencontres de haut niveau se préparent longtemps à l’avance et d’un commun accord. Difficile dans de telles conditions qu’un quidam puisse se permettre de rendre public un canular d’une telle ampleur, de surcroît à propos d’un sujet d’une telle importance, qui plus est, avec la bénédiction du cabinet de la présidence du Congo.
Si donc, comme on le voit, il est peu probable que le tuyau soit percé du côté de Brazzaville, les regards se portent sur la Grosse Pomme où réside encore le magnat de l’immobilier. Aurait-il suivi les conseils de son entourage, renonçant à accorder au maître de Brazza la faveur d’être le premier Africain reçu par le futur président des Etats-Unis. Il faut dire que celui que l’on surnomme DSS est loin d’être un exemple de démocratie et de bonne gouvernance, lui dont le patronyme est régulièrement cité dans des affaires de biens mal acquis. Après 30 ans au pouvoir, il s’éternise et reste plus que jamais contesté par une opposition de plus en plus virulente qui, de toute façon, ne voyait dans cette prétendue rencontre qu’un mauvais signal envoyé aux Congolais.
En tout cas, l’hypothèse d’un rétropédalage de dernière minute n’étonnerait personne puisque depuis son élection surprise en novembre dernier, Donald Trump, que les communicants du pouvoir congolais qualifiaient jadis d’homme « pragmatique enclin à échanger avec un des principaux acteurs du continent » n’a cessé de se dédire.
Après ce faux départ, voilà Sassou gros Jean comme devant et obligé de prendre son mal en patience en espérant que la prochaine fois sera la bonne.
H. Marie Ouédraogo