L’Association for Information and Image Management (AIIM), communauté mondiale des professionnels de l'information - a désigné le 25 octobre de chaque année comme Journée mondiale sans papier encore appelée World Paper Free Day. Dans cette perspective, la Commission de l’Union Africaine a pris une note verbale en 2009 qui exhorte les Etats membres à organiser des activités spéciales pour célébrer la Journée africaine sans papier dans le cadre de la Semaine africaine des TIC fixée en décembre de chaque année. Aussi, le Burkina Faso a-t-il intégré cette manifestation dans la célébration annuelle de la Semaine nationale de l’Internet et des TIC (SNI), depuis 2009.
A cet effet, mon département, avec l’ensemble de ses partenaires, célèbre ce jour 21 décembre 2016 la Journée burkinabè sans papier autour du thème : «la presse à l’ère du numérique». Loin d’être une journée contre le papier, il s’agit plutôt d’une halte pour mener la réflexion sur la nécessité de promouvoir l’utilisation des moyens numériques et la réduction des moyens papiers dans la recherche, le traitement et la diffusion de l’information.
L’avènement du numérique avec notamment l’apparition des médias en ligne accessibles via internet a, sans doute, bouleversé la presse « papier » traditionnelle au regard de la concurrence et des nécessaires efforts d’adaptation.
Quels sont conséquences du passage au numérique pour la presse ? Les journaux en ligne doivent-ils être payants ? Quels changements sont à attendre dans les habitudes des lecteurs ? Quelle stratégie développée pour assurer la survie du journal papier ?
Ce sont autant de questionnements que se proposent de répondre notre département en invitant cette année l’ensemble des acteurs de l’écosystème des médias et de technologies de l’information et de la communication à la célébration de la journée sans papier autour du thème « la presse à l’ère du numérique ».
D’ores et déjà, au niveau du Ministère du Développement de l’Economie numérique et des Postes nous militons pour une alternative mixte. C’est-à-dire une solution qui serait alors de présenter du moitié gratuit, moitié payant. Comme le font certaines publications de par le monde. Elles offrent, en effet, une partie de ses articles gratuitement, mais pour creuser le sujet ou bien accéder à des articles plus anciens, il faut disposer de l’abonnement. Cette solution du partiellement gratuit, partiellement payant évite ainsi de prendre le trop gros risque du tout-payant, qui pourrait entraîner une baisse du nombre de lecteurs. En outre, cette solution participe un tant soit peu à la préservation de notre environnement qui s’essouffle déjà.
L’utilisation du papier en croissance exponentielle !
D’après les spécialistes, les coûts financiers et environnementaux de l’utilisation du papier sont encore trop importants. Un individu utilise en moyenne entre dix-sept (17) et vingt (20) rames de papier par an. Près d’un milliard de photocopies sont réalisées chaque jour au sein d’un même pays et un travailleur utilise en moyenne cinquante (50) feuilles de papier par jour soit une consommation de dix mille (10000) feuilles par an pour un équivalent en poids de quarante-cinq kilogrammes (45kg). Selon des statistiques disponibles à travers le monde, la France utilise environ dix-neuf millions (19 000 000) de tonnes de papiers par an, les Etats-Unis d’Amérique dépensent en moyenne quatre milliards de dollars US chaque année pour seulement du papier.
Au Burkina Faso, les statistiques ne sont pas encore disponibles mais au moins une chose est sûre, le papier est beaucoup utilisé dans le cadre du fonctionnement de l’administration publique et privée. Préparation et compte rendu de réunions, note d’information ascendante et descendante dans l’administration burkinabè… tous nécessitent du papier, énormément de papier. Très souvent, des cartons contenant des documents administratifs précieux encombrent les allées de certains locaux et autres centres administratifs. La presse n’est pas en reste. Les différents quotidiens de notre pays utilisent beaucoup de papier par jour de parution.
Ainsi, ce sont des hectares de forêts qui sont dévastées chaque jour pour obtenir la pâte à papier à partir de fibres contenus dans le bois. Sachant qu’un arbre permet la production de huit mille (8 000) à dix mille (10 000) feuilles de papier, ces chiffres paraissent exorbitants. Et cela ne concerne pas uniquement nos ressources en arbres mais également celles en eau. En effet, la production d’une seule feuille de papier peut nécessiter jusqu’à quarante centilitres (40cl) d’eau, ce qui devient énorme à grande échelle.
Au plan financier, l’achat du papier, les impressions, les photocopies, les reproductions pèsent énormément sur le budget de l’Etat et des entreprises de presse.
Le numérique, une alternative sérieuse !
Sans être une panacée aux problèmes environnementaux et financiers de l’utilisation du papier, le numérique présente néanmoins des atouts qui pourraient préserver notre environnement et permettre à la presse d’assurer sa survie. De nos jours, les supports numériques - de la clé USB au cloud en passant par les Datacenter - permettent de stocker d’importantes quantités d’informations, de les mettre à la disposition de tous, à tout moment. Et pour que la presse puisse vivre (ou survivre) il faut donc qu’elle puisse s’approprier le numérique afin de diversifier ses canaux de publication pour mieux atteindre les lecteurs de la nouvelle génération qui ont les yeux rivés sur les tablettes, les smartphones et autres ordinateurs. Si nous nous comparons avec les occidentaux, les Américains par exemple s’informent d’ores et déjà plus grâce aux ressources en ligne que par la presse papier ou traditionnelle.
Aussi, la Journée Burkinabè sans papier nous donne l’occasion de prendre des bonnes résolutions et d’encourager notre entourage à repenser l’utilisation du papier de manière plus intelligente. Consommons moins de papier chaque jour en n’imprimant les documents que si cela est nécessaire, en exploitant au maximum les procédures administratives dématérialisées. Car, réduire la consommation de papier de seulement dix pour cent (10%) permettra une réduction de la consommation de CO2 à hauteur de 1,6 million tonnes dans le monde.
Alors faisons du numérique, un outil essentiel dans la gestion quotidienne de nos organisations et un moyen de lutte pour la préservation de l’environnement.
Excellente célébration à toutes et à tous !!!
Je vous remercie.
La ministre
Aminata SANA/ CONGO