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© Autre presse par DR
M.Albert Ouédraogo , ministre des Droits humains et de la promotion civique, |
«La figure de la Wemba ou le sens de la grâce royale chez les Mossés », tel est l’intitulé de la conférence publique initiée par la CODER (Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale) et principalement animée par Pr Albert Ouédraogo dans l’après-midi du 22 décembre 2016 à l’espace Jean-Pierre-Guingané. Foi du conférencier du jour, les Burkinabè pourraient bien s’inspirer de la tradition, notamment de l’usage éprouvé de la Wemba, pour aboutir au vrai pardon et, même, à la réconciliation nationale.
Wemba … Ce mot a connu des fortunes diverses, pour ne pas dire qu’il a même été galvaudé. Dans certaines contrées, la Wemba, c’est cette dame qui a demandé la permission à son mari pour rendre visite à ses parents, avec tous les risques que comporte le retour de la femme chez les siens, surtout pour son mari appréhendant certainement que sa douce moitié n’y retrouve ses anciennes amours.
Dans d’autres régions du Burkina, notamment dans le Nord et au Centre-Nord, la Wemba a un statut encore plus infamant, considérée qu’elle est comme une femme d’âge mûre, sans mari, qui n’a pas froid aux yeux et aux mœurs légères. Et pourtant, la Wemba dépeinte par le professeur Albert Ouédraogo est très loin de ce profil.
Au bon vieux temps de la royauté, la Wemba, c’est plutôt cette grande dame chargée par la communauté d’intercéder auprès du roi pour demander la grâce en faveur d’un condamné.
Et cette espèce rare, qui a l’audace de parler au roi sans risque de perdre sa tête, habite un village ou un quartier bien défini, qui s’appelle Wemtenga. Pour la petite histoire, le fuyard qui arrivait à mettre le pied dans la cour du Wemtenga Naba (le chef de Wemtenga) estimait qu’il était sauvé puisque, selon la tradition, personne n’a le droit de l’en déloger.
A écouter le conférencier du jour, le pouvoir de la Wemba pourrait être remis au goût du jour et utilisé pour régler bien des situations, notamment quand la paix, le pardon et la réconciliation nationale se font désirer.
A l’image des tribunaux sud-africains ou des Gacacas au Rwanda, Albert Ouédraogo reste convaincu qu’il est possible de faire appel aux pratiques traditionnelles pour régler de sérieux conflits. « La justice moderne est d’essence purement occidentale. Elle semble loin de nos réalités. On gagnerait à rapprocher les deux justices pour plus d’efficience. La justice occidentale tranche, mais ne se préoccupe pas du pardon».
Mais comment mettre concrètement la sympathique figure de la Wemba à contribution ? Le débat reste visiblement ouvert, l’objectif de la conférence étant de soulever la réflexion.
Du reste, la CODER ne se limitera pas à l’usage de la Wemba. Ablassé Ouédraogo qui en est le président a en effet promis que la coalition ferait une tournée dans les 12 autres régions du Burkina afin de voir comment chaque localité réglait ses problèmes de justice, de pardon et de réconciliation nationale.
Issa K. Barry
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