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Affaire écoutes téléphoniques Bassolé/Soro : «Le rapport de l’expert allemand est loin d’arranger l’accusation»
Publié le mercredi 21 decembre 2016  |  L`Observateur Paalga
Djibril
© Autre presse par DR
Djibril Bassolé et Guillaume Soro




Dans cette tribune, un citoyen, Lassina Ko en l’occurrence, donne son analyse de l’évolution de l’affaire dite des écoutes téléphoniques entre Bassolé et Soro, notamment sur les résultats de l’étude de l’expert allemand chargé d’authentifier l’enregistrement sonore. A l’en croire, les conclusions du spécialiste germanique corroborent la position des avocats de la défense.

Est-il nécessaire que l’on fasse un récit sur le dossier du Général de brigade Djibrill Bassolé, arrêté pour son implication présumée dans le coup d’Etat du 15 septembre 2015, laquelle est basée sur de présumées écoutes téléphoniques ? Assurément non !

Mais jusque-là la nature de ces écoutes reste sujette à débat dans le dossier. A ce titre, le juge d’instruction a saisi un expert allemand pour qu’il expertise les bandes sonores en question. Ce dernier a rendu son rapport le 14 décembre dernier. Il nous revient que le rapport de l’expert allemand Kunzel au sujet de l’authentification de ces bandes sonores prises comme des écoutes conclut qu’au plan acoustique, les éléments sonores n’ont pas forcément été truqués, selon les méthodes d’analyse auxquelles il a fait recours. Ce dernier aurait demandé qu’on lui indique les points qui sont des trucages ou des montages afin qu’il puisse se prononcer. Le juge d’instruction a alors accordé 10 jours aux parties pour d’éventuels contestations ou amendements.

Sans doute que les avocats de la défense s’attelleront à éclaircir ces points dans les 10 jours que le juge d’instruction leur a impartis pour exercer le droit de recours. Et ce, grâce à l’expertise que ces derniers avaient fait réaliser par l’expert français Norbert Pheulpin, qui avait produit son rapport avec les détails concernant un certain nombre d’aspects qui lui avaient permis de conclure que les éléments sonores étaient un grossier montage. D’ailleurs, je crois que les conclusions de ce rapport pourront être aussi utilisées pour faciliter l’hypothèse d’une contre-expertise ou d’analyses complémentaires.

Mais avant tout, il faut noter qu’une mention très importante a été faite par l’expert allemand dans son rapport. En effet, il ressort que l’élément sonore que le juge d’instruction militaire a transmis à l’expert allemand a une fréquence qui ne correspond pas au standard téléphonique international pour mobiles GSM. En clair, l’expert précise que la gamme de fréquence de cet élément sonore correspond plutôt à la fréquence d’une transmission via internet. En outre il dit ignorer tout des conditions dans lesquelles l’enregistrement a été effectué. En effet, l’expert déclare qu’il ignore si l’élément sonore est le résultat de l’interception d’un appel téléphonique ou le travail d’un esprit malin dans un studio.

Une situation qui conforte les avocats de la défense dans leur position ; eux qui ont toujours clamé l’illégalité et les origines douteuses de cet élément sonore présenté comme écoute téléphonique. On peut donc comprendre que le rapport de l’expert allemand prouve techniquement que l’enregistrement que le juge d’instruction militaire lui a envoyé n’est pas l’original d’une interception téléphonique classique et que sa bande fréquence indique que la copie (détenue sous scellés par le juge depuis plus d’une année) provient d’Internet.

Dès lors, la grande interrogation sur l’origine et la légalité de ces écoutes aujourd’hui est : qui est l’auteur de cet élément sonore pris comme enregistrement d’une écoute téléphonique et qui effectivement, comme l’indique l’expert, a été publié sur le net via les réseaux sociaux et les médias depuis le 12 novembre 2015 ?

Ainsi, même si l’on se cache derrière l’hypothèse selon laquelle, techniquement, il n’est pas impossible que l’enregistrement en question provienne initialement d’une véritable conversation téléphonique, compte tenu du fait que l’expert n’a pu conclure à sa nature exacte, le seul moyen de résolution du conflit sur ces éléments sonores à l’étape actuelle reste la voie juridique à mon sens. Dès lors des interrogations se posent à nous : quelle est la fiabilité d’un enregistrement dont l’unique source connue est le net et dont on ignore la présence d’un original ? Peut-il être utilisé comme élément de preuve dans un procès, surtout quand on sait qu’avec les nouvelles techniques de communication toutes les manipulations sont possibles ?

Il nous revient dans le même temps, de sources proches du dossier, que l’expert a abandonné la comparaison de voix. On pourrait en déduire que le tribunal militaire ne voulait plus ramener Soro Guillaume dans le dossier à travers ce procédé d’authentification. En tout cas, selon les mêmes sources, la défense du Général Bassolé affirme que son client n’a pas été sollicité pour un prélèvement de voix et n’a jamais refusé de coopérer avec la justice contrairement à ce qui avait été propagé dans la presse. Au vu de tous ces éléments d’information, on constate que le rapport de l’expert allemand est loin d’arranger les choses pour l’accusation, ce d’autant plus que ledit rapport saisi par l’accusation elle-même n’est pas différent de celui de l’expert saisi par la défense.

Pheulpin de la défense dit ceci de la bande : « Celle-ci ne peut être présentée comme étant l’enregistrement intègre d’une interception téléphonique classique. »

Kûnzel de l’accusation dit : « L’enregistrement en question va de 100 Hz à 3700 Hz, surpassant donc nettement le standard téléphonique international pour mobiles GSM (250 Hz à 3200 Hz). »

Par deux procédés différents, les deux experts démontrent que les éléments sonores en question ne sont pas des écoutes téléphoniques authentiques en affirmant, preuves techniques à l’appui, qu’il ne s’agit pas du résultat d’une interception téléphonique classique.

L’on sait que l’enregistrement détenu par le juge n’est pas l’original et pas non plus le résultat de l’interception d’une écoute téléphonique normale. En plus, aucune clarification n’a pu être obtenue quant à l’origine de cet enregistrement. Il est donc clair qu’il y a un doute sur l’élément fondamental justifiant la rétention du Général de brigade Djibrill Bassolé. Dans ces conditions, le doute profitant à l’accusé et à sa défense, le Général doit être mis en liberté.

Concernant le débat qui a fait rage dans les médias au sujet des communiqués sur l’accusation et la défense de M. Bassolé, il serait préférable, à notre avis, de publier purement et simplement le rapport de l’expert allemand. Car vous conviendrez avec moi qu’il n’y a pas de secret à cacher dans cette affaire d’écoute, d’autant plus que l’enregistrement lui-même a été pris en public et continue d’exister sur le net alors qu’il était censé être détenu sous scellés, donc secrètement, par le juge d’instruction. D’ailleurs, qu’on ne me parle surtout pas de secret de l’instruction, car il y a bien longtemps que ce secret, s’il existe, a été violé par Théophile Kouamouo, qui a mis ces fameux enregistrements sur la place publique.

Je termine en partageant avec vous cette pensée de Montesquieu : «Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous.»



Lassina Ko
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