Le candidat vaccin contre le paludisme, le RTS,S est maintenant efficace à 55,8%. Entre mai 2009 et janvier 2014, les travaux de recherche sur la fiabilité de ce premier vaccin contre un parasite ont été menés au Centre médical avec antenne chirurgicale Saint Camille de Nanoro, à quelques encablures de la ville de Koudougou, dans le Centre-Ouest. Après cette phase d’essai qui a été édifiante, les résultats ont été présentés, le vendredi 23 décembre 2016.
Le 17 novembre 2016, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) confirmait que le premier vaccin antipaludique au monde, le RTS,S sera déployé dans le cadre de projets pilotes en Afrique subsaharienne. Etant donné que le financement de la phase initiale du programme est assuré, les vaccinations devraient commencer en 2018. C’est le Burkina Faso qui a expérimenté les derniers essais de ce candidat vaccin dont les résultats sont édifiants. Pour permettre au grand public de prendre connaissance des résultats, l’équipe de recherche, dirigée par Dr Halidou Tinto, Pr de parasitologie Associé, a organisé un atelier de restitution, le 23 décembre 2016, dans la capitale Burkinabè. Un atelier qui a d’ailleurs vu la présence des ministres de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Pr Filiga Michel Sawadogo et celui de la santé, Dr Smaïla Ouédraogo. L’on peut retenir que cette phase III de l’étude de confirmation de l’efficacité du vaccin a concerné 21 sites ; 11 en Afrique, 7 en Europe et 3 aux Etats-Unis. Il est ressorti alors de la présentation du Dr Tinto que le RTS,S a été testé sur 15 459 nourrissons sur les 11 sites d’Afrique (regroupant 7 pays) dont 1281 au Burkina Faso. Les enfants de 5 à 17 mois étaient 600 et ceux de 6 à 12 semaines, 681. L’objectif assigné était de sortir un vaccin capable de protéger à 50% sur une période d’un an.
«Une véritable révolution»
Un objectif donc dépassé puisque RTS,S a une capacité protectrice de 55,8% chez les enfants de 5 à 17 mois. Une véritable révolution selon le ministre de la santé, Dr Smaïla Ouédraogo. Il pense que ce vaccin viendra soulager plusieurs familles. Si au Burkina Faso, 60% des consultations en pédiatrie sont liées au paludisme, un vaccin efficace pourrait réduire le nombre à 1/3, a renchéri Dr Tinto. Il a ajouté que grâce à ce vaccin déjà, durant l’étude, plus de 4000 cas de paludisme ont été évités au Burkina Faso par tranche de 1000 enfants de 5 à 17 mois.
Dr Halidou Tinto a confié que l’autre défi est d’arriver à développer d’ici à 2025, la licence d’un vaccin offrant une protection efficace contre le paludisme clinique de plus de 80% avec une durée de 4 ans.
Pour le ministre en charge de la recherche scientifique, Pr Filiga Michel Sawadogo, ces conclusions viennent une fois de plus prouver le dynamisme des chercheurs burkinabè.
Toutefois, l’Organisation mondiale de la santé a fait quelques précisions. Selon elle, le RTS,S n’étant que partiellement efficace, il sera utile de rechercher le paludisme chez tout patient vacciné présentant une fièvre et de traiter tous ceux qui auront un diagnostic confirmant le paludisme avec des médicaments antipaludiques efficaces et de qualité.
L’OMS estime que le vaccin RTS,S est proposé comme un outil devant compléter l’ensemble des mesures de prévention, de diagnostic et de traitement qu’elle recommande et il sera utilisé en association avec les interventions actuelles.
Parmi les autres outils, on citera les moustiquaires à imprégnation durable, les pulvérisations d’insecticide sur les murs à l’intérieur des habitations, le traitement préventif pour les nourrissons et pendant la grossesse, les tests de diagnostic rapide et le traitement des cas confirmés au moyen de médicaments antipaludiques efficaces.
Gaspard BAYALA